L’incendie de la tour Windsor à Madrid, il y a 20 ans

11 février 20254 min

Le 12 février 2005, dans le quartier des affaires de Madrid, la tour Windsor, une tour de bureaux de 31 étages et 106 m de haut, prend feu alors qu’elle est en réfection pour mise en conformité en matière de sécurité incendie.

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À Madrid, le samedi 12 février 2005 à 23h16, une alarme incendie se déclenche au 21e étage de la tour Windsor. Un agent de sécurité constate de la fumée passant sous une porte, mais elle est déjà très dense et il ne peut utiliser l’extincteur qu’il a en main.

Les pompiers sont alertés. À leur arrivée, des flammes s’échappent des baies des 21e et 22e étages. À ces niveaux, la chaleur est déjà intense et la fumée est à 50 cm du sol. Très vite, le faux plafond s’écroule. L’ordre de repli est donné et l’attaque se fait alors uniquement par l’extérieur de la tour. Cependant, des éléments métalliques se détachent de la façade par pans entiers et, au-delà du 21e étage, l’embrasement est total.

Bientôt, « la face supérieure nord se déforme sur une dizaine d’étages et s’effondre, heureusement retenue au niveau d’un étage technique au 17e étage », détaille René Dosne dans Face au Risque n° 412 (avril 2005). Et vers 3h40, c’est la face supérieure sud qui s’effondre à son tour. Rebondissant sur le 17e étage, elle s’écrase au sol… sans faire de victimes !

Peu à peu, les étages inférieurs de l’immeuble s’embrasent.

Ce n’est que le dimanche peu après 20h, qu’enfin le feu est considéré comme éteint, même si des foyers subsistent çà et là. Mais la tour est totalement calcinée et la carcasse en béton restante menace de s’écrouler. Aussi, toute activité autour de la zone est interdite durant plusieurs jours, jusqu’à ce que des experts garantissent la stabilité de l’IGH (immeuble de grande hauteur). Outre bien sûr les entreprises occupant les bureaux de la tour (notamment le cabinet Deloitte présent dans 20 étages) qui se retrouvent sans locaux, de nombreuses autres établies dans la zone sont affectées par ces restrictions.

Heureusement, la tour étant inoccupée au moment de l’incendie, aucun mort n’a été déploré. Plusieurs soldats du feu ont néanmoins été intoxiqués par les fumées.

L’enquête déterminera plus tard que l’incendie était dû à un défaut électrique.

Les travaux en cours au moment de l’incendie

Construite en 1979 autour d’un noyau central en béton, la tour Windsor est composée de 29 étages de bureaux, 5 niveaux en sous-sol et 2 « étages techniques » en béton situés aux 4e et 17e étages.

Après une inspection réalisée en 1999, elle fait l’objet de travaux de remise en conformité en matière de sécurité incendie à partir de 2003. Immeuble de moins de 103 mètres au dernier plancher, la réglementation en vigueur en la matière porte sur le compartimentage par niveau avec parois et portes résistantes au feu, et sur un SSI (système de sécurité incendie) auquel sont asservis la détection, l’alarme et le compartimentage. Un système d’extinction automatique de type sprinkleur, bien que non obligatoire, est également en phase d’installation, mais il n’est pas encore opérationnel le 12 février. De nouveaux escaliers d’évacuation externes sont également compris dans le projet de rénovation.

Le coût du sinistre

Dès le 17 février, le maire de la capitale espagnole déclarait que la tour serait démontée. Le coût de la démolition fut alors estimé à 22 M€. L’immeuble lui-même avait été évalué en 2003 à 72 M€, et son exploitation rapportait 12 M€ par an aux propriétaires, selon les informations recueillies par René Dosne.

La construction d’une nouvelle tour, la Torre Titania, a démarré en lieu et place de la tour Windsor en 2007 et a été achevée en novembre 2011. Elle culmine à 104 m.

La réglementation IGH en France

C’est l’arrêté du 30 décembre 2011 qui réglemente la construction des IGH et leur protection contre les risques d’incendie et de panique.

Sont des IGH :

  • les immeubles à usage d’habitation à partir de 50 mètres de hauteur ;
  • les autres types d’immeubles à partir de 28 mètres de hauteur.

Au-delà de 200 mètres de hauteur, l’immeuble est classé ITGH (immeuble de très grande hauteur).

Tout IGH doit se trouver à moins de 3 km d’un centre de secours, à moins de 30 m d’une voie d’accès aux pompiers et à 8 m au moins des constructions voisines.

L’arrêté aborde des nouvelles notions comme les ITGH, la notion « d’évacuation générale » et les règles d’installations de la détection incendie et de la mise en sécurité à mettre en œuvre.

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Martine Porez – Journaliste

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