Malaises mortels au travail : des secteurs plus à risque que d’autres

13 janvier 20256 min

En 2021 et 2022, 56% des décès par accident du travail étaient des malaises mortels, c’est-à-dire des décès survenus sur le lieu de travail ou à l’occasion du travail, sans cause externe identifiée (chute, choc, intoxication ou électrocution par exemple). L’INRS a étudié une partie de ces décès afin d’en tirer des données statistiques.

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Sur la base de l’étude de 143 décès survenus entre 2012 et 2022, caractérisés comme “malaise mortel”, et répertoriés dans la base EPICEA, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a pu produire une analyse statistique sur les profils des victimes ainsi que les circonstance de ces malaises mortels. Néanmoins, ces 143 cas étudiés ne représentent qu’une fraction de l’ensemble des accidents du travail ayant donné lieu à un décès par “malaise mortel”. Les données statistiques tirées de l’étude de ces décès ne peuvent donc pas être considérées comme correspondant parfaitement à la réalité statistique. Des conclusions peuvent néanmoins en être tirées.

Des métiers et des secteurs d’activité plus à risque que d’autres

La première observation à tirer des données statistiques établies par l’INRS est que certains secteurs d’activité sont plus touchés que les autres. C’est dans l’industrie manufacturière que ces malaises mortels sont les plus fréquents, puisque les salariés de ce secteur pèsent pour 16.8% des cas. Les salariés de la construction sont quant à eux particulièrement sur-représentés. Ils pèsent pour 14.7% des malaises mortels, alors qu’ils ne représentaient en 2018 que 6.7% de la population française en emploi. Enfin, le transport et l’entreposage représente 14.7% de ces décès. Le secteur n’employait pourtant en 2021 que 7.4% de l’ensemble des salariés du secteur privé (hors intérim).

Secteurs d’activité des victimes de malaises mortels survenus sur le lieu ou à l’occasion du travail

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Certains métiers sont également plus à risque. Ainsi, 18.2% des cas de malaise mortel ayant lieu sur le lieu ou à l’occasion du travail concernent des conducteurs de poids lourds et de camions. Juste derrière, on retrouve les métiers qualifiés du bâtiment (gros œuvre) et assimilés non classés ailleurs, avec 5.6% des cas. Enfin, le troisième métier le plus touché d’après les données collectées par l’INRS est celui d’électricien du bâtiment et assimilé, avec 2.8% des cas de malaises mortels.

Métiers les plus représentés parmi les victimes

Profil type : un homme entre 40 et 59 ans

Au regard des données étudiées par l’INRS, le profil type qui se dégage est celui d’un homme entre 40 et 59 ans. En effet, dans 93.7% des cas, les victimes de ces malaises mortels sont des hommes. Les deux tranches d’âge les plus touchées sont les 40-49 ans (32.2% des cas) et les 50-59 ans (50.3% des cas). Toutes les autres tranches d’âge réunies ne pèsent ainsi que pour 17.5% des cas.

Tranche d’âge des victimes de malaises mortels survenus sur le lieu ou à l’occasion du travail

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Si la grande majorité des victimes (69.2%) sont en CDI, ils restent néanmoins sous-représentés par rapport à leur taux dans la population générale. En effet, selon des données de 2020 de l’INSEE, l’emploi à durée indéterminée en France (hors Mayotte) concernait 75,2% des salariés. À l’inverse, les intérimaires, qui ne représentaient la même année que 2.1% de l’ensemble des salariés en France pèsent pour 12.6% des victimes de malaises mortels, ce qui semble indiquer un risque particulièrement accru. L’étude publiée par l’INRS ne précise cependant pas les causes de ce taux élevé chez les intérimaires.

Type de contrat des victimes de malaises mortels survenus sur le lieu ou à l’occasion du travail

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Enfin, certaines activités ressortent parmi celles effectuées par le salarié au moment du malaise mortel. Dans 14% des cas, le malaise survient alors que le travailleur est en train d’utiliser, faire fonctionner ou conduire, notamment un véhicule (10.5% des cas). Dans 11.9% des cas, le salarié se déplace à pied au moment du malaise. Enfin, 16.1% des malaises mortels ont lieu alors qu’il effectue une pause. Cette dernière statistique est néanmoins à prendre avec des pincettes, puisque comme l’indique l’INRS dans son étude, bien souvent la victime présentant des signes de malaise est mise au repos par son supérieur hiérarchique ou ses collègues.

Activité effectuée par le salarié au moment de la survenue du malaise

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En outre, l’étude de l’INRS cite différents travaux de recherche ayant identifié des facteurs de risque sur le plan professionnel. L’INRS met ainsi en avant un risque accru de pathologie coronarienne en cas d’exposition aux risque psychosociaux (RPS), une augmentation modérée du risque de problèmes cardiovasculaires pour les travailleurs de nuit et/ou en travail posté, et un risque de mort prématurée en cas de posture sédentaire maintenue dans le temps et associée à une faible dépense énergétique. Sont également mentionnés des risques accrus en cas d’exposition au bruit, aux rayonnements ionisants, ou encore certaines substances chimiques (arsenic, hydrocarbures aromatiques polycycliques, pesticides). Enfin, le rapport pointe un risque particulièrement accru d’infarctus du myocarde en cas de polyexposition au bruit et au froid.

Des mesures de prévention préconisées

Comme le rappelle l’INRS, à chaque enregistrement d’un accident du travail dans la base de données EPICEA, le contrôleur de sécurité peut indiquer les mesures de prévention individuelles et/ou collectives préconisées à l’entreprise. Il en ressort que dans 51% des cas de malaise mortel, le contrôleur a suggéré la mise en place d’une ou plusieurs mesures de prévention. Dans plusieurs cas, l’évaluation de certains risques n’avait pas été réalisée, et il est donc préconisé de la faire. L’amélioration de l’organisation des secours est également recommandée dans plusieurs cas. En effet, l’étude de l’INRS note que la réaction des collègues n’a pas toujours été adéquate. Dans certains cas, ils n’ont pas su reconnaître la gravité du malaise, dans d’autres, ils ont conseillé à la victime de se reposer dans un lieu isolé sans surveillance. Enfin, dans certains cas, note l’INRS, le contrôleur de sécurité a recommandé la mise en place d’un accompagnement psychologique des collègues de la personne décédée.

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Camille Hostin – Journaliste

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