Barrières anti-inondations : 26 caractéristiques techniques

5 septembre 20247 min

En 2022, la Mission risques naturels (MRN) et la Fédération française du bâtiment (FFB) ont initié des travaux afin de mieux connaître les solutions de protection du bâtiment face aux inondations. Elles ont publié en avril 2024 un rapport technique sur les barrières anti-inondations, aussi appelées « batardeaux ».

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« L’efficacité des batardeaux repose sur différents critères tels que l’étanchéité, la résistance à l’action de l’eau et aux matériaux transportés ou encore la bonne adéquation vis-à-vis de l’ouvrage qu’ils protègent. Or, à ce jour, il n’existe pas de référentiel permettant d’établir clairement les modalités d’installation et les critères de performance de ces dispositifs. Cela rend difficiles l’évaluation de leur efficacité et la comparaison des produits disponibles sur le marché », explique Sarah Gerin-Chassang, directrice de la Mission risques naturels (MRN).

Dans ce contexte, la MRN et la FFB (Fédération française du bâtiment) ont mené une étude approfondie, basée sur une enquête réalisée auprès de 38 fabricants et/ou distributeurs de batardeaux ainsi que sur une étude documentaire. Ce travail a permis d’identifier vingt-six caractéristiques techniques permettant de décrire un batardeau, que les entreprises exposées aux inondations peuvent prendre en compte pour choisir leurs protections. Elles sont classées en quatre catégories.

Illustration batardeaux © Rapport technique : Barrières anti-inondations apposées et périmétriques, MRN - FFB, avril 2024

Les barrières apposées ou périmétriques visent à obstruer de manière amovible ou permanente les ouvertures d’un bâtiment et sont de nature à réduire sensiblement leur vulnérabilité en cas d’inondation. Elles sont mentionnées dans les plans de prévention des risques d’inondations (PPRI) ou encore dans l’arrêté du 23 septembre 2021. Elles sont, à ce titre, éligibles au Fonds de prévention des risques naturels majeurs (dit « fonds Barnier »).

Caractéristiques liées au choix d’un système

1 Protection intégrée ou déportée de l’ouvrage : en fonction du terrain, de la présence ou non de murs de clôture, du nombre d’ouvertures à protéger…

2 Nature de l’ouverture à protéger : les barrières peuvent être dédiées spécifiquement à des portes, des entrées de parking…

3 Protection complémentaire ou par substitution : dans le premier cas, les barrières se posent en surimposition aux éléments d’ouvrage, dans le second, un produit comme une porte intègre, en complément de sa fonction usuelle, la fonction d’étanchéité à l’eau.

4 Protection temporaire ou permanente : une protection permanente sera privilégiée en cas de vitesse d’élévation de l’eau rapide avec un temps très limité pour mettre en œuvre les protections ou encore en cas d’absence d’espace de stockage pour entreposer le batardeau. Le coût ou les contraintes d’installation sont également à prendre en compte.

5 Protection autonome ou nécessitant une intervention humaine. Concernant les dispositifs autonomes, ils peuvent être passifs (des flotteurs permettent à la barrière de se déployer lors de la montée des eaux) ou pilotés (le déclenchement est commandé par l’intermédiaire de capteurs).

6 Milieu d’utilisation prévu (eau douce et/ou eau salée).

7 Durée de montage : il faut prendre en compte différents paramètres (la distance entre la zone de stockage et le lieu de mise en œuvre, le temps de montage moyen par mètre linéaire…).

8 Possibilité ou non de réaliser le montage en présence d’eau.

9 Diagnostic préalable nécessaire : établi par le professionnel qui commercialise/installe le dispositif ou la personne qui réalise le diagnostic global de vulnérabilité du bâtiment. Il prend en compte l’environnement, les hauteurs des plus hautes eaux connues, le type de bâtiment, le type et nombre d’ouvertures à protéger…

10 Conditions de stockage : degré d’exposition aux rayons UV, variations de température ou encore volume nécessaire.

Caractéristiques liées au dimensionnement de la protection

11 Largeur maximale du produit : les dispositifs peuvent être monoblocs de dimensions standardisées, déclinés en différents éléments standardisés (300 / 600 / 900 mm), modulables ou réalisés sur mesure.

12 Hauteur totale (définie entre la surface d’appui et l’arase supérieure de la barrière) et hauteur de protection standard qui doit répondre à deux critères : permettre l’accès des secours et ne pas constituer une retenue d’eau qui pourrait fragiliser la structure.

13 Poids à sec : il a une incidence sur la manutention et le temps nécessaire à la mise en œuvre.

14 Étanchéité hydrostatique, à savoir l’étanchéité à l’eau.

15 Étanchéité hydrodynamique (la résistance au courant et aux vagues).

16 Résistance aux chocs.

17 Charge à l’essieu : certaines protections dédiées à la protection des entrées de garage ou de parking doivent, en complément de leur résistance à l’eau, permettre de supporter la charge liée au passage de véhicules.

Caractéristiques liées à la mise en œuvre des protections

18 Présence d’une notice de montage ou de recommandation de pose pour mettre en œuvre correctement les parties fixes des barrières.

19 Typologie de pose et interface entre le bâti et la barrière.

20 Les éléments en interface entre le bâti et la barrière : la bonne mise en œuvre de la barrière peut nécessiter la mise en place d’éléments intermédiaires (ex. : profilé en U, bande d’appui…) ou la réalisation d’un ouvrage (ex. : caniveau technique) entre le batardeau et le bâtiment.

21 Tolérance dimensionnelle de la surface de pose : elle définit pour chacune des surfaces (parties horizontales, verticales…) les qualités géométriques (planéité) et de surface (propre, exempt de pulvérulence…).

Caractéristiques liées à l’usage et à l’entretien

22 Notice d’emploi et conseils d’entretien, essentiels pour que la barrière conserve ses caractéristiques tout au long de sa durée de vie.

23 Présence de détrompeurs : il s’agit de dispositifs qui permettent d’éviter un mauvais montage. Lorsque des batardeaux en utilisent, leur signalement et leur rôle doivent être systématiquement renseignés, pointe le rapport de la MRN et la FFB.

24 Durée de vie.

25 Avantages induits : certaines solutions peuvent permettre de répondre simultanément à d’autres enjeux (intrusion, PMR…) qu’il est pertinent d’identifier.

26 Contrat d’entretien/de service : ce paramètre permet de veiller à ce que les batardeaux conservent leurs fonctionnalités et soient opérationnels le jour donné.

Vers une norme française ?

Destinées aux acteurs susceptibles de prescrire, réaliser, poser et utiliser des batardeaux, ces 26 caractéristiques visent également à apporter une contribution aux travaux du comité de normalisation « dispositifs anti-inondations » d’Afnor initiés en 2023. Car si des protocoles d’essais permettent de caractériser les essais hydrostatiques, hydrodynamiques et de résistance aux chocs (via la norme anglaise « BS 851188-1 – Flood Resistance Products – Building Products. Spécification – Nov 2021), il n’existe pas de norme d’essai permettant de caractériser l’ensemble de ces performances.

L’étude de la MRN et la FFB met l’accent sur l’importance d’une terminologie unifiée et d’une documentation complète comprenant a minima quatre supports distincts standardisés :

  • une fiche technique permettant de choisir le système le plus adapté à la situation étudiée ;
  • une note de dimensionnement ;
  • une fiche de mise en œuvre ;
  • des notices d’utilisation et d’entretien courant, contenant également des informations spécifiques sur les actions à réaliser post-inondation (nettoyage spécifique, révision…).

L’objectif étant d’offrir un cadre d’exigences commun et de faciliter les démarches pour les particuliers et professionnels souhaitant acquérir et mettre en œuvre des batardeaux.

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Article extrait du n° 603 de Face au Risque : « Le risque inondation » (septembre-octobre 2024).

Gaëlle Carcaly – Journaliste

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