L’incendie du musée de Rio, le 2 septembre 2018
Comme l’ensemble des sites culturels brésiliens, le musée national de Rio manquait de finances. Ce sinistre a ainsi été considéré comme une
« tragédie annoncée ».

2 septembre 2018
Il est 19 h 30 quand les pompiers sont appelés pour un feu au musée national d’archéologie et d’anthropologie de Rio de Janeiro (Brésil).
Des renforts sont rapidement demandés. Les hautes flammes dévorent le vaste bâtiment de trois étages, ancienne résidence impériale bâtie au début du XIXe siècle qui accueille le musée depuis 1892. Une partie du toit s’effondre. Le feu ravage les locaux administratifs ainsi que les pièces d’expositions.
Ce n’est que vers 2 h du matin, après 6 heures de lutte, que l’incendie est maîtrisé.
Une catastrophe inestimable
Aucune victime n’est à déplorer, le musée étant fermé au moment du départ de l’incendie. Seuls quatre agents de sécurité étaient présents et ont pu s’échapper. En revanche, la plupart de ses précieuses collections est en cendres.
L’un des directeurs adjoints du musée, interrogé par TV Globo, affirme : « C’est une catastrophe insupportable. C’est 200 ans d’héritage de ce pays. C’est 200 ans de mémoire. C’est 200 ans de science. C’est 200 ans de culture, d’éducation ».
En effet, le musée, qui était également un centre de recherche en histoire naturelle et anthropologique d’Amérique latine, conservait des pièces irremplaçables et d’une valeur inestimable. Notamment le squelette de Luzia, le plus vieil homo sapiens d’Amérique du Sud, daté de plus de 11 000 ans, mais aussi des momies égyptiennes et des squelettes de dinosaures… 85 % des 20 millions de pièces sont partis en fumée.
Après l’incendie, des spécialistes en paléontologie et en archéologie ont réussi à sauver des cendres certaines pièces comme une partie de Luzia, la météorite de Bendego ou le squelette d’un dinosaure datant de 80 millions d’années.
Un dispositif anti-incendie défaillant
Au lendemain du sinistre, Cristiana Serejo, directrice adjointe du musée, a déclaré à la presse brésilienne que la mise à jour du programme anti-incendie était prévue mais non encore finalisée… faute de budget ! Celui-ci aurait été divisé par deux entre 2013 et 2017, rapporte le quotidien Folha de São Paulo.
Le musée n’avait pas de portes coupe-feu et les détecteurs de fumée ne fonctionnaient pas. « Et faute d’eau suffisante dans les réservoirs alentour, les pompiers ont dû faire venir des camions-citernes », avance Le Monde.
L’origine de l’incendie
Le 4 avril 2019, la police fédérale brésilienne présente à la presse ses résultats d’enquête. Elle affirme que c’est l’installation d’air conditionné au niveau de l’auditorium qui est la cause du sinistre.
« Le circuit électrique du système de climatisation ne respectait pas les recommandations du fabricant qui préconisait d’utiliser des disjoncteurs individuels et l’installation de prises de terre », rapporte Le Point.
Reconstruction
Trois ans après le drame, le 12 novembre 2021, la rénovation de la façade et d’une partie de la toiture de l’édifice est lancée. 60 millions d’euros sont nécessaires à cette reconstruction mais seulement 65 % de la somme est rassemblée.
La réouverture au public est prévue en 2026, toutefois l’épidémie de Covid-19 et l’inflation galopante qui sévit au Brésil ont ralenti les travaux. L’ouverture est aujourd’hui reportée à 2027.
Article extrait du n° 595 de Face au Risque : « Incivilités : quelles réponses ? » (septembre 2023).

Martine Porez – Journaliste
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