La santé mentale au travail en cinq chiffres

3 février 20255 min

Alors que le Gouvernement a confirmé la santé mentale comme “grande cause nationale” en 2025, un salarié sur 4 déclare être en mauvaise santé mentale d’après une enquête réalisée par Ipsos pour le cabinet Qualisocial, dont les résultats ont été présentés le 23 janvier 2025.

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Le baromètre résulte d’une enquête réalisée auprès de 3000 salariés en décembre 2024.

La santé mentale est, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), “l’état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté”.

La santé mentale reste dégradée

25%

En 2025, un salarié sur 4 se déclare en mauvaise santé mentale. Un taux stable par rapport à 2024 mais toujours bien supérieur aux chiffres d’avant Covid.

Les secteurs les plus touchés sont ceux impliquant un fort contact humain : le médico-social, l’hébergement et la restauration et l’administration publique.

Les femmes de moins de 40 ans, les salariés à temps partiel, les foyers monoparentaux et les malades chroniques sont les populations qui ont la plus mauvaise santé mentale.

“La mauvaise santé mentale des salariés français reste alarmante, sans aucune amélioration par rapport à l’an dernier. On pourrait s’attendre à ce que la résilience s’installe face à une incertitude prolongée, mais les crises politiques et économiques en France viennent renforçer l’angoisse face à l’avenir”, souligne Camy Puech, président fondateur de Qualisocial.

Le manque de confiance en l’avenir est ainsi  le prinicpal facteur aggravant. D’après le baromètre, il multiplie par 4 le risque d’être en mauvaise santé mentale.

Une prévention des risques insuffisante

23%

Moins d’un salarié sur quatre bénéficie dans son organisation d’un plan de prévention complet permettant à la fois d’anticiper, de sensibiliser et d’accompagner les difficultés en termes de santé mentale (préventions primaire, secondaire et tertiaire).

Plus d’un tiers des salariés (39%) n’a même accès à aucune mesure préventive, un chiffre qui atteint plus de la moitié dans les secteurs de l’enseignement, des services aux particuliers et dans les structures de moins de 10 salariés.

L’impact positif du plan de prévention

83%

Les actions de prévention semblent pourtant porter leur fruit puisque 83 % des salariés bénéficiant d’un plan de prévention complet estiment que cela a permis une amélioration de la santé mentale des salariés. Le résultat tombe à 40% pour les salariés bénéficiant d’un plan de prévention minimal.

D’après le baromètre, les organisations adoptant des approches complètes enregistrent des résultats significatifs :

  • +26 % de salariés en bonne santé mentale;
  • +23 % de dévouement au travail;
  • +20 % d’engagement au travail.

L’impact d’une santé mentale altérée

2,4 x

L’étude met en lumière les impacts directs d’une santé mentale dégradée sur la capacité de concentration, l’engagement et l’énergie au travail.

D’après le baromètre, les salariés en très bonne santé mentale ont 2,4 fois plus de capacité de concentration, par rapport à ceux en mauvaise santé mentale. Leur engagement au travail est supérieur de 39 % et leur énergie de 55 %.

« Investir dans la santé mentale au travail, c’est investir dans la performance à court terme des entreprises. Les organisations qui s’engagent pleinement enregistrent des résultats concrets : moins de risques psychosociaux, plus d’engagement, et un bien-être accru. Pour réussir, l’implication des directions générales est essentielle, car la santé mentale des salariés ne peut plus être reléguée au second plan », précise Camy Puech.

Améliorer la santé mentale au travail

63%

C’est le pourcentage de salariés qui citent la santé, la sécurité au travail et les conditions de travail comme pilier de la QVCT (qualité de vie et des conditions de travail) à prioriser pour améliorer la santé mentale.

Les deux autres priorités sont la qualité des relations et de l’ambiance de travail (63% également) et l’organisation du travail et des tâches au quotidien (56%).

Pour répondre à ces enjeux, l’enquête montre qu’il est nécessaire d’agir sur quatre leviers:

  • connaître et mesurer l’impact de la santé mentale sur les performances;
  • agir à chaque niveau de prévention des risques;
  • renforcer et manager la QVCT;
  • engager les équipes et communiquer.

La Firps appelle à des mesures concrètes

La Firps (Fédération des intervenants en risques psychosociaux) a appelé à des mesures concrètes pour améliorer la santé mentale au travail lors d’un point presse organisé le 21 janvier 2025.

« Les statistiques sont sans appel et montrent l’urgence de mettre en place des mesures de prévention ambitieuses. La qualité des emplois, les conditions de travail sont des sujets majeurs. Nous sommes disponibles pour apporter notre expertise et nos contributions », a souligné François Cochet, président de la Firps.

La fédération fait trois propositions pour améliorer la santé mentale et prévenir les risques psychosociaux (RPS):

  1. Produire des mesures statistiques fiables : la Firps appelle la Cnam à fournir régulièrement des données globales et homogènes sur l’absentéisme et la santé mentale au travail.
  1. Responsabiliser les entreprises : directions générales, partenaires sociaux, préventeurs, assistantes sociales, médecins du travail… doivent s’impliquer conjointement dans la mise en place des politiques de prévention, au-delà du seul rôle des DRH.
  1. Soutenir les mesures de prévention : des dispositifs doivent être réfléchis pour faciliter l’accès des TPE et PME à des programmes complets de prévention des RPS, par exemple la mise en place d’un crédit d’impôt. Les excédents de la branche AT-MP pourraient être engagés à cette fin.
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Gaëlle Carcaly – Journaliste

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