L’exposition des pompiers aux risques de cancer devra être surveillée dans les Sdis

11 février 20253 min

Une circulaire du directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) envoyée le 14 janvier 2025 aux directeurs des Sdis demande de tracer l’exposition des pompiers à des facteurs de risque de cancers.

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Les pompiers sont particulièrement exposés aux risques de cancer, notamment en raison de leur exposition à certains produits, dont les Pfas. Afin de suivre leur état de santé, le directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) a transmis aux Sdis une circulaire le 14 janvier 2025. Sur le sujet de l’exposition à des facteurs de risque de cancer, le document mentionne la nécessité de “s’appuyer sur la connaissance de l’activité du sapeur-pompier et sur un relevé d’exposition présenté à chaque visite médicale”. La circulaire précise également qu’il “est de la responsabilité de l’employeur de présenter les agents aux services médicaux en charge d’assurer leur suivi et de rendre les avis d’aptitude, en respectant les périodicités réglementaires”.

Fiches de suivi annuelles

Jusqu’à présent, chaque Sdis était libre de mettre en place, ou non, une politique de suivi de l’exposition de ses agents. La circulaire donne désormais des instructions pour généraliser ce suivi à l’ensemble des Sdis. Cette nouvelle politique doit permettre, selon la circulaire du 14 janvier 2025, “un suivi efficient des expositions en vue de la prise en charge médicale la plus adaptée de chaque agent, pendant le service, comme après la cessation de l’activité, si nécessaire”. La mise en place de cette politique de relevé des facteurs de risque est de la “responsabilité de l’administration”, précise le document. Le suivi médical concerne tant les agents en fonction que les anciens agents ayant été exposés à des substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction.

Afin de permettre la mise en place de cette politique de suivi sanitaire, des modèles de documents à remplir par les agents ont été établis. Il s’agit de fiches de suivi annuelles, dans lesquelles les pompiers doivent mentionner leurs activités les ayant potentiellement exposés aux “substances cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction, ou indiquant une pénibilité”.

Revendication des syndicats

Les pompiers ont manifesté le 16 mai 2024 afin que leur exposition aux Pfas, notamment contenus dans leurs tenues et dans certaines mousses anti-incendie, soit prise en compte. Les soldats du feu ont en effet une espérance de vie inférieure de sept ans à la moyenne de la population française. Selon une étude sur plusieurs pays, publiée dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, ils ont 58% de chances en plus de contracter un mésothéliome, une forme rare de cancer, qui affecte la membrane recouvrant la plupart des organes internes du corps. Ils ont également 16% de chances en plus d’être atteints par un cancer de la vessie.

Ce sur-risque de cancer est lié au fait que les pompiers sont la profession la plus exposée aux Pfas, selon des analyses effectuées par les syndicats de la profession et le parti Les Écologistes. En mai 2024, ils ont prélevé des cheveux sur des professionnels de différents métiers, afin de les tester. Le résultat est sans appel : la personne la plus contaminée s’est avérée être un sapeur-pompier.

Face à ces problématiques, les pompiers réclamaient notamment, lors de leur manifestation du 16 mai 2024, une meilleure reconnaissance de leurs maladies professionnelles. “Il est très difficile d’attribuer un cancer à son métier quand on est pompier”, dénonçait alors un soldat du feu syndiqué à la CGT, auprès du média Vert, spécialisé dans les thématiques environnementales. Un premier pas semble donc franchi, avec la récente circulaire.

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Camille Hostin – Journaliste

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