Un incendie interminable au centre de tri de Saint-Chamas
L’entreprise Recyclage Concept 13, spécialisée dans le tri de déchets industriels, située à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône), est le théâtre d’un incendie depuis le 26 décembre 2021 qui engendre une pollution de l’air inquiétante. A ce jour, les pompiers sont toujours sur place.
Une ICPE mise en demeure de régulariser sa situation
Saint-Chamas, une petite bourgade de 8 600 habitants située au bord de l’étang de Berre dans les Bouches-du-Rhône, compte sur son territoire l’entreprise Recyclage Concept 13. Spécialisée dans le stockage et le tri de déchets industriels, elle a repris en janvier 2021 une activité de même type déjà existante, ICPE de la rubrique 2714 soumise à déclaration, pour l’exploitation d’un volume inférieur à 1000 m³ de déchets.
Cependant, le 3 septembre 2021, l’Inspection des installations classées constate un volume de déchets supérieur à 1500 m³. Dès lors, l’activité relève du régime de l’enregistrement. La société est alors mise en demeure de régulariser sa situation. Elle doit notamment réduire son volume de déchets à un niveau inférieur à 1000 m³ avant le 31 décembre 2021.
La ville de Saint-Chamas au bord de l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône).
L’incendie du centre de tri
Au lendemain de Noël, le dimanche 26 décembre 2021 dans la matinée, un incendie se déclare dans le centre de tri. Près de soixante pompiers du Sdis13 interviennent avec 35 engins. Ils tentent d’éteindre le feu qui a pris dans un entrepôt de 3 200 m² rempli de déchets. Mais très vite, ils comprennent que l’extinction va être longue. Ils relèvent notamment qu’ils ne sont pas en présence de 1000 m³ de déchets mais plutôt 30 000 m³ ! Ceux-ci sont amassés sur 10 mètres de haut, dans un bâtiment fermé. Des déchets non dangereux que l’exploitant stockait, triait puis revendait.
Des odeurs incommodantes se répandent
Au plus fort de l’incendie, la pollution de l’air atteint 800 μg de particules fines par mètre cube d’air. Ce niveau est comparable à celui que connaît Pékin lors des pics de pollution… La valeur d’exposition au particules fines recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur 24 heures est de 15 μg/m³.
La préfecture diligente des mesures de l’air. Et, le 28 décembre, elle recommande à la population de réduire les activités physiques, voire les sorties pour les personnes vulnérables. Le maire de Saint-Chamas interdit également les récréations dans les écoles pour la rentrée de janvier.
Un bassin de rétention construit en toute hâte
Les sapeurs-pompiers du Sdis13 poursuivent leurs efforts. Ils arrosent massivement les montagnes de déchets afin de réduire au maximum les émissions de fumées et de ramener l’incendie à un feu couvant.
Un bassin de rétention des eaux d’extinction est réalisé dans l’urgence puisque l’exploitant n’avait pas mis en place ces mesures de prévention. Il faut limiter toute pollution des nappes phréatiques et de l’étang de Berre tout proche. Ces travaux sont terminés dans la nuit du 30 au 31 décembre grâce à la mobilisation des services de l’Etat et des collectivités locales.
Surveillance de l’air
AtmoSud, association de surveillance de l’air, poursuit ses mesures. La préfecture indique le 3 janvier 2022 que « les valeurs relevées sont redescendues en dessous du seuil d’information depuis le 1er janvier ». Mais elle maintient ses recommandations d’éviter les activités de plein air à proximité de l’incendie et en cas de fortes odeurs.
Destruction de l’entrepôt
Sur le front de l’incendie, les pompiers ont maintenant affaire à des feux couvants. Et ceux-ci continuent de produire des fumées importantes. Aussi, la solution est prise le 5 janvier de détruire le bâtiment afin de permettre d’extraire les déchets et de pouvoir éteindre définitivement les feux. C’est l’entreprise Recyclage Concept 13 elle-même qui doit procéder à cette démolition.
Le 12 janvier, un grande partie de l’entrepôt est détruit.
Et le 13 janvier, les pompiers peuvent amorcer les opérations de noyage des déchets. Ceux-ci sont d’abord étalés avec des pelleteuses puis noyés et enfin stockés dans une zone inerte. Ce long travail devrait se terminer ces jours-ci. Selon nos informations, trois canons à eau sont utilisés pour cette opération, soit 6 000 litres d’eau par minute. Heureusement, l’étang de Berre n’est pas loin !
Le coût de l’ensemble de ces opérations est estimé à 1,2 million d’euros.
Une situation sanitaire non encore stabilisée
Selon un communiqué du 12 janvier de la préfecture, « aucune nappe phréatique approvisionnant le réseau d’eau potable, ou des puits autorisés, n’est concernée par l’incident ». Il note également que la situation sanitaire est toujours suivie par l’ARS et Atmosud et qu’elle est « pour l’heure stabilisée ».
Cependant, Atmosud indique ce 20 janvier sur son site internet que « les niveaux ont à nouveau augmenté à Saint-Chamas les 18 et 19 janvier avec la disparition du Mistral ». L’association précise : « Au cours de la journée du mercredi 19/01, les niveaux sont restés importants avec plusieurs mesures horaires de particules fines PM10 dépassant les 100 µg/m³ ».
Martine Porez – Journaliste
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