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Feu de tout bois à Montfermeil
À Montfermeil (Seine-Saint-Denis), une vaste maternelle en fin de chantier a été gravement endommagée par le feu et devra être détruite. Ce bâtiment était construit en bois…
Établissement en construction
C’est vers 18 h le 15 avril 2023 que les secours sont alertés pour un incendie éclatant au cœur du chantier de construction d’un établissement scolaire de Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Nous sommes samedi, le chantier est inoccupé, mais des enfants sortant du site sont aperçus par les témoins peu avant le début de l’incendie…
La violence rapidement prise par le feu dans cet environnement propice entraîne une demande de renforts dès 18 h 05.
Explosions
À l’arrivée du premier engin de secours, une centaine de mètres de façades est totalement embrasée !
L’ensemble du bâtiment est en feu et des explosions de bouteilles de gaz, libérant d’imposantes boules de feu, s’enchaînent. Des débris de bouteilles seront retrouvés loin dans le quartier.
Le rayonnement si intense des feux de bois (générateurs de peu de fumée, combustion complète) est puissant et entraîne des dégradations de stores, d’éléments de façade et de véhicules à une quinzaine de mètres, en périphérie.
À l’arrivée du premier engin de secours, l’ensemble du bâtiment en travaux est en feu et des explosions de bouteilles de gaz libèrent d’imposantes boules de feu.
Les premières lances visent à protéger les immeubles contigus aux deux extrémités du brasier et, ensuite, à protéger les constructions modulaires servant d’école provisoire à l’arrière du chantier.
En moins d’une heure, le feu est circonscrit au moyen de six lances, dont une sur bras élévateur et une sur robot d’extinction à même de braver le rayonnement en s’enfonçant sur le chantier. Vers 22 h, le feu est maîtrisé grâce à l’action de neuf lances dont deux lances-canons.
C’est après 1 h le 16 avril que le feu est éteint. Près de 170 hommes d’une vingtaine de centres de secours auront été engagés de longues heures. Ne subsiste de l’école qu’un champ de ruines, de paille et de bois calcinés d’où émergent des éléments de maçonnerie, tels la trémie de l’ascenseur, en béton, et un angle du bâtiment bois.
En images, l’intervention des sapeurs-pompiers de la BSPP à Montfermeil (93), le 15 avril 2023.
Les explications de l’architecte
Selon la conceptrice de l’édifice, l’incendie est survenu au moment où la construction était la plus vulnérable : la structure de bois était en place, la paille placée dans les parois ou stockée sur le site. Mais l’enduit de plâtre et de terre séchée qui devait assurer la fonction coupe-feu n’était pas en place…
De plus l’étanchéité de la toiture-terrasse était en cours de réalisation, impliquant la présence de bouteilles de gaz. Enfin, les baies vitrées allaient être posées la semaine suivante, les ouvertures étant, au moment du feu, « occultées » d’une feuille de plastique épais.
L’architecte signale aussi que la stabilité du bâtiment, en exploitation, aurait été assurée le temps de l’évacuation ! Quid de l’intervention des pompiers ensuite ? Peuvent-ils s’engager dans un tel bâtiment pour, comme dans une construction traditionnelle, circonscrire le feu au plus près ? Où se contraindre à le combattre de l’extérieur au risque d’une perte complète de la construction ?
Signalons tout de même la propagation exceptionnellement rapide de ce feu qui se produit de jour, en présence de passants et riverains, dans un bâtiment vide de mobilier et qui, lorsque le premier engin se présente (pas plus de 10 à 15 minutes plus tard), vomit des flammes sur 100 m de façade !
Mesures de prévention spécifiques
Seuls restent les parties en béton et maçonnerie, la trémie de l’ascenseur et le bloc réfectoire.
La conceptrice de l’édifice assure qu’il faut continuer à construire selon ce concept « Écoresponsable ». Elle souligne toutefois que sur ces chantiers de constructions de bois (d’autres ont été totalement détruites aux États-Unis en fin de chantier), il est nécessaire de réfléchir à des mesures de prévention spécifiques (détection provisoire, local de stockage des bouteilles de gaz, gardiennage du chantier…) durant cette phase où l’édifice est particulièrement vulnérable.
Elle ne semble pas être la seule à le penser, puisque, durant l’incendie, un grand tag à la bombe sur la palissade du chantier assurait : « le monde brûle ! » Réflexion prémonitoire.
En savoir plus
A lire sur le même sujet : Feu de tous bois à Cabourg
Article extrait du n° 594 de Face au Risque : « Éviter les chutes » (juillet-août 2023).
René Dosne
Lieutenant-colonel (rc), créateur du croquis opérationnel à la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris
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