Administrations et collectivités territoriales / ERP/IGH / Industrie/ICPE / Santé et sécurité au travail / Sécurité privée / Sûreté
Agents de sécurité privée : quels équipements de protection individuelle ?
Accueillir le public, sécuriser un événement, intervenir sur des menaces… Les agents de sécurité sont exposés à une variété de situations à risques. Le port d’équipements de protection individuelle (EPI) est une opportunité pour valoriser les agents et faire prospérer l’organisation.
Le 21 octobre 2024, trois salariés sont menacés d’un couteau dans un centre commercial près du Mans (Ouest-France). Le 27 septembre 2023, un homme est mordu par le chien d’un SDF à Nevers (Le Journal du Centre). Dans la nuit du 27 au 28 décembre 2022, un travailleur se retrouve coincé entre un poids-lourd et le portail d’entrée du site d’Amazon de Brétigny (Actu Essonne). Apparemment, rien de commun entre ces trois faits divers. En dehors des victimes : ces trois accidents de travail concernant tous des agents de sécurité privée en mission. C’est dire la diversité des situations dans lesquelles ils peuvent se trouver et l’étendue des risques auxquels ils peuvent être exposés.
Une étude de l’INRS de 2007 et les données du ministère du Travail permettent d’affiner ces risques par grandes typologies : accidents routiers, chutes, agressions et blessures (coupures, chute d’objets, mauvaises postures).
« Les professionnels sentent aussi un manque de reconnaissance du public et des autorités. »
Agents de sécurité privée : les risques du métier
Même si la profession a développé des spécialités (cynophilie, télésurveillance…), l’agent de sécurité privée le plus visible est celui évoluant dans les établissements recevant du public (ERP). Il est souvent polyvalent et mal perçu. Selon une étude[1] belge réalisée en 2024 dans le cadre d’un master en criminologie, le métier a une image plutôt négative. Un constat valable en France où les professionnels sentent aussi un manque de reconnaissance du public et des autorités. Cela peut conduire à une augmentation des risques, notamment d’agression.
Afin de garantir la sécurité de ces agents, la première étape à formaliser est le DUERP (document unique d’évaluation des risques professionnels). Il permet d’appliquer les principes de prévention : combattre les risques à la source, par exemple. Si le risque ne peut être contourné, la réglementation prévoit un traitement collectif avant l’utilisation des EPI, qui protègent contre les risques résiduels.
Les stations assises, debout et les piétinements prolongés peuvent par exemple conduire à des troubles musculosquelettiques. Des changements de plannings avec passage d’un poste d’accueil à un poste de ronde, lorsque cela est possible, peuvent en réduire les occurrences. Cependant, aucune organisation ne peut éliminer le risque. C’est là que l’équipement individuel entre en jeu. Ce peut être un bureau assis/ debout, mais aussi le port de chaussures adaptées, qui améliorent la posture mais peuvent également protéger contre l’écrasement du pied et offrir une résistance au glissement.
[1] Emma Renkin « Être agent de gardiennage en 2024 : recherche exploratoire visant à analyser les profils, les caractéristiques de la profession, la législation et les risques perçus par les agents de gardiennage travaillant dans l’événementiel et le milieu de sorties. »
Les agents de sécurité sont parfois équipés de détecteurs de métaux. Dans certains cas, ces détecteurs peuvent être dissimulés dans des gants, permettant aux agents d’être plus discrets lors de leur utilisation. © Lightfield Studios-AdobeStock.
Distinguer agents des forces de l’ordre et agents de sécurité privée
Les EPI conçus et fabriqués spécifiquement pour les forces armées ou du maintien de l’ordre ne sont pas des EPI au sens du code du travail. Cependant, les fabricants conçoivent généralement des équipements qui répondent aux deux univers normalisés. Ils proposent ensuite des déclinaisons distinctives par modèles ou couleurs. La distinction entre force publique et privée a récemment été réaffirmée par l’arrêté du 18 juillet 2023 relatif aux tenues des agents privés de sécurité. Il ne comporte pas d’exigence de protection mais une approche normalisée qui permet au public de les identifier selon leur tenue vestimentaire.
« Les agents doivent dissuader les éventuels malveillants, mais surtout rassurer la majorité du public qui veut accéder à un produit ou un service. »
Un rôle décisif dans le parcours client
Une étude de 2022 de Saleforce Research, reprise par Harvard Business Review, prétend que « 77 % des consommateurs, en France, attachent autant d’importance à l’expérience qu’au produit, ou au service, lui-même ».
Qu’il s’agisse d’un parc d’attraction, un musée, un supermarché ou un hôpital, les agents de sécurité privée sont en première ligne pour délivrer cette expérience. À l’entrée, comme à la sortie. Les tenues, les équipements et les procédures participent à l’expérience. Et se retrouvent ensuite en ligne. Sur Reddit, un utilisateur se souvient d’un festival à Chicago comme de « l’entrée dans une prison ». Les agents doivent dissuader les éventuels malveillants, mais surtout rassurer la majorité du public qui veut accéder à un produit ou un service. Cette position d’équilibriste doit être étudiée de manière globale : qu’est-ce qui est délivré au client ? Et comment protéger le salarié dans sa mission et participer à une expérience positive ?
L’accueil derrière une vitre sécurisée est efficace pour une billetterie. Il couvre les risques biologiques, chimiques et les agressions. Il est moins adapté pour une grande surface. Les équipements de protection doivent s’utiliser de la même manière avec un juste dosage. De plus en plus adaptables et personnalisables, ils permettent même des emplois doubles grâce à la technologie : certains gants de protection anti-coupures peuvent ainsi détecter les métaux et sont plus discrets que les traditionnels détecteurs à main.
Reste au responsable sécurité de construire l’approche la plus en phase avec son environnement et son public.
La tenue et les EPI contre quels risques ?
Le code du travail (article R.4311-8) définit les EPI comme « des dispositifs ou moyens destinés à être portés ou tenus par une personne en vue de la protéger contre un ou plusieurs risques susceptibles de menacer sa santé ou sa sécurité ».
Les EPI sont classés en trois catégories (I, II et III) selon une gravité croissante, de risques minimaux aux conséquences graves et irréversibles sur la santé.
Les EPI utilisés par les agents doivent toujours répondre aux exigences minimales du règlement (UE) n° 2016/425 et porter le marquage CE.
Le marquage dépend de l’EPI. La norme permet de savoir contre quoi l’équipement protège. Ensuite, il faut vérifier le degré de protection ou de résistance. Il fait l’objet d’un marquage spécifique. Ainsi deux paires de chaussures répondant à la norme EN ISO 20345:2022, l’une marquée SB, l’autre S4, ne protègent pas contre les mêmes risques. La première offre des caractéristiques fondamentales (embout de protection, résistance à l’abrasion, résistance aux glissements, arrière fermé ou non), la seconde offre en plus des précédentes des propriétés antistatiques, l’absorption d’énergie au talon, la résistance aux hydrocarbures, l’arrière fermé et la résistance à l’eau.
Article extrait du n° 605 de Face au Risque : « Culture de sécurité » (janvier-février 2025).
David Kapp – Journaliste
Les plus lus…
Le Club des experts de la sécurité de l'information et du numérique (Cesin) vient de dévoiler les résultats de…
En 2024, plusieurs entreprises internationales ont été plongées dans des crises d’envergure, mettant leur réputation à rude épreuve et…
Publié le mercredi 15 janvier 2025 au Journal officiel de l'Union européenne, le règlement (UE) 2025/38 du Parlement européen…
Forte de son expérience dans la cybersécurité parmi des acteurs majeurs du secteur, Florence Puybareau prendra la direction du…
Quelles grandes tendances technologiques impacteront la sûreté ces 12 prochains mois ? Axis Communications dévoile les six grandes tendances qui…
Travailler en zone Atex (atmosphère explosive) présente des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs et requiert…