Incendies sur le site Hydrapro à Lédenon (Gard) en 2023: le BEA-RI publie son rapport

En l’espace de trois jours, deux incendies touchent l’usine Hydrapro à Lédenon, dans le Gard. Dans son rapport, le BEA-RI (Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels) rappelle que le site Hydrapro est classé Seveso seuil haut.

Rachetée en 2012 par le groupe Ydeo, l’entreprise est spécialisée dans “la formulation et la fabrication de poudres, de galets et de pastilles pour le traitement de l’eau de piscine” comme cela est expliqué sur son site internet.

Le mardi 4 juillet 2023, peu avant 5h du matin, un incendie se déclare au sein de l’usine Hydrapro. “Pour une raison encore indéterminée, des sacs de poudre de chlore (d’une tonne chacun) servant à la fabrication de galets pour l’eau des piscines se sont échauffés et ont commencé à dégager des vapeurs toxiques dans un bâtiment” précise alors France 3.

Le POI (Plan d’opération interne) de l’entreprise est rapidement déclenché.

Le Sdis du Gard confie à travers un communiqué relayé par France 3 que “les premières analyses notent l’absence de toxicité à l’extérieur du bâtiment”.

Par mesure de précaution, 114 personnes sont néanmoins confinées : “20 salariés du site, 90 de l’entreprise voisine de Vilmorin et 4 habitants, situés dans un rayon de 800 mètres”. Des sections de routes départementales sont par ailleurs fermées durant plusieurs heures.

Le vendredi 7 juillet 2023, “un dégagement de fumée” est constaté vers 5h45 du matin sur le site Hydrapro à Lédenon. Là encore, les routes départementales seront en partie coupées précise France Bleu. Aucune toxicité ne sera relevée dans l’air.

Dans sa synthèse publiée le mardi 24 décembre 2024, le BEA-RI dévoile ses conclusions concernant les deux incendies chez Hydrapro.

“Le mardi 4 juillet 2023 vers 4h10, alors que le site est à l’arrêt, l’alarme incendie se déclenche au sein d’un bâtiment de 2850m² de l’entreprise Hydrapro (…). Ce bâtiment contient notamment des matières premières permettant la production de galets de chlore pour piscine et des produits non-conformes réutilisés dans le process de fabrication” note dans un premier temps le BEA-RI.

“L’incendie, qui a pris naissance dans des bennes de stockage de broyats de produits non-conformes, s’est propagé à des big-bags de matières premières situés à proximité” explique le Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels. Dans les heures qui suivent l’extinction de L’incendie “une société spécialisée dans le traitement des déchets est contactée afin de remettre le site en état”.

“Le vendredi 7 juillet 2023, le Plan d’Opération Interne (POI) sera à nouveau déclenché vers 5h40 en raison d’un dégagement de fumée ayant pour origine 4 bennes ayant servi à récupérer les déchets du premier accident. La Préfète de département déclenchera le PPI (Plan Particulier d’Intervention) à la suite de cette seconde intervention qui sera levé un peu avant 9h00″ récapitule le BEA-RI dans sa synthèse.

Dans son rapport en date du 24 décembre 2024, le BEA-RI dresse une liste de recommandations à destination de l’entreprise Hydrapro de Lédenon à la suite de ces deux incendies.

Il est notamment question de :

• améliorer la procédure d’intervention en cas d’astreinte (…);

• renforcer la procédure de nettoyage des filtres (…);

• renforcer, dans le cadre du POI, la capacité de conseil du chef d’établissement ou de son représentant auprès du commandant des opérations de secours (COS);

• veiller à préserver l’ouverture des différents accès aux bâtiments en cas de coupure des énergies;

• stocker en petites quantités les rebuts de produit plutôt qu’en gros volumes de 1m3 (…);

• utiliser des bennes capotées pour les déplacements de produit entre les bâtiments (…);

• poursuivre la recherche de graisses alternatives qui conviennent aux outillages et compatibles avec les produits employés (…);

• disposer d’une capacité de dilution des bennes de produits facilement accessible et rapidement mobilisable;

• identifier dans le POI une zone d’isolement d’une quantité de matière sur laquelle une réaction est constatée et permettant une intervention aisée des services de secours.

L’entreprise ayant dépollué le site Hydrapro a également été visée par le BEA-RI. Il lui a notamment été demandé :

• d’adapter le mode de surveillance des déchets en attente de traitement en fonction des risques présentés;

• d’organiser, lorsque cela est possible, le chantier de dépollution en conservant les accès aux équipements ou aux ouvrages contribuant à la sécurité du site ou susceptibles de devoir être utilisés au cours de l’intervention.