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Explosions au complexe gazier de Pasadena, il y a 35 ans
Jusqu’à six explosions, dues à une série de dysfonctionnements organisationnels et humains, retentissent ce 23 octobre 1989 dans le complexe chimique de Pasadena près de Houston au Texas.
Le lundi 23 octobre 1989, des travaux de maintenance, qui ont débuté la veille, se déroulent dans le complexe chimique Phillips Petroleum Company à Pasadena au Texas (États-Unis). Ce site produit du polyéthylène, un plastique utilisé pour des contenants alimentaires.
Une société extérieure, la Fish Engineering and Construction, est sur place pour nettoyer trois des six branches de décantation reliées à un réacteur de fabrication en cours de fonctionnement. Pendant ces opérations, par mesure de sécurité, les vannes d’isolement des branches de décantation restent fermées et les tuyaux d’air comprimé qui les actionnent sont déconnectés.
L’origine de l’accident
Mais vers 13 h, les 40 tonnes de gaz inflammable contenues dans le réacteur s’échappent par une vanne d’isolement. Le nuage de gaz s’enflamme « au contact d’une des multiples sources d’ignition présentes à proximité », décrit le Barpi dans sa fiche Aria n° 891, puis explose. La puissance de cette explosion est comparable à un séisme de 3,5 sur l’échelle de Richter. L’enquête identifiera qu’en salle de commande, il était indiqué à tort que la vanne était fermée alors qu’elle était ouverte. Les tuyaux d’air comprimé actionnant l’ouverture et la fermeture de cette vanne avaient malencontreusement été inversés lors de la dernière reconnexion…
Une dizaine de minutes après cette première explosion, ce sont deux réservoirs de stockage d’isobutane qui explosent. Puis suivent plusieurs autres explosions.
Durant la maintenance, la vanne d’isolement des branches de décantation doit être fermée et les tuyaux d’air comprimé qui l’actionne déconnectés.
Une difficile intervention des pompiers
Les pompiers du site interviennent rapidement, rejoints bientôt par ceux des usines voisines et par les pompiers des services incendie. Les difficultés d’approvisionnement en eau entravent leurs actions. En effet, le réseau incendie est fortement endommagé et la pression est insuffisante pour lutter contre les divers feux qui se sont déclarés sur le site. Il faut aller chercher l’eau dans des sources éloignées : bassins de décantation, usine voisine, canal de Houston…
Les incendies sont enfin maîtrisés après 10 heures de lutte.
L’ampleur des dégâts, les risques d’explosion et d’effondrement des structures et la chaleur due aux rayonnements retardent les opérations de recherche des victimes. Le bilan final fait état de 23 morts (19 employés de Phillips et 4 de Fish Engineering) et 314 blessés.
Les dégâts matériels sont immenses. Les deux unités de polyéthylène sont totalement détruites. « Des débris sont retrouvés jusqu’à 10 km du lieu de l’explosion (…) les maisons et bâtiments sont endommagés dans un périmètre de 6 à 7 km », liste le Barpi.
768 violations retenues par l’Osha
L’Osha, l’agence fédérale américaine chargée de l’inspection du travail, a mené une enquête dont les conclusions, rendues le 19 avril 1990, ont fait apparaître de nombreux dysfonctionnements, parmi lesquels :
- l’absence d’analyse des risques liés aux processus ;
- des procédures opérationnelles inappropriées ;
- une vanne de sectionnement sans sécurité ;
- une procédure d’autorisation de maintenance inadéquate ;
- des procédures de verrouillage / étiquetage inadaptées ;
- une absence de système de détection et d’alarme de gaz combustibles ;
- la présence de sources d’inflammation ;
- des systèmes de ventilation inadéquats pour les bâtiments voisins ;
- un système de protection incendie non maintenu…
L’agence émet 575 violations à l’encontre de Phillips Petroleum Company et propose de lui infliger une amende de 5,6 M$ (5,2 M€). À l’encontre du sous-traitant Fish Engineering and Construction, l’Osha retient 193 violations avec une amende proposée de 729 600 $ (675 365 €).
Le complexe chimique de Pasadena sera le théâtre de deux nouveaux accidents : l’un en juin 1999 (2 morts et 4 blessés), l’autre en mars 2000 (1 mort et 71 blessés, dont 4 graves).
Martine Porez – Journaliste
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