Grèves, émeutes et manifestations : une épreuve pour les entreprises
Un rapport de l’assureur AGCS identifie cinq facteurs susceptibles d’augmenter la violence politique dans le monde. L’activité des entreprises étant de plus en plus impactée par les mouvements de protestation et les troubles civils, elles doivent réagir au climat actuel et préparer leurs sites et leurs salariés à l’impact d’éventuels troubles civils.
Quelques chiffres marquants
Entre le deuxième et le troisième trimestre 2022, les risques de troubles civils ont augmenté dans plus de 50% des pays (101 sur 198) classés à l’indice des troubles civils de Verisk Maplecroft.
Depuis 2017, plus de 400 manifestations antigouvernementales importantes ont éclaté dans le monde. Il n’est donc pas surprenant que les risques politiques et la violence figurent au top 10 du Baromètre des risques de l’assureur Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS) 2023.
Des risques pour les entreprises
La guerre en Ukraine explique en grande partie ce classement. Mais les résultats du nouveau rapport d’AGCS montrent également que l’impact des grèves, émeutes et mouvements populaires constitue un risque de violence politique particulièrement préoccupant.
Les troubles se propagent désormais plus rapidement et plus largement, notamment sous l’effet galvanisant des réseaux sociaux. Ils peuvent donc toucher un grand nombre de sites et provoquer de multiples sinistres d’entreprises.
Ces événements durent également plus longtemps : près d’un quart des 40 principales protestations antigouvernementales depuis 2017 se sont déroulées sur plus de trois mois. Les coûts financiers augmentent en conséquence. À eux seuls, les six grands épisodes de troubles civils survenus dans le monde entre 2018 et 2023 ont causé au moins 12 milliards de dollars en pertes économiques et assurées.
Les cinq facteurs de troubles civils
Le rapport met en exergue cinq facteurs principaux qui devraient accroître le nombre de grèves, émeutes et mouvements populaires dans le monde en 2023 et au-delà.
- La baisse du pouvoir d’achat. Les répercussions de l’inflation continuent de se faire sentir. En 2022, un peu plus de la moitié des manifestations dans le monde ont été provoquées par la crise économique.
- La méfiance à l’égard des gouvernements et des institutions. La conviction que les gouvernements sont corrompus ou sont en place depuis trop longtemps peut aussi faire descendre la population dans la rue. Le mécontentement concernant les prix des produits alimentaires et des carburants, les salaires ou les retraites peut déclencher des manifestations engendrant des mouvements antigouvernementaux plus larges.
- La polarisation croissante. Les dissensions politiques exacerbent les tensions dans le monde, sapant la cohésion sociale et aggravant les conflits. La polarisation des opinions peut être particulièrement virulente sur les réseaux sociaux. Dans certains pays, elle tourne à la violence.
- La montée de l’activisme. Certains phénomènes ont été considérablement amplifiés par les réseaux sociaux ces dernières années. Parmi eux figurent par exemple les manifestations « Black Lives Matter » contre l’injustice raciale ou la vague « #MeToo» contre les violences sexistes et le harcèlement sexuel.
- Les préoccupations climatiques et environnementales. Lorsque les gouvernements semblent revenir sur les progrès réalisés dans la lutte contre le changement climatique, par exemple en recourant à la fracturation hydraulique ou en rouvrant des mines à charbon pour ne pas dépendre du gaz russe, des troubles civils peuvent aussi survenir. Les entreprises qui, d’après l’opinion publique, font trop de bénéfices sur les combustibles fossiles, alors que de nombreux consommateurs sont en difficulté, peuvent également être visées.
« Les manifestations contre le changement climatique ne sont généralement pas violentes. Toutefois, elles peuvent provoquer des perturbations, notamment si elles touchent les infrastructures de transport. Elles devraient se poursuivre, voire s’intensifier, dans l’année à venir. »
Étienne Cheret, responsable du groupe de pratique régional en gestion de crise chez AGCS.
Surveiller les menaces
Dans un tel environnement de risques, les entreprises doivent surveiller les différentes menaces qui peuvent peser sur elles. Outre les dommages matériels onéreux que peuvent subir leurs bâtiments et équipements, des perturbations graves peuvent toucher leurs activités et causer d’importantes pertes d’exploitation.
Les responsables d’exploitation et de la sécurité doivent réagir en évaluant les bonnes pratiques et politiques, pour préparer les sites et les salariés à d’éventuels troubles civils et renforcer leur résilience.
Adopter, tester et mettre à jour les plans de continuité
Les situations de troubles civils peuvent être difficiles à prévoir. Elles sont souvent déclenchées par un fait particulier, comme un changement de gouvernement, l’adoption d’une loi ou une hausse soudaine des prix.
Les entreprises peuvent toutefois prendre un certain nombre de mesures pour réduire ces perturbations. Il convient notamment d’adopter, puis de tester et de mettre à jour régulièrement le plan de continuité d’activité (PCA).
Une assurance des risques spéciaux peut aussi aider à se protéger contre les dommages liés à la violence politique et à l’interruption d’activité. Ces contrats peuvent couvrir la guerre civile, les grèves, émeutes et mouvements populaires, le terrorisme et la guerre.
Srdjan Todorovic
Directeur des solutions contre la violence politique et les environnements hostiles chez Allianz Commercial
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