Incendies de bus électriques de la RATP : le BEA-TT fait sept recommandations dans son rapport d’enquête

31 octobre 20245 min

Le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) a rendu son rapport, le mercredi 30 octobre 2024, à la suite des deux incendies de bus électriques survenues en avril 2022 à Paris. Sept recommandations ont notamment été apportées.

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Les 4 et 29 avril 2022, deux bus électriques – conçus par la société Bluebus (groupe Bolloré) et utilisés par la RATP (Régie autonome des transports parisiens) sur son réseau – prenaient feu en plein Paris.

Le mercredi 30 octobre 2024, soit plus de deux ans après ces événements, le BEA-TT (Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre) a rendu ses conclusions dans un rapport d’enquête de 31 pages produit en relation avec le BEA-RI (Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels) et intégrant les analyses réalisées par l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques), le LCPP (Laboratoire central de la préfecture de police) et Bluebus, en tant que constructeur des véhicules électriques concernés par les incendies.

Les conclusions de l’enquête du BEA-TT

Le rapport décrit la conception des Bluebus IT3 : la motorisation est assurée par un moteur électrique synchrone à aimants permanents alimenté en courant continu sous une tension de 650 V par des batteries de type « Lithium métal-polymère » (LMP). Les batteries LMP utilisées pour la traction sont de technologie entièrement solide. Chaque pack de batterie développe une énergie de 63 kWh et fonctionne sous une température interne de 80 °C. Six batteries haute tension sont présentes, dont quatre sont montées en toiture et deux dans le compartiment arrière.

Si l’on en croit les conclusions du rapport du BEA-TT, la probable cause directe de ces deux incendies serait “un court-circuit intercellules caractérisé par un emballement thermique survenu au niveau des batteries haute tension qui alimentent la motorisation de ces véhicules entièrement électriques”.

Le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre en conclut notamment que les investigations menées ont déterminé l’existence d’un défaut “au niveau du processus de fabrication des batteries”.

“Ce constat a conduit le fabricant, en accord avec le service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs (SSMVM), à engager un rappel auprès des détenteurs de batteries du même type et des détenteurs de véhicules qui en étaient équipés” est-il par la suite expliqué dans ce rapport d’enquête du BEA-TT. En outre, le rapport met l’accent sur “un retard dans la définition des règlementations techniques appliquées à ces véhicules modernes lors de leur homologation”.

Pour rappel, à la suite de ces deux incendies qui n’avaient fait aucune victime, la RATP avait retiré de son parc en exploitation l’ensemble des véhicules du même modèle. Ce retrait concernait au total 150 véhicules électriques Bluebus, dont une partie en cours de fabrication.

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La liste des sept recommandations du BEA-TT

Sur son site internet, le BEA-TT dresse enfin la liste de ses sept recommandations à la suite de ces deux incendies impliquant des bus électriques aux batteries lithium-ion.

  •  Détection de défauts et signalement d’alarmes

Recommandation 1, à destination de Bluebus : “anticiper les mesures prévues dans la série d’amendement n°3 du règlement n°100 en matière d’avertissement du conducteur sur les défaillances susceptibles de conduire à un départ de feu” ;

  • Règlementation en matière de sécurité électrique des véhicules

Recommandation 2, à destination de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) : “engager auprès de l’ONU les discussions visant à réviser le règlement n°100 pour adapter les prescriptions et les essais à tous les types de technologies, notamment en matière de résistance au feu” ;

Recommandation 3, à destination de Bluebus : “s’assurer que les SRSEE (véhicules à moteur et aux systèmes rechargeables de stockage d’énergie électrique – Rechargeable energy storage systems) ont des performances de résistance au feu comparables à celles exigibles uniquement pour ceux contenant des électrolytes liquides et le cas échéant prévoir des mesures d’exploitation adaptées” ;

  • Protection des passagers d’une montée en température ambiante

Recommandation 4, à destination de Bluebus : “renforcer la protection thermique en toiture, afin de retarder voire empêcher sa fusion et permettre ainsi une évacuation complète des passagers en sécurité” ;

  • Protection des passagers des émissions de métal en fusion

Recommandation 5, à destination de Bluebus : “développer et mettre en œuvre une solution technique permettant de limiter les projections de métal en fusion lors d’incendies, notamment au niveau des issues des véhicules” ;

  • Recherches en matière de lutte contre l’incendie

Recommandation 6, à destination de la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) : “assurer un pilotage national de la répartition des recherches en matière de lutte contre l’incendie concernant des véhicules à technologie nouvelle (électriques, à hydrogène, à gaz comprimé, etc.)” ;

  • Information des services de secours sur les véhicules impliqués

Recommandation 7, à destination de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) : “engager auprès de l’UE les discussions visant à imposer dans un délai raisonnable l’application du règlement 2015/758, relatif à un système e-Call embarqué, à toutes les catégories de véhicules à moteur”.

Le BEA-TT lance également deux invitations

Notons enfin que le BEA-TT a par ailleurs transmis deux invitations dans son rapport :

Une invitation à destination de Bluebus visant à “assurer la transmission, l’enregistrement et le stockage sur une période adaptée (a minima 5 jours) des données susceptibles de fournir des éléments explicatifs sur les conditions accidentelles, afin de permettre la mise en œuvre rapide de vérifications, de la maintenance corrective, ou d’améliorations techniques ultérieures” ;

Une invitation à destination de la DGEC visant à “introduire auprès de l’ONU et/ou de l’Union européenne une réflexion visant à définir des règles de réception des véhicules relatives à l’enregistrement et au stockage des données susceptibles de fournir des éléments explicatifs sur les conditions accidentelles afin de permettre des améliorations techniques ultérieures”.

En savoir plus

Retrouvez le rapport d’enquête du BEA-TT en version intégrale.

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Eitel Mabouong – Journaliste

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