Résilience Tour : diffuser la culture du risque dans les territoires
La veille de son lancement, la 3e édition du « Résilience Tour » a été présentée à la presse par ses deux co-organisateurs, l’IRMa (Institut des risques majeurs) et l’AFPCNT (Association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques). L’occasion de revenir sur les enjeux de cet événement itinérant, dont l’objectif principal est la sensibilisation aux risques des populations et élus locaux des territoires.
Initié par l’IRMa en 2022, le « Résilience Tour » a pour principe d’aller à la rencontre des populations locales pour les sensibiliser aux risques naturels et technologiques.
Comme l’a rappelé le journaliste Fred Courant (co-animateur de l’émission «C’est pas sorcier»), mandaté par la ministre Barbara Pompili fin 2020 à la suite de l’incendie de Lubrizol et Normandie Logistique pour établir un rapport sur l’état des lieux de la culture du risque en France, cette initiative s’inscrit dans la lignée de l’une des 12 propositions émises dans les conclusions du rapport en 2021.
La proposition n° 4 du rapport recommandait en effet de « créer des unités mobiles pour aller à la rencontre des habitants », une sorte de « caravane du Tour de France » destinée à porter la bonne parole en matière de risques naturels et technologiques.
« Ensemble, face aux risques majeurs »
Tel est le slogan du « Résilience Tour », qui positionne d’entrée l’aspect collectif, pour ne pas dire sociétal, de la connaissance des risques. Une condition essentielle de la résilience. « Notre objectif est d’améliorer la culture du risque et de faire connaître les bons réflexes, expose Serge Taboulot, président de l’IRMa. L’acculturation de tous les publics participe à réduire les conséquences des catastrophes ».
A noter que le Résilience Tour s’inscrit également en cohérence avec la journée nationale « tous résilients face aux risques » instituée le 13 octobre (dont elle a été lauréate à deux reprises).
Une culture du risque déclinée à l’échelle départementale
Soutenu par le ministère de la Transition écologique, le « Résilience Tour » édition 2024 est co-organisé par l’IRMa et l’AFPNCT depuis 2023. Afin de mailler au mieux les 13 étapes décidées à l’échelle départementale, les deux entités ont fédéré autour d’elles une dizaine de partenaires nationaux (le petit dernier étant la Fédération nationale de protection civile) ainsi qu’un grand nombre d’acteurs locaux (ils étaient 230 en 2023).
« La culture du risque nous renvoie à ce que nous sommes, notre posture dans la société et l’environnement, affirme Ghislaine Verrhiest-Leblanc, directrice générale de l’AFPCNT. Il faut renouer le lien avec les territoires et faire passer le message que les risques sont une réalité, pas une fatalité. Face aux risques, l’unité est importante. La dimension humaine implique que les réponses doivent être co-construites au sein des territoires ».
La vidéo de présentation des valeurs du Résilience Tour.
Acculturation aux risques : un paradoxe et des freins
Les enjeux de la sensibilisation des divers publics composant un territoire sont nombreux. A commencer par la résolution d’un paradoxe, révélé par le dossier de presse du « Résilience Tour » : alors que les enquêtes d’opinion révèlent que de nombreux Français estiment ne pas être suffisamment informés des risques majeurs, il est à noter que les initiatives de sensibilisation organisées par les autorités ne suscitent que rarement l’engouement massif de la population. Le citoyen Français ne s’intéresserait-il aux risques qu’en réaction, a posteriori et une fois qu’il est trop tard, alors qu’il est plus utile de faire de la prévention ? Ou bien la communication des autorités serait-elle trop institutionnelle, impersonnelle et univoque pour atteindre sa cible ?
La sensibilisation des jeunes générations, et plus généralement des populations les plus vulnérables, est aussi un autre défi. A ce sujet, le journaliste Fred Courant révèle un frein surprenant rencontré au cours de sa mission de rapporteur : « à mon grand étonnement, je me suis rendu compte qu’il était très dur d’entrer dans l’école au niveau du ministère de l’Éducation nationale. Heureusement, une fois passé au niveau régional de l’académie, cela devient plus souple, plus humain ».
Un autre frein provient de la nature même des sujets abordés, potentiellement anxiogènes : comment susciter l’adhésion des populations à des thématiques évoquant les dangers, les crises, les catastrophes ? « C’est compliqué, notamment du côté des élus locaux, mentionne Fred Courant. Il faut éviter de faire peur, notamment par crainte de faire fuir les touristes ». A ce sujet Ghislaine Verrhiest-Leblanc a insisté sur la « communication positive » autour du risque, et sur la multiplicité des actions développées sur le « Résilience Tour ».
Des risques pluriels, des messages délivrés à l’unisson
Renforcement de risques déjà connus, nouveaux risques liés à de nouvelles vulnérabilités, variété des risques selon les territoires, pluralité des perceptions du risque selon l’histoire personnelle de chacun : les enjeux de sensibilisation auquel doit faire face le « Résilience Tour » sont importants.
Puisque le risque avance généralement masqué aux yeux des populations profanes, paré d’apparences diverses, alors les actions entreprises pour le rendre visible et compréhensible tout au long des étapes du « Résilience Tour » sont elles aussi multiples : conférences, tables rondes, démonstrateurs d’inondation, mais aussi pièces de théâtres, soirées ciné-débat, escapes games, stands et animations sont au programme durant tout ce trimestre de sensibilisation.
Le « Résilience Tour », c’est du 19 septembre au 15 décembre 2024 au sein de 13 territoires (y compris de l’Outre-Mer), avec plus de 100 opérations visant à sensibiliser, informer et former les populations et acteurs locaux aux risques majeurs. Qu’on se le dise !
En savoir plus
Consultez le site internet du Résilience Tour.
Article extrait du n° 604 de Face au Risque : « Notre-Dame : la sécurité incendie renforcée » (novembre-décembre 2024).
Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef
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