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Tempêtes de 2023 : le Pas-de-Calais sous les eaux
Le département du Pas-de-Calais a connu des phénomènes météorologiques intenses à l’automne 2023. Retour d’expérience des inondations induites par les tempêtes sur les installations industrielles.
Au mois de novembre 2023, la France métropolitaine a été touchée par deux violentes tempêtes : Ciarán et Domingos, suivies de la dépression Élisa. Ces épisodes météorologiques, très marquants pour les populations concernées, n’ont pas été sans impact sur les installations industrielles, en raison des forts vents, mais aussi des pluies et/ou inondations conséquentes associées.
Fortes pluies et crues exceptionnelles
Les fortes pluies, notamment générées par la dépression Élisa, se sont concentrées à partir du 5 novembre 2023 sur le nord-ouest du Pas-de-Calais et se sont cumulées aux précipitations importantes des jours précédents. Cet épisode pluvieux, qui a duré jusqu’au 10 novembre, a provoqué des crues exceptionnelles sur certains cours d’eau, notamment la Liane, la Canche et l’Aa. Une accalmie est intervenue les 11 et 12 novembre avant une reprise des pluies le 13 novembre. Une large zone géographique, comprenant de nombreux sites industriels, a été concernée. Des montées des eaux se sont répétées à quelques jours d’intervalle, en lien avec les crues récurrentes. L’état de catastrophe naturelle[1] a d’ailleurs été reconnu le 15 novembre 2023 pour 181 villes du Pas-de-Calais, à la suite des dommages causés par les inondations et les coulées de boue survenues entre le 2 et le 12 novembre.
Pour les entreprises touchées par les inondations dans le Pas-de-Calais, les dégâts matériels ont été majeurs avec des pertes financières s’élevant parfois à plusieurs millions d’euros.
L’impact des inondations sur le tissu industriel
Huit événements, en lien avec ces épisodes météorologiques remarquables, touchant des installations industrielles dans le Pas-de-Calais, ont été recensés dans la base de données Aria. Ni mort, ni blessé n’ont été recensés. Par ailleurs, aucun phénomène dangereux (incendie, explosion ou rejet de matières dangereuses ou polluantes) n’a été observé. Toutefois, les dégâts matériels ont été majeurs avec des pertes financières s’élevant parfois à plusieurs millions d’euros.
Prévention et protection
Les événements industriels liés aux pluies et aux inondations ne sont pas inéluctables et des marges de progrès existent afin de limiter leurs conséquences. Cela passe par une bonne prise en compte du retour d’expérience. En premier lieu, le suivi des prévisions météorologiques est indispensable, mais également des cartes du site d’information sur le risque de crues des cours d’eau (Vigicrues). Une identification préalable des zones pouvant être inondées est nécessaire et doit être accompagnée de l’évaluation de l’intensité potentielle de l’aléa (débit, hauteur d’eau, durée de submersion, vitesse de montée des eaux, typologie des phases de crue et de décrue…).
Il est important que les exploitants disposent, avant la survenue de l’événement météorologique, de moyens permettant de limiter la pénétration de l’eau sur leur site (tels des batardeaux, clapets antiretour sur les réseaux d’évacuation des eaux…) et anticipent les mesures à mettre en place pour limiter les impacts de l’arrivée d’eau, tels que le déplacement ou la surélévation de produits ou déchets dangereux – et notamment ceux réagissant avec l’eau – ou la limitation d’objets stockés en extérieur pouvant être emportés et générer des embâcles.
La perte d’alimentation électrique
L’attention des exploitants doit également se porter sur les pertes d’alimentation électrique et leurs conséquences sur les sites industriels. Au-delà de disposer d’une alimentation de secours, leur vigilance doit se porter sur les équipements nécessitant d’être secourus, la durée d’autonomie nécessaire, ainsi que les conditions de mise en œuvre de cette alimentation secondaire. En effet, en cas de fortes pluies et d’inondations, de nombreuses routes peuvent être coupées empêchant notamment le déplacement des employés, mais également les approvisionnements en équipements de secours et carburant.
L’attention des exploitants des sites industriels doit également se porter sur les pertes d’alimentation électrique et leurs conséquences.
Pompage et retour à la normale
Enfin, les exploitants doivent estimer leur besoin de capacités de pompage, nécessaire dans des situations impactant une zone géographique importante et durant laquelle la mobilisation des secours publics est principalement orientée vers l’assistance aux populations. Cette phase de pompage et la phase de nettoyage qui suit sont indispensables avant tout « retour à la normale » et ne doivent pas être négligées en raison de leur temporalité et des conséquences sociales souvent associées (chômage technique des salariés). L’anticipation et la préparation à la survenance de tels événements sont donc indispensables, d’autant qu’un quart des Français est aujourd’hui exposé au risque inondation, risque pouvant être aggravé par le changement climatique.
[1] L’état de catastrophe naturelle est une garantie mise en place par l’État depuis 1982 afin d’indemniser les victimes d’épisodes naturels rares (sécheresse, orages violents, inondations, coulées de boue, avalanches, séismes…). Un arrêté interministériel précise les communes reconnues en état de catastrophe naturelle, les périodes pendant lesquelles les faits se sont produits et la nature des dommages causés par la catastrophe naturelle.
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Consultez la synthèse du Barpi sur le retour d’expérience des tempêtes de 2023, plus complète que cet article.
Ce document synthétise les éléments enregistrés dans la base de données Aria concernant les installations classées pour la protection de l’environnement soumises à autorisation. Il met en exergue les enseignements tirés de ces événements météorologiques sur les installations industrielles. Il est illustré d’exemples issus de la base de données Aria dont les résumés sont cités en tout ou partie. Cette synthèse permet de rappeler les bonnes pratiques pour se prémunir ou limiter les conséquences des incidents et accidents industriels lors des épisodes de tempête.
Article extrait du n° 603 de Face au Risque : « Le risque inondation » (septembre-octobre 2024).
Aurélie Baraër
Chargée de mission au Bureau d’analyse des risques et pollutions industriels (Barpi)
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