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Culture de sécurité : points de vue
« Qu’est-ce qu’évoque pour vous la culture de sécurité ? ». Nous avons posé la question à plusieurs professionnels du secteur, aux parcours et aux missions variées, afin de mieux cerner cette notion et la richesse de ses déclinaisons.
Ghislaine Verrhiest-Leblanc
Directrice générale de l’Association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques (AFPCNT).
« La culture du risque et/ou de la sécurité, qu’est-ce que cela implique ?
La “culture” renvoie à l’idée de partager, de cultiver et d’habiter, aux manières de faire et de penser. En matière de sécurité, elle désigne la nécessité d’échanger et de s’adapter pour prévenir, gérer et faire face aux risques au sein des organisations et, plus largement, de la population. Il s’agit de connaître, comprendre pour agir en s’organisant en conséquence. La formation, l’information et la volonté collective et individuelle jouent un rôle central dans ce processus d’acculturation.
L’anticipation, la préparation et l’adaptation par la mobilisation des potentiels techniques, humains et organisationnels en sont des piliers.
Du point de vue temporel, cette culture implique de tirer des leçons des crises passées pour mieux anticiper celles à venir. Elle doit être ancrée dans la réalité quotidienne, par des actions de terrain inclusives en mobilisant chaque individu et chaque organisation.
L’AFPCNT, avec ses partenaires, œuvre pour cette sensibilisation en proposant des outils adaptés à tous, pour que la culture du risque et de la sécurité devienne l’affaire de chacun.
Agissons ensemble face aux risques naturels et technologiques, pour assurer notre sécurité collective ! »
Institut de culture de sécurité industrielle (Icsi)*
« La culture de sécurité est un ensemble de manières de faire et de manières de penser largement partagées par les acteurs d’une organisation à propos de la maîtrise des risques les plus importants liés à ses activités :
- on ne peut pas changer durablement les comportements en sécurité sans faire évoluer le regard porté par tous les acteurs sur la sécurité et son importance ;
- on ne peut pas changer les manières de penser sans faire évoluer les signes concrets donnés par la ligne hiérarchique.
La culture de sécurité est construite par les interactions entre les acteurs, dans le cadre d’une organisation qui doit à la fois s’adapter à son environnement et assurer l’intégration de ses membres.
La culture de sécurité reflète la place que la culture organisationnelle donne à la sécurité dans toutes les décisions, tous les services, tous les métiers et à tous les niveaux hiérarchiques. »
* L’Icsi n’ayant pas répondu à notre sollicitation, nous reprenons une définition de la culture de sécurité présente dans le document « L’essentiel de la culture de sécurité », sur son site www.icsi-eu.org.
Catherine Orange
Responsable QHSE dans le secteur de l’industrie chimique, présidente du Centre d’étude pour la prévention de l’incendie (Cepi).
« La culture de la sécurité est essentielle pour prévenir les accidents majeurs et protéger les employés, l’environnement et les populations environnantes. Une culture de la sécurité solide implique la sensibilisation continue des employés aux dangers spécifiques ainsi que la formation régulière sur les procédures d’urgences. L’objectif est de développer une responsabilité collective où chaque employé est acteur de la prévention des risques. »
Alexandra Le Gall
Membre de l’association Femmes de la sécurité, chargée de mission santé sécurité dans une entreprise française du second œuvre du BTP.
« La culture santé sécurité, c’est un ensemble. Un premier socle lié à la technique, aux procédures. Un second : des règles basées sur les risques majeurs, communes à toute l’entreprise, connues de tous, appliquées par tous. Un troisième : des managers engagés et leaders en matière de santé et sécurité, mais aussi des salariés impliqués. En plus de ces piliers, il faut des remontées de terrains analysées, une vigilance partagée et une démarche de “Stop“ des situations dangereuses déployée à l’ensemble de l’entreprise intégrant les facteurs humains et organisationnels, dont les retours d’expériences sont partagés.
Au-delà de la culture sécurité et pour qu’elle soit performante, il faut développer une culture juste basée sur la transparence des sanctions appliquées à tous les niveaux et des récompenses et/ou félicitations pour les actions proactives en matière de santé sécurité (partage de bonnes pratiques, innovations technologiques ou organisationnelles, etc.), tout en reconnaissant le droit à l’erreur.
La culture santé sécurité et la culture juste ne sont pas une affaire de spécialistes, de gestionnaires de risque. Cela concerne tout le monde, tous rassemblés autour d’un objectif et d’un enjeu communs. »
Henri Kaltembacher
Directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels (BEA-RI).
« La culture de la sécurité représente l’ensemble des valeurs, comportements et pratiques qui sont partagés au sein d’une entreprise pour garantir la santé et la sécurité des collaborateurs ainsi que des installations. Elle revêt une importance capitale pour assurer la protection des personnes et garantir la pérennité des activités industrielles.
Il est essentiel que ce concept soit le plus concret possible. Dans le cadre de nos enquêtes, nous mettons en évidence que la culture de la sécurité passe par des actions tangibles dans l’ensemble de ses composantes (engagement de la direction pour établir la sécurité comme priorité, formation et sensibilisation aux risques, politiques opérationnelles et maintenance pour une gestion durable des matériels, culture juste de la sécurité) car c’est là que réside son efficacité. C’est donc avant tout dans ces déclinaisons pratiques que la culture de la sécurité peut progresser. »
Eymeric Fernandez Iglesias
Chef d’équipe du service sécurité incendie et sûreté dans un grand hôpital, ancien pompier volontaire du Loiret durant 18 ans.
« La culture de sécurité m’évoque deux choses, étroitement complémentaires : c’est tout d’abord une posture que doit afficher la personne qui a été formée à la sécurité, vis-à-vis des autres personnes qui sont moins sensibilisées à cette question. Les professionnels de la sécurité doivent en quelque sorte incarner cette culture de sécurité et se rendre disponibles pour sensibiliser, rassurer et protéger les autres.
Le deuxième volet, qui est aussi vraiment important à mes yeux, tient à la formation. “Formez-vous aujourd’hui pour intervenir demain“, tel pourrait être le slogan.
Au niveau national, cela peut se concrétiser par la formation aux premiers secours pour tout un chacun. Si on arrive à sensibiliser et à former suffisamment de personnes sur les sujets de sécurité, alors demain nous serons prêts pour faire face à une situation de danger. »
Article extrait du n° 605 de Face au Risque : « Culture de sécurité » (janvier-février 2025).
Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef
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