Alarme menace et SSI : une norme est née

28 juin 20236 min

L’instauration d’un volet « attaque violente » dans les PPMS en 2017, aux côtés des risques majeurs (technologiques et naturels), a relancé la réflexion : serait-il possible de fusionner les objectifs de la sécurité incendie et de la sûreté via la technologie ? La norme NF S61-942 « Système de sécurité incendie – Alarme menace », publiée en décembre 2022, vise à mettre ordre et clarté dans les solutions techniques s’appuyant sur le SSI.

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Alarmes PPMS

Le risque incendie possédant ses propres équipements (détection, alarme, désenfumage, extinction…), efficaces et robustes, pourquoi ne pas doter le risque d’attaque violente d’équipements similaires ?

C’est de cette réflexion que sont nés les systèmes d’alarme PPMS : un équipement destiné à satisfaire aux recommandations du SGDSN concernant la « chaîne d’alerte face à une menace », qui préconise « une technologie fixe ou nomade pour diffuser les informations ». Une préconisation assortie d’une précision importante, sous forme de mise en garde : « Si une solution technique est utilisée, elle ne devra en aucun cas interférer négativement avec les systèmes obligatoires existants, comme les SSI ».

Retour d’expérience

Après cinq ans d’expérimentation et de retours du terrain, les professionnels de la sécurité incendie s’inquiètent : si certains systèmes d’alarme PPMS sont indépendants du système de sécurité incendie, d’autres sont venus se greffer dessus.

Avec plus ou moins de réussite : certains branchements destinés à activer les portes coupe-feu, par exemple, ne sont pas conformes, voire causent des dérangements. Les équipements et la stratégie d’évacuation en cas d’incendie sont donc impactés très défavorablement par ces intégrations « sauvages », encadrées par aucune règle.

Application volontaire

L’objectif de la norme NF S61‑942 est de fournir un cadre et des règles générales applicables aux SSI pour permettre la diffusion d’une alarme menace en respectant les dispositions de la chaîne d’alerte face à une menace établie par le SGDSN : attentat, intrusion, vol à main armée, troubles civils…

Cette norme est d’application volontaire : cela veut dire que l’exploitant est libre de mettre en place un système d’alarme menace indépendant du SSI. Mais dès qu’il y a une interaction avec le SSI, la norme NF S61-942 doit être respectée afin de garantir la cohabitation des deux systèmes.

La norme NF S61-942, c’est avant tout une boîte à outils, un catalogue de solutions qui s’appuie sur des technologies fiables et performantes.

Franck Lorgery
Président du Gesi (Groupement français des industries électroniques de sécurité incendie)

L’objectif de la norme NF S61‑942 est de fournir un cadre et des règles générales applicables aux SSI pour permettre la diffusion d’une alarme menace en respectant les dispositions de la chaîne d’alerte face à une menace établie par le SGDSN : attentat, intrusion, vol à main armée, troubles civils…

Cette norme est d’application volontaire : cela veut dire que l’exploitant est libre de mettre en place un système d’alarme menace indépendant du SSI. Mais dès qu’il y a une interaction avec le SSI, la norme NF S61-942 doit être respectée afin de garantir la cohabitation des deux systèmes.

Priorité à l’incendie

Il est rappelé dans la norme que les fonctions de mise en sécurité incendie restent prioritaires par rapport aux fonctions de mises en sûreté. Le déclenchement de l’alarme incendie arrête ainsi automatiquement la diffusion de l’alarme menace. Le déclenchement de l’alarme menace ne doit pas activer la mise en sécurité d’une zone de mise en sécurité incendie. Le signal diffusé, durant 5 minutes au moins, peut être interrompu, à la différence de l’alarme incendie. Cependant, la mise en sûreté peut commander le compartimentage (portes et clapets coupe-feu…), les dispositifs de verrouillage électromagnétique d’issues de secours conformes à la norme NF S61-937, tout équipement technique tel que la remise en lumière, la mise à l’arrêt de la ventilation…

Signalétique propre

Les équipements « alarme menace » doivent être spécifiques et distincts des équipements de sécurité incendie. Afin d’éviter toute confusion du public, les boîtiers menace doivent être noirs, les diffuseurs d’alarme doivent diffuser un signal sonore (ou un message vocal libre) distinct de l’alarme incendie NF S32001 (fréquences, cadence) et le signal lumineux doit être de couleur bleue.

Afin d’éviter tout déclenchement intempestif de l’alarme menace, les boîtiers menace noirs doivent être installés au niveau d’accès I au moins, au sens de la norme NF S61-931, c’est-à-dire non accessible au public.

C’est au maître d’ouvrage de déterminer l’implantation de son système d’alarme menace, en relation avec le coordinateur SSI.

NUG36604 - Kit centrale alerte PPMS radio - Crédit: Eaton

Les exploitants désirant s’équiper d’un système alarme menace ou d’un « kit PPMS » indépendant du SSI restent libres de suivre, ou non, cette norme.

Enfin, les alarmes de type 4 sont exclues de la norme.

NUG36601 - Déclencheur alerte attentat

L’emplacement et la fonction de certains équipements décrits au sein de la norme, tels les boîtiers menace, restent à préciser par le maître d’ouvrage.

Dans la fiche procédurale « chaîne d’alerte face à une menace », le « guide des bonnes pratiques pour la sûreté des espaces publics » du SGDSN distingue 3 étapes :

  1. La diffusion de l’alerte initiale, par un personnel formé, au sein du bâtiment.
  2. La gestion de l’alerte transmise à l’étape 1 par le responsable sécurité-sûreté, qui identifie la situation de référence et déclenche le scénario de réponse associé, tout en prévenant les forces de l’ordre.
  3. La diffusion de l’alarme, pour provoquer un comportement approprié parmi les occupants.

Ces trois étapes peuvent être associées à une solution technique fixe ou nomade et/ou humaine.

Dans la norme NF S61-942, malgré l’effort de précision terminologique, un certain flou subsiste dans les étapes traitées, et par conséquent dans la destination finale des équipements. L’exemple le plus parlant concerne l’utilisation des boîtiers menace : sont-ils destinés à remonter l’information vers le responsable sécurité-sûreté du bâtiment (étape 1), à transmettre l’alerte à l’extérieur vers les forces d’intervention (étape 2), ou à diffuser l’alarme en direction des occupants (l’étape 3) ? Dans tous les cas, les fonctions attribuées à ces boîtiers, ainsi que leur implantation, sont laissées à l’appréciation du responsable sécurité-sûreté dans l’élaboration de son plan de sécurisation de son établissement.


Article extrait du n° 593 de Face au Risque : « Évacuation et mise à l’abri » (juin 2023).

Bernard Jaguenaud, rédacteur en chef

Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef

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