Trappes haute sécurité : une sécurisation essentielle
Sans forcément attirer l’attention visuellement, les trappes haute sécurité sont pourtant omniprésentes. Elles occupent un rôle important, pour ne pas dire capital, afin de garantir la sécurité dans certains secteurs d’activité clés.
Un produit utilisé dans des secteurs d’activité stratégiques
Les trappes haute sécurité sont notamment utilisées au sein des secteurs d’activité tels que l’alimentation, l’énergie, la télécommunication, les transports ou encore la gestion des eaux ou de l’assainissement, afin d’empêcher les intrusions et les actes malveillants.
Des opérateurs d’importance vitale (OIV) équipent une partie des accès à leurs réseaux ou à leurs galeries avec des trappes haute sécurité disposant en France d’une validation anti-intrusion par CNPP.
Quels actes malveillants empêcher ?
Les risques d’actes malveillants varient en fonction des secteurs d’activité. Dans le cas d’une trappe haute sécurité installée sur un réseau de télécommunication, l’objectif sera par exemple d’empêcher une intrusion visant à interrompre le service de téléphonie.
Si une trappe est installée sur un réseau d’eau potable, l’objectif est alors d’empêcher une intrusion visant à une contamination de l’eau destinée à la population.
Sur un réseau de transports tel que les voies ferroviaires, une intrusion sur une trappe pourrait avoir comme conséquence de dérégler l’aiguillage des trains avec d’éventuels risques de collision.
Une trappe à haute sécurité installée en milieu urbain pour un acteur de l’énergie. © EJ
Des validations par CNPP en France
En France, en fonction de certains critères des normes EN 1627 à EN 1630 (répertoriant la résistance des produits à l’effraction), les trappes ayant obtenu une validation par le laboratoire d’essais de CNPP se voient associer une classe de résistance : de la moins résistante (CR1) à la plus résistante (CR6). À chacune de ces classes est associée une durée de résistance à l’effraction du produit.
« Les temps de résistance en laboratoire (…) ne tiennent pas compte du contexte d’un cambriolage réel (le bruit en particulier) qui retardera inévitablement l’effraction. »
Toutefois « les temps indiqués (5, 10, 15 minutes) sont des temps de résistance en laboratoire, où les tests sont intensifs. Ils ne tiennent pas compte du contexte d’un cambriolage réel (le bruit en particulier) qui retardera inévitablement l’effraction », rappelle-t-on du côté de CNPP, dont les premiers essais laboratoires en France remontent à plusieurs années sur des modèles de trappes anti-intrusion destinés à la protection des eaux ou pour des chambres de réseaux secs.
Des différences de conception selon les trappes
La capacité de résistance à l’intrusion des trappes varie inéluctablement en fonction des risques dont il faut se prémunir, mais également de l’importance de ce qu’il faut protéger. Des trappes haute sécurité disposant d’une validation anti-intrusion peuvent par exemple s’avérer incontournables dans certains cas de figure.
« Sur un réseau d’eau potable, les trappes anti-intrusion validées CR3 ou CR4 visent à éviter une pollution malveillante de l’eau. »
Bastien Clouet, ingénieur technico-commercial SAS chez Huber Technology France.
« Sur un réseau d’eau potable, les trappes anti-intrusion validées CR3 ou CR4 [visent à] éviter une pollution malveillante de l’eau » confie Bastien Clouet, ingénieur technico-commercial SAS chez Huber Technology France, fabricant de trappes haute sécurité certifiées par VdS en Allemagne.
Notre interlocuteur de chez Huber Technology – entreprise qui a la particularité de concevoir l’ensemble de ses produits en inox – explique par ailleurs qu’il existe des différences de conception, comme l’épaisseur du capot par exemple, entre une trappe issue d’une gamme certifiée en Allemagne et une trappe issue d’une gamme non-certifiée outre-Rhin.
Autre différence au niveau de la conception des produits, dans certains domaines d’activité tels que le secteur de l’eau, des recommandations sont faites afin que les trappes installées sur les réseaux d’eau disposent d’un double capot.
Autrement dit, en cas d’effraction réussie sur le premier capot, l’individu souhaitant réaliser un acte malveillant se voit confronter à un deuxième capot. Il est par conséquent de nouveau ralenti dans sa volonté de nuire. Ce double capot permet alors de gagner un temps qui peut s’avérer précieux pour favoriser l’arrivée et l’intervention des forces de sécurité.
Une trappe à haute sécurité double capot visant à la sécurisation des accès aux captages et réservoirs d’eau potable. © EJ
Des trappes haute sécurité connectées
Après quatre ans de conception, le fabricant EJ a lancé en 2020 une gamme de trappes haute sécurité connectées. Outre le fait que ces trappes anti-intrusion disposent d’une validation CNPP CR4 en France (soit une résistance mécanique à l’effraction de classe 4) et d’une certification LPCB SR4 de BRE Global au Royaume-Uni, elles sont également équipées de capteurs permettant de signaler plusieurs événements. Une alerte remonte ainsi à un téléopérateur en cas d’ouverture de la trappe, de variation anormale de température de la trappe ou de vibrations sur la trappe.
Responsable marché sécurisation réseaux sensibles chez EJ, Sébastien Carré précise qu’il a fallu « quatre ans de recherche » pour finaliser un produit connecté qui permet « des remontées d’informations fiables et d’éviter les faux positifs ».
« Avec les trappes connectées, il y a la possibilité d’autoriser un accès à distance pour une intervention et d’obtenir une traçabilité des accès. »
Sébastien Carré, responsable marché sécurisation réseaux sensibles chez EJ.
Outre la détection précoce de tentatives d’intrusion, ce qui permet une intervention sur place plus rapide pour une levée de doute, les trappes connectées de EJ ont d’autres avantages.
« Il y a la possibilité d’autoriser un accès à distance pour une intervention et d’obtenir une traçabilité des accès lorsqu’un cadenas connecté est utilisé pour verrouiller la trappe », conclut l’intéressé à ce sujet.
Garantir la sécurité des eaux de consommation
Concernant la sécurité des eaux, notons enfin que les acteurs de la production ou de la distribution d’eau auront prochainement à charge de produire des Plans de gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE), dont la finalité est de « garantir en permanence la sécurité sanitaire de l’approvisionnement en eau destinée à la consommation humaine (EDCH) », rappelle le ministère de la Santé sur son site internet.
Ces plans devront par ailleurs être mis en œuvre « au plus tard en juillet 2027 ou janvier 2029 selon le périmètre couvert ». Des mesures qui renforcent ainsi l’intérêt porté sur le choix des trappes haute sécurité à installer sur les réseaux.
Reste désormais à savoir si, d’ici le mois de juillet 2027, les acteurs de cette filière en France s’orienteront vers des trappes haute sécurité disposant d’une validation par CNPP, ou sur une gamme de produits qui, en plus de cette validation, seront également connectés.
Article extrait du n° 604 de Face au Risque : « Notre-Dame : la sécurité incendie renforcée » (novembre-décembre 2024).
Eitel Mabouong – Journaliste
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