Conjoncture 2025 : les nuages s’accumulent sur la sécurité privée
Après quatre années fastes, la sécurité privée est désormais affectée par un environnement économique morose et doit se préparer à des prochains mois plus difficiles.
Tous les clignotants passent au rouge pour la sécurité privée : ralentissement de la croissance, prix tirés vers le bas, record de faillites et prolongation de la pénurie de personnel.
Une évolution logique si l’on se rappelle que la profession a bénéficié de quatre années d’affilée particulièrement brillantes, avec des scores quasi-inédits : une croissance moyenne de 6,6% sur la période 2021-2024 et un pourcentage élevé de sociétés rentables (70%), figurant parmi les meilleures performances des vingt dernières années, selon les statistiques parues dans l’Atlas d’En Toute Sécurité.
Une conjoncture morose
Dans cette filière où les investissements sont cycliques, il n’est pas étonnant que de premiers signaux alarmants se soient manifestés dès le quatrième trimestre 2024. On a pu constater des contrats retardés ou annulés, notamment pour des marchés publics, conséquence d’une économie en berne mais aussi d’un climat politique incertain.
Les prévisions de l’Insee ou de la Banque de France donnent une idée pour le moins pessimiste du climat des affaires : une croissance de 0,9% seulement en 2025, une consommation des ménages quasi en panne, une remontée du taux de chômage, un moral des patrons en baisse continue. Sans oublier des défaillances d’entreprises, en hausse de 18% en 2024, qui pourraient encore progresser cette année.
Le bâtiment, qui constitue un débouché important pour la sécurité, devrait être en recul de 5,6% en 2025 après une baisse de 6,6% l’année précédente, selon les prévisions de la Fédération française du bâtiment.
Des signaux alarmants
On perçoit déjà sur la profession les effets néfastes de cette conjoncture. Les restrictions budgétaires de l’Etat, des collectivités et des entreprises ont pour conséquence de tirer les tarifs des prestations vers le bas. Les dirigeants des sociétés de surveillance humaine sont unanimes pour qualifier la période actuelle d’exceptionnelle concernant l’effritement de leurs marges. La situation est, certes, un peu moins marquée dans la sécurité électronique, mais la tendance reste la même.
Depuis l’automne dernier, les faillites d’entreprises de surveillance humaine ont atteint des niveaux records : une centaine chaque mois. Ce phénomène touche essentiellement des sociétés de petite taille, dont l’activité tourne aux environs de 1 M€, voire de quelques centaines de milliers d’€ seulement. On remarque cependant des entités plus importantes qui subissent le même sort. C’est ainsi que Protec Sécurité Privée, dont le CA s’élève à 25 M€, a été placée en redressement judiciaire en août 2024.
Pour d’autres raisons, la sûreté aéroportuaire traverse aussi une passe difficile. Le trafic aérien n’a pas atteint la progression attendue et les aéroports sont soumis à de lourdes taxes si bien qu’ils mettent sous pression leurs prestataires. « La politique de rationalisation des coûts va trop loin. La majorité des entreprises de sûreté aéroportuaire est dans le rouge et la profession est à bout de souffle », affirmait en décembre Jean-Baptiste Thélot, président du SESA, le syndicat patronal des sociétés de ce secteur.
Des lendemains plus roses ?
Il faut néanmoins relever quelques raisons de rester optimiste. La demande en sécurité restera structurellement forte, surtout à l’approche d’élections comme ce sera le cas en 2026 avec les municipales. En outre, la croissance de la profession a toujours été plus marquée que celle de l’économie en général. Par ailleurs, les innovations technologiques incitent à un renouvellement accéléré des équipements, tandis que la réglementation impose des services de maintenance réguliers.
Dans le passé, les dirigeants d’entreprises de sécurité ont toujours fait preuve d’une grande réactivité et ont su, dans leur grande majorité, traverser les crises sans trop de dommages.
« Nous avons montré notre résilience et notre robustesse à de multiples reprises : Gilets jaunes, Covid, inflation, JOP 2024 », affirmait en septembre dernier Abdelhamid Faddeoui, président du GES, le syndicat de la surveillance humaine. Espérons que la filière saura, une nouvelle fois encore, tirer son épingle du jeu en s’adaptant à la morosité économique actuelle.
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