L’importance de la maintenance dans les systèmes d’extinction automatique sprinkleurs

28 septembre 202312 min

La maintenance et le suivi des systèmes d’extinction automatique à eau de types sprinkleurs sont des opérations essentielles pour garantir un fonctionnement optimal de l’installation de sécurité. Reste à connaître les indispensables sur ces opérations.

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Le référentiel Apsad R1

Ce référentiel est un incontournable lorsqu’il est question de maintenance des systèmes d’extinction automatique à eau de types sprinkleurs.

Il a pour objectif « d’accompagner les utilisateurs, prescripteurs et installateurs dans la conduite d’un projet de conception et d’installation de tels systèmes » est-il précisé en guise de présentation.

« Il définit l’ensemble des exigences minimales relatives à la conception, l’installation, la maintenance et la vérification périodique de ces systèmes. »

Quelle est l’utilité d’une opération de maintenance dans les systèmes d’extinction automatique sprinkleurs ?

« La maintenance sert à s’assurer de l’efficacité et de l’adéquation au risque du système qui est mis en place » confie Guillaume Janicaud, chef du service sprinkleurs à CNPP.

« Il faut s’assurer régulièrement que le système sprinkleur est suffisamment dimensionné pour couvrir le risque notamment en cas d’évolution d’activité. Les systèmes sprinkleurs sont des systèmes automatiques, il n’y a pas d’intervention humaine lorsqu’ils se déclenchent. Ils doivent ainsi être fiables et efficaces. Toutes les gammes de maintenance ont donc leur importance. Le bon respect de la périodicité et des opérations préconisées en termes de maintenance est primordial ».

« Tous les éléments doivent être maintenus régulièrement afin de garantir un système automatique efficace et fiable. »

Guillaume Janicaud, chef du service sprinkleurs chez CNPP.

Faute de cela, « le système qui était réputé automatique pourrait ne plus l’être. On se retrouverait alors avec une situation de mise en échec du système », avertit notre interlocuteur.

Maintenance et suivi des opérations : un rythme bien défini

Si l’on excepte la révision trentenaire (lire plus loin), sept périodicités différentes concernant les opérations sont inscrites dans le référentiel Apsad R1.

Selon les types d’opérations à réaliser, les suivis peuvent varier d’une vérification quotidienne à une vérification décennale.

Maintenance d’une chambre de compensation sur un poste de contrôle sprinkleur - Crédit: Equans France

Maintenance d’une chambre de compensation sur un poste de contrôle sprinkleur.

Vérification des postes de contrôle sprinkleur lors d’une maintenance réglementaire - Crédit: Equans France

Vérification des postes de contrôle sprinkleurs lors d’une maintenance réglementaire.

Ces opérations servent à s’assurer du bon fonctionnement du système sprinkleur. Il s’agit notamment de vérifier :

  • qu’il n’y a aucune signalisation d’alarme ou de défaut sur le tableau d’alarme ;
  • la remise en position ouverte des vannes d’arrêt des sources d’eau, des postes de contrôle et vannes secondaires ;
  • les contraintes de stockages liées au dimensionnement de l’installation (hauteur et distances libres) ;
  • que des équipements ne font pas obstacles à la diffusion de l’eau des sprinkleurs en cas de déclenchement ;
  • en période de gel, que les portions du réseau non protégées soient hors gel.

Ces opérations sont enregistrées sur les formulaires S1A Postes et S1A Sources afin d’assurer une traçabilité. Elles concernent :

  • les sources d’eau (contrôle du niveau d’eau des réserves dans les cuves, contrôle du démarrage automatique des pompes, essais de fonctionnement sur les sources d’eau…) ;
  • le moteur diesel du groupe motopompe (contrôle du préchauffage, contrôle du niveau d’huile, contrôle du niveau d’eau de refroidissement, contrôle de la tension des batteries…) ;
  • les postes de contrôle (contrôle des positions d’ouverture ou de fermeture des vannes et robinets, contrôle de fonctionnement de toutes les signalisations et reports d’alarmes, contrôle de la pression avant et après l’essai…).

Ces opérations sont enregistrées sur les formulaires S1B afin d’assurer leur traçabilité.

Le vérificateur d’une entreprise certifiée Apsad de service de vérification des systèmes sprinkleurs, remet un compte rendu de vérification périodique Q1 au terme de sa visite de contrôle.

Enregistrées sur les formulaires S1B, elles concernent :

  • le moteur diesel (entretien du moteur, vidange du moteur, nettoyage ou remplacement du filtre du système de refroidissement, remplacement des filtres à air, huile et gazole…) ;
  • l’accouplement moteur-pompe (contrôle de l’alignement et du verrouillage axial) ;
  • les postes antigel (vidange, appoint en antigel…) ;
  • les chandelles antigel visitables et le déshumidificateur (vidage et entretien).

Enregistrées sur les formulaires S1B, elles concernent :

  • les réserves d’eau et leurs accessoires (inspection, vidange, nettoyage et remise en service…) ;
  • les postes de contrôle (démontage, contrôle intérieur, détartrage, nettoyage) ;
  • les systèmes antigel (vidange, brassage, pesage, dosage et réinjection de la solution antigel) ;
  • les accessoires (compresseur d’air, vannes, clapets, appareils de mesure, gong hydraulique d’alarme…) ;
  • l’unité de stockage et de dosage (USD) / installation avec émulseur (contrôle de l’état de la poche, essai de concentration…) ;

Elles concernent les vannes à tige sortante (démontage, nettoyage, détartrage, remplacement du joint de tête de vanne…) et les vannes guillotine (démontage complet, nettoyage, détartrage, remplacement des joints…).

Il s’agit de vérifier le bac de pression et le réservoir hydropneumatique. Une épreuve hydraulique réglementaire des équipements sous pression est réalisée.

À l’issue de celle-ci l’organisme de contrôle peut se prononcer sur un renouvellement ou un déclassement.

La révision trentenaire, un cas spécifique

Comme il est précisé dans le référentiel Apsad R1 concernant cette révision, « l’objectif assigné est d’obtenir un niveau de sécurité comparable à celui procuré par l’application du référentiel Apsad R1 en vigueur. L’installateur doit, in fine, présenter un système conforme, les seules adaptations admises doivent avoir été présentées aux parties prenantes (assureurs, autorités, Dreal, etc.) et validées par CNPP préalablement aux travaux ».

Pour cette révision trentenaire, il est une fois encore recommandé de recourir aux services d’un installateur certifié.

1. Suivre à la lettre la périodicité des maintenances (ne pas rogner sur les prestations à exécuter).

2. Faire appel à un installateur certifié.

3. Contrôler que le prestataire est assuré pour les opérations de maintenance dans les systèmes d’extinction automatique sprinkleurs.

4. S’assurer des compétences de l’entreprise et de ses personnels.

5. Toujours être en alerte.

« La première chose à prendre en compte est que la maintenance est indispensable. Le second point est qu’elle ne se fait pas à la carte. Il faut suivre les prescriptions des référentiels et ne délaisser aucun organe du système », préconise Frédéric Proust de Johson Controls.

« La règle de bon sens pour des installations en veille, c’est de toujours être présent au rendez-vous d’une opération de maintenance et de ne jamais négliger une maintenance. Si on est dans un raisonnement laissant penser que tout va bien, c’est probablement là que quelque chose ne va pas bien se passer. Il n’y a pas de place pour l’à-peu-près », renchérit Bénédicte Bartholet d’Axima Sécurité Incendie.

« Il faut prendre tous les éléments du système en compte. Il ne s’agit pas de faire un contrôle uniquement sur la réserve d’eau, la tête sprinkleur ou le groupe de pompage… Tous les éléments ont leur importance, aucun n’est à laisser de côté. Chaque élément doit être pris en considération avec les autres éléments du système. Ils doivent tous être maintenus régulièrement afin de garantir un système automatique efficace et fiable », rappelle Guillaume Janicaud de CNPP.

Les phases préalables aux travaux de mise en conformité pour la révision trentenaire sont :

  • phase 1 : la visite initiale et l’étude de faisabilité ;
  • phase 2 : une investigation détaillée ;
  • phase 3 : la rédaction du cahier des charges et liste des travaux de révision trentenaire.

« Le cycle de vie d’un système est la conception et la réalisation, la délivrance d’un certificat N1, le maintien en condition du système, la vérification avec délivrance d’un Q1, la révision trentenaire, la délivrance d’un nouveau N1. L’installateur certifié intervient dans toutes ces phases », résume Frédéric Proust, directeur technique, fire & security France chez Johnson Controls.

« La première chose à prendre en compte est que la maintenance est indispensable. Le second point est qu’une maintenance ne se fait pas à la carte. »

Frédéric Proust, directeur technique, fire & security France chez Johnson Controls.

« Il est considéré que les évolutions, notamment au niveau du risque (évolution des process, des matériaux, évolution de la rugosité dans les canalisations, etc.), imposent leur prise en compte pour maintenir au système son niveau de performance. Il s’agit d’effectuer un comparatif des capacités du système avec le référentiel actuel et entreprendre les travaux pour “upgrader” le système », conclut-il.

Les principaux formulaires relatifs au suivi des opérations de maintenance sprinkleurs (extraits du référentiel Apsad R1)

Ce document est remis à l’exploitant par une entreprise (certifiée Apsad de services d’installation et de maintenance de systèmes d’extinction automatique à eau de type sprinkleurs) à l’issue de la conception et la réalisation d’un système sprinkleur.

Le certificat de conformité N1 regroupe les étapes d’analyse de risques, de mise en service des systèmes sprinkleurs, la visite de conformité réalisée par CNPP, le suivi des systèmes sprinkleurs, mais également les modifications, extensions ou remaniements du système.

Il s’agit d’un document permettant de répertorier le suivi des vérifications hebdomadaires à effectuer sur les postes de contrôle.

Ce formulaire a une finalité similaire au S1A postes, à la différence près qu’il est destiné au suivi sur les sources d’eau (et non sur les postes de contrôle).

Sur le même principe que les formulaires S1A Postes et Sources, ce document permet de tracer les opérations faisant l’objet de vérifications semestrielles, annuelles, triennales et autres.

Ce document répertorie les vérifications semestrielles effectuées par une entreprise certifiée Apsad.

« La participation de l’utilisateur est requise durant la vérification. Il s’agit d’un contrôle qualitatif, de performance et de vérifier l’adéquation du système à l’occupation des locaux. Tous les rapports Q1 sont transmis pour exploitation à CNPP. En cas de dysfonctionnement avéré, CNPP alerte l’assureur » explique Frédéric Proust de Johnson Controls.

À noter que « la mise en œuvre d’actions correctives afin de lever les non-conformités relevées dans le rapport Q1 conditionne la continuité de validité du certificat de conformité N1 », précise CNPP sur son site internet.

Intitulé « Formulaire N100 : avis de mise hors service et de remise en service d’un système sprinkleurs », ce document doit être établi dès lors qu’une partie ou que l’intégralité du système sprinkleur est mise hors service.

L’assureur et CNPP doivent être informés de cette mise hors service lorsque cette dernière est consécutive à un accident, un incident ou un sinistre et qu’elle est d’une durée supérieure à douze heures.

S’il s’agit d’une opération programmée (pour modifications, extensions ou entretien), l’utilisateur doit prévenir CNPP au moins 72 heures en amont de cette date d’interruption.

La question environnementale

Le cadre réglementaire entourant la maintenance des systèmes d’extinction automatique de type sprinkleur est compatible avec les avancées sur la question environnementale comme le fait savoir Bénédicte Bartholet, directrice commerciale chez Axima Sécurité Incendie, entité d’Equans France. Notre interlocutrice nous donne ainsi deux exemples d’innovation sur le domaine.

« Notre métier est très réglementaire. Nous avons néanmoins de plus en plus de solutions qui permettent de “verdir” notre maintenance. Il y a des kits de recyclage des eaux de refroidissement, qui permettent de recycler les eaux servant au refroidissement du moteur lors de l’opération de maintenance hebdomadaire du groupe motopompe diesel ».

Cette solution permet ainsi aux eaux utilisées pour cette maintenance de retourner dans la cuve après l’opération. Cela débouche sur une réduction en eau au sein de l’installation.

« Si on est dans un raisonnement laissant penser que tout va bien, c’est probablement là que quelque chose ne va pas bien se passer. »

Bénédicte Bartholet, directrice commerciale chez Axima Sécurité Incendie, entité d’Equans France.

« L’autre point relativement récent est le nettoyage des cuves d’eaux incendie, qui font entre 450 et 1 000 m³ d’eau. Autrefois pour les opérations de nettoyage, il fallait vider la cuve d’eaux, faire entrer les personnes pour qu’elles brossent la cuve et enfin de nouveau remplir la cuve. Aujourd’hui ce n’est plus nécessaire ! On fait à présent plonger les scaphandriers à l’intérieur des cuves. Ils interviennent avec un aspirateur et des caméras, pour s’assurer que la maintenance est effectuée correctement. Cela évite de vidanger l’eau », conclut-elle.

Un moyen notamment d’économiser jusqu’à 1 000 m³ pour les exploitants disposant d’un système d’extinction automatique à eau de type sprinkleur au sein de leur site.


Article extrait du n° 595 de Face au Risque : « Incivilités : quelles réponses ? » (septembre 2023).

Eitel Mabouong – Journaliste

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