Le terminal gazier du Havre en phase terminale
Pourquoi Robin des Bois, association de protection de l’Homme et de l’environnement, estime que l’emplacement dans le port du Havre (Seine-Maritime) qui a été choisi pour l’amarrage du navire Cape Ann, terminal méthanier flottant, a été fait au mépris de toutes les règles de sécurité maritime ? Explications de l’ONG.
Un cul de sac sans issue de secours
L’arrivée du Cape Ann est imminente. Il est à cette heure au large de Porto. Il devrait arriver au Havre vendredi. Ce navire FSRU (unité flottante de stockage et de regazéification) de 283 m de long sera amarré quai de Bougainville et alimenté par des méthaniers transportant le gaz sous forme liquéfiée à une température de moins 160° venant des États-Unis, du Qatar, d’Afrique et de Russie.
À Tianjin en Chine, le Cape Ann était amarré au bout d’une presqu’île artificielle de 15 km, loin du port commercial et de la ville, prêt à s’éjecter ou à être éjecté vers le large.
Le terminal gazier flottant du Havre, c’est tout le contraire. Il impose aux méthaniers à l’entrée ou à la sortie un parcours de 8 km à travers des bassins longeant un stockage de 4 millions de mètres cubes de pétrole et produits raffinés, le terminal croisière, des quartiers résidentiels et le franchissement de l’écluse François 1er. Les services de l’État prétendent qu’en cas d’alerte majeure, le navire FSRU sera en mesure « d’appareiller rapidement ». En fait, le Cape Ann et les méthaniers qui viendront l’alimenter en gaz naturel liquéfié seront dans un cul de sac sans issue de secours.
Le Havre, France
Carte Robin des Bois
Tianjin, Chine
Carte Robin des Bois
Un emplacement dispensé d’enquête publique et de PPRT
C’est au mépris de toutes les règles basiques de sécurité maritime et de l’intérêt général que cet emplacement a été choisi et dispensé d’enquête publique et de Plan de prévention des risques technologiques (PPRT), grâce à la loi portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat du 16 août 2022.
Les quatre terminaux méthaniers terrestres implantés en France (Loon-Plage, Montoir-de-Bretagne, et deux à Fos-sur-Mer) sont assujettis à la directive Seveso seuil haut. Leurs PPRT prévoient des dommages en cas d’accidents majeurs dans un rayon de plusieurs kilomètres. Au motif que le terminal gazier du Havre exploité par TotalEnergies est une installation flottante, il échappe à la directive Seveso tout en étant au cœur d’une zone comprenant 21 usines Seveso.
Il n’y a qu’au Havre qu’on peut voir ça. Tous les terminaux gaziers flottants dans le monde entier, en Chine, en Croatie, en Turquie, en Israël, au Brésil, en Jordanie, au Koweït, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Malaisie, sont installés sur des presqu’îles, au bout de plusieurs kilomètres de digues ou dans des fleuves immédiatement ouverts sur le large et permettant en cas de fuite de gaz et de risques d’explosion un appareillage dans l’urgence, pour réduire au maximum les dommages aux activités sociales et économiques.
Robin des Bois
Association fondée en France en 1985 ayant pour objectif la protection de l’Homme et de l’environnement par toutes formes de réflexion et d’actions non violentes.
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