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Articuler sécurité incendie et sûreté attentat
En cas de danger imminent, incendie ou attentat, l’organisation de la mise en sécurité au sein des sites est capitale. L’objectif commun est la préservation des personnes et des biens. En fonction du danger, deux comportements sont attendus : l’évacuation et/ou la mise à l’abri. Focus sur les points communs et les différences dans les deux approches des plans de sécurisation.
Le contexte réglementaire
Risque incendie
Contexte règlementaire en sécurité incendie.
Objectif protection des personnes |
Salariés | Occupants | Public |
---|---|---|---|
Établissement | Bâtiments à usage professionnel (BUP) | Immeubles de grande hauteur (IGH) | Établissements recevant du public (ERP) |
Prescripteur | Ministère du Travail | Ministère de l’Intérieur | |
Obligation de résultats | L.4121-1 du code du travail Obligation employeur |
R.146-4 du CCH Obligation exploitant/propriétaire |
R.143-3 du CCH Obligation exploitant/propriétaire |
Obligation de moyens | R.4216-1 et suivants R.4227-1 et suivants du code du travail |
Arrêté du 30 décembre 2011 modifié et Règlement de sécurité | Arrêté du 25 juin 1980 modifié et Règlement de sécurité |
Menace d’attaque
Hormis dans certains secteurs (portuaire, aéroportuaire, OIV…), la réglementation est moins fournie en sûreté. À l’image des Sosi (Schéma d’organisation de la sécurité en cas d’incendie) en ERP de type U et des Sogs (Schéma d’organisation globale de la sécurité) en type M pour la sécurité incendie, deux types d’établissements sont soumis à l’obligation de rédiger un plan de sécurisation en cas d’attaque :
- depuis l’instruction du 12 avril 2017 du ministère de l’Éducation nationale, les établissements d’enseignement du primaire et du secondaire sont tenus d’établir deux PPMS. L’un pour faire face aux accidents majeurs (catastrophes naturelles, risques technologiques), l’autre pour prendre en compte la menace attentat-intrusion ;
- le décret 2016-1327 du 6 octobre 2016 impose un Plan de sécurisation des établissements (PSE) dans tous les établissements hospitaliers publics et privés.
Néanmoins, comme le rappelle le Guide des bonnes pratiques pour la sûreté des espaces publics du SGDSN, face au niveau de la menace, l’action publique ne peut être efficace sans le concours de la société civile tout entière : « Les exploitants d’établissements recevant du public (ERP) et les représentants politiques locaux ont donc une responsabilité pénale et morale dans la mise en œuvre de mesures de sécurité. »
L’analyse de risque
Interaction
Le risque incendie reste prioritaire par rapport à la menace d’attaque. Néanmoins, il est nécessaire de prendre en compte les scénarios majorants combinant incendie et attaque.
Outils
Malgré les différences de nature entre le risque incendie et la menace d’attaque, les outils conceptuels sont analogues : une analyse de risque reposant sur une approche par scénarios, des cotations du risque (probabilité/gravité), un plan de traitement consistant en mesures de prévention et de protection pertinentes et performantes.
Incendie | Attaque |
---|---|
Danger | |
Le danger repose sur le feu, un phénomène physico-chimique dont la cinétique peut être modélisée. | La menace est protéiforme, mouvante et évolutive. Son apparition et son développement n’obéissent à aucune autre loi que la complexité de l’imagination humaine. |
Réglementation | |
Elle est abondante et codifiée, très prescriptrice en ERP-IGH. | Elle est récente, moins fournie, faite d’éléments contenus dans des guides et des consignes de sources diverses. |
Culture de sécurité | |
La culture est mature à propos d’un risque connu : on peut parler d’une maîtrise du risque incendie. | La menace est récente et parfois sous-estimée. Elle nécessite encore une large acculturation pour une meilleure prise en compte. |
Les objectifs visés par le plan de sécurisation
Incendie | Attaque |
---|---|
Évacuer rapidement la totalité des personnes présentes ou différer leur évacuation dans des conditions de sécurité maximale. | Limiter la panique et l’exposition des occupants à la menace, et par conséquent le nombre de victimes. |
Limiter la propagation de l’incendie à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments. | Ralentir la menace par tous les moyens disponibles et autorisés à l’intérieur du site. |
Favoriser l’accès et l’intervention des services de secours et lutte contre l’incendie. | Favoriser l’accès et l’intervention des forces de l’ordre. |
Interaction
Les moyens mis en place pour atteindre un résultat peuvent entrer en conflit avec un autre objectif. Par exemple, l’implantation de dispositif antivéhicule-bélier peut parasiter l’accès des forces d’intervention. Ou encore, le contrôle d’accès ne doit pas venir bloquer la vacuité des issues de secours.
Approche performancielle
La réglementation incendie, très prescriptrice notamment en ERP et IGH, repose de plus en plus sur une obligation de résultat. Une approche performancielle qui s’est traduite récemment dans la loi Essoc et la mise en place du dispositif de solution d’effet équivalent.
A contrario, il n’y a pas à proprement parler de résultats attendus dans les recommandations de sûreté formulées par les autorités en cas d’attaque. Néanmoins, le plan de mise en sécurité nécessite de faire appel à des scénarios réalistes, en apportant des réponses qui visent des objectifs atteignables par l’organisation. Comme le rappelle le plan Vigipirate, « une bonne organisation préalable de vos établissements ainsi qu’une réaction adaptée des personnels peuvent sauver des vies ».
En cas d’alarme, conduite à tenir par les occupants
Incendie | Attaque | |
---|---|---|
Le danger est à l’intérieur du bâtiment | Évacuation ou éloignement de la source du danger (transfert horizontal/EAS) dans l’attente. | Évacuation prudentielle et/ou mise à l’abri dans une zone protégée. |
Le danger est à l’extérieur du bâtiment | Confinement. | Mise à l’abri dans une zone protégée. |
Réactions attendues
En cas de survenue de l’événement redouté dans un périmètre identifié, la conduite à tenir est relativement claire et univoque dans le cas de l’incendie. La rapidité de son exécution constitue un facteur favorable.
En revanche, comme le rappelle la consigne Vigipirate, « en cas d’attaque armée, il est nécessaire de déterminer la réponse la plus appropriée à la situation ». La situation n’est pas figée, la menace évolue : il faut donc « adopter les modes de réaction aux circonstances ». À l’intérieur du site où se déroule l’attaque, l’évacuation prudentielle est envisageable si elle peut être réalisée sans risques. Si s’échapper semble trop dangereux, alors la mise à l’abri dans une zone protégée à l’intérieur du bâtiment est préférable. La complexité de la conduite à tenir dépend notamment de l’étendue et de la configuration du site, de sa fréquentation, de la chaîne d’alerte, de la connaissance des lieux par les occupants.
Circonstances exceptionnelles
À noter qu’à côté des deux recommandations initialement conseillées par les autorités (« s’échapper » et « se cacher »), une 3e posture a récemment fait son apparition dans la plaquette Vigipirate : « Résister, si se cacher ou évacuer est impossible, et si votre vie est en danger. »
Article extrait du n° 593 de Face au Risque : « Évacuation et mise à l’abri » (juin 2023).
Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef
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