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Le data center SBG5, fleuron du plan « Hyper résilience » d’OVHcloud

10 février 2023•Eitel Mabouong•8 min•

Le dernier data center strasbourgeois d’OVHcloud a été inauguré le 12 septembre 2022. Issu d’une nouvelle génération de data centers, ce 5e centre de données de Strasbourg, appelé SBG5, a été repensé à la suite de l’incendie survenu dans la nuit du 9 au 10 mars 2021 au sein des bâtiments SBG1 et SBG2.

Les révisions sur SBG5

1 700 m², 16 000 serveurs, 19 salles compartimentées dont 6 salles serveurs… Le data center SBG5 d’OVHcloud, qui a vu le jour en septembre 2022, est légèrement différent du projet initial, dont les fondations avaient débuté avant mars 2021.

« Notre bâtiment d’extension sur le site a commencé avant mars 2021, avec une première enceinte de data centers dans un grand hall. Le projet initial était de 25 000 serveurs à l’intérieur, avec une volonté de séparer physiquement les stockages de données (les serveurs) et les équipements électriques de puissance, de batteries et de stockage d’énergie à l’extérieur du bâtiment », nous précise Jérémy Bouteraa, chief resilience officer chez OVHcloud.

C’est en réaction au sinistre de mars 2021 qu’une partie de la conception du bâtiment a évolué. Réduction du nombre de serveurs, un plus grand nombre de salles avec un compartimentage strict entre chacune d’elles… Le tout en conservant cependant la volonté de base d’une séparation physique entre les serveurs et les équipements électriques.

Sécurité incendie renforcée sur SBG5

S’agissant de la sécurité incendie, Strasbourg 5 sert de modèle pour la nouvelle génération de data centers lancés par OVHcloud. D’ici fin 2024, une quinzaine de nouveaux bâtiments devraient voir le jour à travers le monde (France, Allemagne, Canada, Singapour, Inde…).

La volonté du groupe est d’appliquer pour chacun d’eux le schéma de construction de SBG5, un bâtiment dit « design principals ».

« Après mars 2021, on a décidé de retravailler le standard et nos “design principals”, qui sont les designs validés par le groupe en termes de construction sur nos bâtiments pour faire face à toutes les activités et tous les risques, que cela soit l’intrusion, les risques industriels, l’incendie, l’inondation… », ajoute Jérémy Bouteraa.

Dans cette conception, la sécurité incendie est assurée sous divers aspects.

« Toutes les salles sont protégées de la même manière : compartimentage 2 heures, calfeutrement coupe-feu avec certificat 2 heures, double détection, extinction automatique par gaz sur le site… Le bâtiment a en outre la particularité d’être construit en maçonnerie et de faire face à un nombre d’aléas d’intrusion et d’autres risques industriels grâce à sa construction physique », confie-t-il, avant d’entrer dans le détail de chacun de ces procédés.

Généralisation du coupe-feu 2 heures

« L’une des notions majeures était le compartimentage coupe-feu 2 heures de l’ensemble des phases de nos bâtiments et de nos salles dans nos constructions.
Le premier grand standard pour tous nos locaux a été de mettre des équipements résistants 2 heures partout pour toutes les natures de construction de nos bâtiments. Ce qui inclut les portes. L’ensemble de nos salles sont compartimentées en coupe-feu 2 heures. »

Double détection

« On a opéré par une double détection pour le déclenchement du gaz, à travers un équipement de la marque Vesda par aspiration de fumées. Ce système, qui permet d’avoir une détection très précoce, est déployé depuis une dizaine d’années chez OVH.
Tous nos data centers sont équipés de ce type de détection. On a deux seuils de déclenchement. Une première phase qui est le déclenchement pour armer le système. Une deuxième qui est le seuil de déclenchement de l’extinction à gaz pour le lâcher dans la salle. La détection est installée selon le référentiel Apsad R7 et fera l’objet de contrat et de suivi de maintenance comme défini par le référentiel de certification Apsad F7. »

Extinction automatique à gaz

« L’un des autres axes prioritaires dans notre plan de résilience est la généralisation et la systématisation de l’extinction automatique. Sur SBG5 cela s’est traduit par une installation d’extinction à gaz, selon le référentiel Apsad R13 édité par CNPP. Maintenant l’extinction devient automatique pour toutes nos constructions, y compris pour tous les sites qui sont déjà en exploitation.
SBG5 a été construit sur ce modèle à gaz, notamment pour la continuité d’activité étant donné que ce système permet un redémarrage plus rapide. Le plan Hyper résilience passe aussi par la continuité d’activité. »

Étanchéité des salles

« Qui dit extinction à gaz dit étanchéité de salle, contrairement à d’autres dispositifs d’extinction comme le brouillard d’eau ou le sprinkleur. Dans une salle où un feu pourrait se déclencher, on a une nécessité de la mettre sous pression avec un gaz inerte pour étouffer l’incendie.
L’étanchéité est faite à travers une opération de calfeutrement référencée et normalisée par une entreprise spécialisée, pour garder le coupe-feu 2 heures, y compris dans le passage des câbles. On a renforcé tout ce calfeutrement avec un certificat coupe-feu 2 heures. »

Urbanisation

« SBG5 est un bâtiment de plain-pied en termes de conception. Les salles serveurs sont au milieu du bâtiment. Les salles batteries, générateurs et salles énergies sont à l’extérieur.
Sortir tous ces assets électriques et d’énergies était prévu en amont du plan Hyper résilience pour segmenter et séparer les risques, mais également pour faciliter les interventions ou les opérations de maintenance et d’opérabilité dans nos data centers. On a travaillé cet aménagement de concert avec les services de secours, la Dreal, la préfecture, mais aussi avec le SIS67 sur les protocoles et les plans d’intervention en amont de la validation de ce dossier. On le fait aussi avec tous nos autres sites. L’urbanisation se fait avec l’approche des pompiers pour permettre des interventions plus rapides et leur faciliter le travail en cas de sinistre.
Entre octobre 2021 et octobre 2022, tous nos sites dans le monde ont fait l’objet d’une visite des services de secours locaux pour prendre en compte des recommandations, répondre au mieux en cas de sinistre, de dégradation et avoir la meilleure intervention possible. »

Photo 1. Évent de suppression et calfeutrement intumescent du SBG5.
Photos 2 et 3. Installation du système d’extinction automatique à gaz selon le référentiel Apsad R13 (pendant les travaux du site SBG5).
Photo 4. Peinture intumescente en sortie d’armoire électrique.
Crédits photos : OVHcloud.

Le plan « Hyper résilience » d’OVHcloud

« Hyper résilience », c’est le nom du plan mis en place en termes bâtimentaires par OVHcloud sur chacun de ses data centers. Ce plan, pour lequel 30 millions d’euros ont été investis, s’applique autant aux anciens qu’aux nouveaux data centers du groupe.

« Ce plan a été décidé pour l’ensemble du groupe d’un point de vue mondial. Il s’étale sur 2 à 3 ans. 2023 est une année charnière pour les bâtiments déjà en exploitation, dont le niveau de sécurité sera rehaussé, et pour les nouveaux bâtiments design principals », déclare-t-on chez OVHcloud.

« La gestion de l’eau est un sujet important pour nous car c’est un risque d’arrêt d’activité. »

Jérémy Bouteraa, chief resilience officer OVHcloud.

« Le plan Hyper résilience, ce n’est pas uniquement la protection incendie. C’est la capacité de continuer à opérer malgré tout événement pouvant se produire sur nos installations, qu’ils soient techniques ou physiques. La décision a été prise de ne plus travailler en hall mais de sectoriser. L’un des premiers points du plan Hyper résilience sur SBG5 était de retravailler l’urbanisation pour réagencer l’intérieur du bâtiment et limiter les zones de domaines de pannes. On a aussi bien travaillé sur le plan physique que celui de l’IT », ajoute le chief resilience officer du groupe.

Prise en compte de l’impact environnemental

À noter que l’aspect environnemental n’a pas été mis de côté pour ces nouveaux data centers.

« On a intégré toutes les notions environnementales qui sont en lien direct avec la protection physique et la performance énergétique de nos bâtiments. Via notre système de refroidissement à eau (watercooling), on a une consommation moins importante qu’avec un système de refroidissement par climatisation.

Aujourd’hui, nous avons un WUE (Water Usage Effectiveness) qui est à 0,2 l par kilowattheure. On travaille avec un refroidissement fait à partir de nos installations, on refroidit à coeur nos serveurs au niveau du processeur à travers une technologie brevetée par OVHcloud. Ce qui permet d’avoir un refroidissement en circuit fermé et d’éviter les pertes en eau.

Nos anciens bâtiments sont aussi performants en watercooling que SBG5 puisque cette technologie existe depuis 20 ans chez nous. En dehors de la protection physique, la gestion de l’eau est un sujet important pour nous car c’est un risque d’arrêt d’activité », conclut notre interlocuteur.

Précisons que le prochain data center OVHcloud, a priori livré courant 2023 à Limburg (Allemagne), disposera de murs végétalisés pour éviter l’entrée de la chaleur dans le bâtiment.

Article extrait du n° 589 de Face au Risque : « anticiper les délestages » (février 2023).