Les drones, un moyen d’assurer la sécurité des salariés ?
Alors que les usages des drones se multiplient, ces appareils volants pourraient-ils améliorer la sécurité des salariés ? Marco Tognon, chercheur à l’Inria et spécialiste du sujet, a répondu à nos questions.
Marco Tognon est chercheur en robotique à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) à Rennes. Spécialiste des drones, il travaille notamment sur les usages de cette technologie dans le but de soulager les salariés de tâches dangereuses, afin d’améliorer la sécurité au travail. Pour Face au Risque, il a accepté de répondre à plusieurs questions sur ce que peuvent apporter les drones dans la sécurité des travailleurs.
Face au Risque : Quels sont les usages des drones déjà existants qui permettent d’assurer la sécurité des salariés ?
Marco Tognon. La majorité des applications actuellement existantes sont de l’inspection visuelle de points en hauteur. Il s’agit de drones équipés de caméras, utilisés pour prendre des images de bâtiments, de structures, pour observer les pales et les turbines des éoliennes, etc. J’ai aussi été contacté par Orange. Ils utilisent des drones pour observer l’état des antennes, car ça permet d’éviter d’envoyer un opérateur en hauteur sur des structures dangereuses.
Il y a également des applications sur la surveillance des sites, et l’utilisation de drones par les forces de l’ordre lors d’événements nécessitant une vision plus générale du contexte. Les pompiers utilisent également des drones équipés de caméras thermiques pour établir la propagation du feu et avoir une vision précise. Il y a aussi des applications de cartographie.
Quels usages pensez-vous voir émerger demain ?
M. T. Les choses que je décris sont des simples inspections par image. Si on utilise un drone pour inspecter une zone, et qu’on découvre qu’il y a une fissure, il faut envoyer quelqu’un pour faire la maintenance de la structure. Les nouvelles applications qui vont s’ouvrir permettront aux drones de faire des choses physiques, de la manipulation. Aujourd’hui, ce sont de simples caméras, mais demain on les utilisera comme des robots qui pourront faire réellement quelque chose sur des structures.
Dans le domaine de la construction également, on envisage des drones capables de construire des choses. Aujourd’hui, pour installer des antennes, on utilise des gros hélicoptères qui transportent des pièces, et des opérateurs humains vont mettre en place manuellement ces structures et les positionner pour faire l’assemblage. C’est très délicat et dangereux. Un coup de vent et les personnes peuvent basculer. On voudrait utiliser des drones pour faire ça.
Il y a déjà des applications allant au-delà de l’inspection visuelle, à savoir l’inspection par contact. Des start-up proposent des solutions drone pour prendre des données sur le niveau du mur d’une structure. On appelle ça les “non destructive testing”. Cela consiste pour le drone à placer des capteurs en contact avec la surface, afin d’obtenir des données sur l’intérieur de la structure. Par exemple, ces captures peuvent déterminer s’il y a des fissures à l’intérieur de la structure, invisibles à l’image. Récemment encore, toutes ces données étaient collectées par des humains. Aujourd’hui, des drones peuvent être utilisés. C’est notamment le cas dans les secteurs pétrolier et gazier, où les drones peuvent collecter des données sur l’état des tuyaux.
Pour ce qui est de la manipulation et de la construction, on n’a pas encore d’application concrète. Il faudra, je pense, encore attendre entre 5 et 10 ans.
Si ces technologies se développent, pensez-vous que les entreprises vont s’en saisir ?
M. T. Je pense que oui, car il y a une réduction des risques pour les humains. Il y a aussi une importante réduction des coûts. On pourrait agir plus vite et en sécurité.
On commence à avoir des contacts avec des entreprises, par exemple j’ai été contacté par Orange et ils m’ont posé des questions sur la manipulation par les drones, car ils ont déjà des applications réelles en tête. Un drone n’est pas une technologie qui coûte très cher. Un drone tout neuf peut coûter autour des 50 000 euros. On aura toujours besoin de pilotes, donc la réduction des coûts ne se fera pas au niveau des personnels. En revanche, ce qui coûte très cher aujourd’hui, c’est la mise en place des opérations. Pour accéder à certains endroits il faut déployer d’importants moyens logistiques, installer un échafaudage, et exposer des gens à des risques. Tout cela coûte très cher, et un drone pourrait permettre de faire d’importantes économies.

Camille Hostin – Journaliste
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