L’enquête du BEA-RI sur l’explosion du silo de Cristal Union

7 mars 20243 min

Le BEA-RI (Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels) vient de publier son rapport d’enquête sur l’explosion d’un silo de luzerne qui s’est produit le 7 janvier 2023 chez Cristal Union à Bazancourt (Marne).

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L’explosion dans un silo de Cristal Union

Il est 8h40 ce samedi 7 janvier 2023. Une explosion se produit au sein du silo de pellets de luzerne chez Cristal Union à Bazancourt (Marne), une coopérative agro-industrielle qui produit du sucre, de l’alcool, du bioéthanol et des aliments pour le bétail.

L’explosion est suivie d’un incendie à l’intérieur de la cellule impliquée qui, pourtant, était considérée comme vide. À ce moment-là, aucun personnel n’était sur place, il n’y a donc pas eu de victime. L’incendie a, quant à lui, duré plusieurs jours mais ne s’est pas propagé aux autres cellules du silo qui en compte quinze.

L’exploitant pensait que la cellule était vide mais, en réalité, de la luzerne était encore présente sur ses parois internes. « Le matin du 7 janvier, des plaques de luzerne se détachent de la paroi et chutent en fond de cellule, libérant de la poussière et des gaz de pyrolyse », indique le rapport.

La poussière s’enflamme et produit l’explosion. Celle-ci détruit le plancher béton ainsi que la partie supérieure du silo et le convoyeur qui sert au remplissage des cellules.

Les facteurs ayant joué un rôle dans l’explosion

Le BEA-RI relève dans son rapport plusieurs éléments qui ont pu jouer un rôle dans le déroulement de l’accident. Parmi ceux-ci, il met en exergue :

  • une mauvaise qualité des granulés de luzerne qui produisaient davantage de fines (poussière) qu’à l’accoutumée ;
  • le « bâtissage », c’est-à-dire la présence d’amas de pellets sur les parois de la cellule. Il a été sous-estimé par l’exploitant et ne faisait pas l’objet de mesures limitant ce phénomène ;
  • l’absence de transmission d’alarme ou de surveillance. Les capteurs de température ont mesuré une soudaine élévation de celle-ci mais sans personnel de surveillance ou de transmission d’alarme, aucune action n’a été entreprise ;
  • les surfaces des évents ont limité la surpression dans la cellule mais n’étaient pas suffisantes pour éviter la destruction du plancher .

Les recommandations du BEA-RI à l’exploitant

  • Évaluer l’impact, en termes de risques industriels, de l’augmentation des périodes de fortes chaleurs, en réinterrogeant les pratiques : gamme de filières employées, mode de stockage, mode de refroidissement.
  • Renforcer la surveillance des cellules pour identifier au plus tôt le risque d’auto-échauffement par une surveillance du monoxyde de carbone (CO) et un meilleur suivi des températures et des concentrations en CO dans les cellules, y compris durant les heures non ouvrées.
  • Améliorer l’efficacité des évents des cellules lors de la reconstruction.
  • Élaborer une stratégie de prévention et de gestion du risque d’auto-échauffement en recourant si besoin à des procédés de refroidissement et d’inertage.
  • Disposer d’une procédure d’intervention et de vidange des silos en cas d’incendie de cellule.
  • Réduire le risque lié à la présence de « bâtissage » en adaptant la conception des cellules ou en élaborant des méthodes de détection et de nettoyage pour éliminer les amas de pellets et de poussières sur les parois du silo.
  • Intégrer cette notion de « bâtissage » dans les termes employés en gestion de crise pour éviter tout risque de confusion entre une cellule vide et une cellule dont les parois comportent encore des amas de luzerne.
En savoir plus

Retrouvez le rapport complet et la synthèse du BEA-RI sur l’explosion de Cristal Union.

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Martine Porez – Journaliste

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