Gala de la sécurité : situation géopolitique et risques majeurs

Organisé pour la 3^e année consécutive au pavillon Cambon Capucines à Paris, le Gala des directeurs de la sécurité a réuni près de 500 invités de grandes entreprises et d’acteurs clés du secteur de la sécurité privée, sous la présence bienveillante de certains représentants de l’Etat (ministères, Cnaps, Depsa…).

A sept jours de la signature d’un nouveau contrat du comité stratégique de filière (CSF) « industries de sécurité » le 25 mars (aujourd’hui !), l’événement avait prévu des interventions sur le thème « Situation géopolitique et risques majeurs : défis, enjeux et réponses ».

François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre d’État – ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, a évoqué un monde nouveau en train d’émerger, marqué par un basculement géopolitique. Une nouvelle ère où les frontières, la souveraineté et les rapports de force entre États se réaffirment, entraînant deux périls : la guerre conventionnelle sur le sol européen et les entreprises de déstabilisation des États.

Dans ce contexte, le ministre a rappelé que la sécurité intérieure était un maillon aussi important que la défense extérieure. Pour ce faire, il a mentionné qu’une « nouvelle architecture globale de sécurité » était en train d’être mise en place par le gouvernement. Après avoir souligné le rôle et l’importance de la sécurité privée dans ce dispositif, François-Noël Buffet a indiqué que le ministère de l’Intérieur avait comme objectif de lever les entraves pesant sur le secteur, pour construire une force de sécurité fiable basée sur la professionnalisation, la concentration et la diversification.

Le ministre a ensuite annoncé que des propositions de solution seront bientôt faites, sur les trois dimensions de la protection physique, humaine et numérique.

Après avoir rappelé les trois missions de son établissement public, Stéphane Fratacci – directeur général de CCI Paris Île-de-France – a expliqué que la principale conséquence de la situation géopolitique mondiale était d’introduire de l’incertitude pour les acteurs économiques.

Or pour décider, les entreprises ont besoin de visibilité, de stabilité et de prévisibilité sur le court et moyen terme. Les aléas régnant sur la réglementation internationale (protectionnisme et droits de douane), sur l’évolution des frontières et les diverses autres sources d’incertitude pèsent grandement au final sur les contrats et les investissements.

En diffusant une information fiable et ciblée aux entreprises, via des webinaires, des rencontres et des baromètres, la CCI Paris Île-de-France contribue à diminuer l’incertitude. Ensuite, en maintenant les grands événements (salons,…) en bonne intelligence avec les pouvoirs publics, l’établissement participe au brassage des cultures et aux échanges internationaux. Enfin, en aidant les entreprises à se préparer aux grands risques (inondations, conflits sociaux…), l’établissement concoure à la prévention des sinistres majeurs.

En conclusion, Stéphane Fratacci rappelle le chiffre de 5 milliards, qui représente l’impact positif annuel des activités de l’établissement public sur l’économie de la région francilienne (une estimation équivalente à celle des retombées économiques des JO de Paris 2024).

Florian Weyer, directeur général délégué d’Haropa Port – Le Havre, a ensuite présenté les principales caractéristiques du premier port de commerce européen : 70 plateformes réparties le long de la Seine du Havre jusqu’à Paris, des infrastructures lourdes et étendues (terminaux, dessertes ferroviaires et fluviales) et plus de 1000 entreprises étalées sur une surface de 10 000 ha (équivalente à la ville de Paris).

Les enjeux de sécurité et de sûreté sont importants pour protéger le commerce extérieur transitant par ce hub géant. Ce qui explique que le port du Havre possède son propre service de sécurité intégré (comparable à la Suge pour la SNCF), qui comporte 145 agents. Florian Weyer a ensuite fait un focus sur les différents trafics illicites passant par les 3 millions de conteneurs annuels en transit, notamment le trafic de stupéfiant. Ce dernier fait l’objet de saisies de l’ordre de 10 à 15 tonnes par an (le record des ports français)… sachant qu’il y a un rapport estimé de 1 à 10 entre ce qui est saisi et ce qui passe réellement.

Pour lutter contre ce trafic, les hommes de la sûreté portuaire travaillent de concert avec les services de la douane : ils partagent notamment les moyens de vidéosurveillance, et échangent des renseignements. La collaboration avec les autres grands ports européens (Anvers, Rotterdam, Hambourg…) est aussi bénéfique, notamment au travers du partage de bonnes pratiques. Des actions de prévention de la corruption des agents portuaires sont aussi menées.

Cependant, le trafic de drogue générant des sommes qui se comptent en milliards d’euros pour les trafiquants, ces derniers montent en gamme sur les moyens employés : au-delà de la banale clé USB infectée, ils emploient à présent des drones pour des missions de repérage, des balises GPS placées sous certains véhicules…

A noter que le groupe Agora managers, qui fête les 20 ans de sa création en cette année 2025, a d’ores et déjà annoncé deux dates importantes pour la communauté des directeurs de la sécurité :

• 26 juin 2025 : le 1^er colloque sur la coopération public – privé en matière de sécurité ;
• 17 mars 2026 : 15^e édition du Gala des directeurs de la sécurité.