Cepi : 30 ans de prévention du risque incendie

30 septembre 20248 min

Le Centre d’étude pour la prévention de l’incendie (Cepi) a fêté, le 6 juin 2024, ses 30 ans d’existence. Sa nouvelle présidente, Catherine Orange, nous présente cette association normande dont l’objectif est de promouvoir la prévention et la lutte contre l’incendie dans l’industrie.

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Pouvez-vous nous présenter le Cepi, ses membres,
ses missions ?

Catherine Orange. L’association a été fondée par l’Union des industries chimiques de Normandie (aujourd’hui France Chimie Normandie) et l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Rouen Dieppe en 1994, à l’initiative de sept responsables HSE d’industries normandes, pour sensibiliser et aider les industriels à faire de la prévention incendie. C’est un réseau d’adhérents industriels et prestataires, accompagnés de partenaires institutionnels comme les Sdis, la Carsat, la Dreal, la préfecture… Ce réseau a pour mission de favoriser le conseil, la formation, l’assistance, l’information et les échanges pour les entreprises et spécialistes de l’incendie. Le Cepi compte aujourd’hui 41 adhérents, principalement des secteurs de la chimie, la pétrochimie, la pharmaceutique et la métallurgie, de la PME/PMI aux grands sites Seveso de la région.

« Une source d’information technique de qualité, des retours d’expériences d’industriels (…). C’est là toute la force du Cepi. »

Catherine Orange, présidente du Cepi.

Catherine Orange, présidente du Cepi © Cepi

Comment le Cepi a-t-il évolué en 30 ans ?

C. O. Dès le départ, le Cepi a entretenu des liens étroits avec le Sdis76 et la Cram (aujourd’hui Carsat). Avec un objectif commun, sensibiliser les industriels à la prévention du risque incendie. Cette collaboration a commencé par la mise en place de réunions d’information thématiques communes. Puis un travail de fond a été mené avec le Sdis76, autour du plan d’opération interne (POI), pour acquérir un langage commun pompiers/industriels et faciliter l’intervention.

Ces liens se sont renforcés au fil des ans, et étendus à la Dreal Normandie, à la préfecture de Seine-Maritime, aux Sdis27 et 14, à la Gendarmerie nationale, surtout dans les années 2020, notamment autour de la cybersécurité, de la sécurité industrielle, des drones.

L’année 2013 a marqué l’arrivée des adhérents prestataires, sélectionnés sur dossier par le conseil d’administration du Cepi. Il s’agit de prestataires avec qui on travaille depuis longtemps et en qui on a toute confiance. C’est ça aussi adhérer au Cepi : trouver un réseau de prestataires de confiance (bureaux d’études, organismes de formation, experts assurance, fabricants et installateurs de solutions incendie et sûreté).

Journée annuelle © Cepi

« Nous avons une réunion d’information par semestre, sur une demi-journée, et une journée annuelle avec des démonstrations et la présence de nos partenaires prestataires. » © Cepi

Comment animez-vous ce réseau de professionnels ?

C. O. Nous avons une réunion d’information par semestre, sur une demi-journée, et une journée annuelle avec des démonstrations et la présence de nos partenaires prestataires. Nous envoyons également une lettre d’information trimestrielle à nos adhérents, avec les actualités en lien avec la prévention incendie, de nombreux retours d’expérience sur des sinistres qui se sont passés sur la période, des rappels réglementaires

Nous pouvons venir aussi en appui auprès d’un industriel à la demande de France Chimie ou de l’UIMM. J’ai en mémoire cet industriel qui, à la suite d’une visite de la Dreal, avait des problématiques de protection incendie. France Chimie nous a mis en relation et nous lui avons apporté notre soutien et notre expertise pour gérer ce dossier. Nous l’avons mis en relation avec nos partenaires prestataires.

Il arrive aussi qu’un industriel veuille savoir ce qui se fait chez les autres dans tel domaine, veuille connaître les bonnes pratiques dans la profession, nous servons alors de relais pour faire passer la demande aux adhérents.

Pouvez-vous être sollicités en cas d’incendie chez l’un de vos adhérents ?

C. O. Oui bien sûr. Cela a par exemple été le cas lors de l’incendie de Rouen en septembre 2019. Le Cepi a été sollicité par France Chimie pour réaliser une revue de presse (gestion à chaud des informations dans la presse…) et faire le lien avec un prestataire recherché par l’industriel. L’ancien président, Jean-Luc Lainé, avait été fortement impliqué. Il remontait les infos de manière hebdomadaire à France Chimie.

Comment choisissez-vous les thèmes de vos réunions d’information ? Quelles sont les préoccupations de vos adhérents ?

C. O. Ce sont les retours et problématiques des industriels collectés et remontés par France Chimie Normandie et l’UIMM qui permettent au conseil d’administration du Cepi d’établir la feuille de route pour coller aux préoccupations et besoins des industriels. Au fil des ans, nous avons ainsi traité de nombreux sujets : la communication de crise, la sûreté des sites industriels, la formation en sécurité incendie, la sécurité incendie et la démarche environnementale, l’évolution des plans d’urgence, les EPI lors des interventions, les effets domino, les installations d’extinction fixes… Les sujets traités peuvent aussi être liés à l’actualité réglementaire, je pense par exemple à la réglementation post-Lubrizol, ou être proposés par le Sdis pour faire évoluer dans le bon sens la profession.

Catherine Orange, présidente du Cepi © Cepi

« Nous avons aussi beaucoup de remontées des industriels et des pompiers sur la problématique des batteries lithium-ion. »

Catherine Orange, présidente du Cepi.

Sur le premier semestre 2024, notre réunion d’information était consacrée aux drones, avec les risques et opportunités, et notre journée annuelle le 6 juin aux innovations technologiques. La prochaine réunion, qui aura lieu le 14 novembre 2024, portera sur les risques liés aux panneaux photovoltaïques, problématique remontée par plusieurs professionnels suite à l’évolution de la réglementation. Nous avons aussi beaucoup de remontées des industriels et des pompiers sur la problématique des batteries lithium-ion. Le sujet sera à l’ordre du jour en 2025.

Vous êtes présidente depuis le 6 juin 2024. Quel a été votre parcours au sein du Cepi ?

C. O. J’ai découvert le Cepi en tant qu’industriel. Je suis responsable QHSE et responsable technique à Innospec à Saint-Marcel (Eure). Nous fabriquons des additifs pour les carburants et sommes Seveso seuil bas. Nous étions une ICPE soumise à déclaration et, quand nous sommes passés Seveso seuil bas en 2013, nous avons eu besoin d’un accompagnement pour répondre à tout ce que nous demandait la Dreal concernant la protection incendie. Nous avons demandé de l’aide à France Chimie, qui nous a orientés vers le Cepi. Le président de l’époque, Jean-Luc Lainé, était venu sur site pour visiter nos locaux et nous donner des pistes d’amélioration, il nous avait mis en lien avec des prestataires. J’ai ensuite rejoint le conseil d’administration du Cepi en 2015, suis devenue secrétaire de l’association en 2020 puis vice-présidente en 2023.

La prévention des risques fait partie de mon quotidien et c’est tout naturellement que j’ai rejoint le Cepi. Les thèmes abordés lors des réunions représentent une source d’information technique de qualité. Ils s’appuient sur des retours d’expériences d’industriels, permettent d’avoir des cas concrets et pas seulement théoriques. C’est là toute la force du Cepi.

Quels sont vos projets pour les années à venir ?

C. O. Redynamiser la communication déjà ; nous travaillons sur une nouvelle identité avec l’aide de France Chimie. Et moderniser notre site internet. J’aimerais un espace dédié pour nos adhérents avec les informations techniques sur la sécurité incendie, les lettres trimestrielles… et un moteur de recherche par mots-clés. Cela demande un travail important de référencement, qu’on lancera en 2025. Je pense aussi à un compte LinkedIn pour promouvoir un peu plus les activités du Cepi et nous allons proposer un mix présentiel/ distanciel pour nos réunions d’information semestrielles. Le but étant qu’un maximum de personnes soit informé.

Nous allons par ailleurs continuer notre veille réglementaire et technologique pour répondre au mieux aux préoccupations des industriels. Et également continuer à promouvoir les actions menées par France Chimie et l’UIMM, avec par exemple les actions Seli (pour « sécurité logistique industrielle », lancée pour répondre aux obligations réglementaires post-incendie de Rouen) et Cyber résilience industrielle. Nous participons également au Club innovant du Sdis76 depuis 2023 pour améliorer la prévention et l’intervention incendie.

En reprenant la présidence du Cepi, j’espère pouvoir contribuer à ce que l’association puisse encore souffler de nombreuses bougies.

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Gaëlle Carcaly – Journaliste

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