Sécurité électronique : “Une plateforme spéciale de recrutement va être lancée”
À l’orée du congrès de GPMSE (Groupement professionnel des métiers de la sécurité électronique) les 8 et 9 juin 2023 à Mâcon, nous avons interrogé son président, Patrick Lanzafame, à propos de la filiale dédiée à la formation. Créée en 2015, GPMSE Formation est montée en puissance et représente des enjeux forts au moment de la publication de l’ordonnance du 16 mai dernier relative à la formation aux activités de sécurité privée.
Pourquoi avoir créé une structure spécifique dédiée à la formation ?
Patrick Lanzafame. Conjointement à l’émergence de nouvelles technologies dans la sécurité électronique, nous sommes partis d’un constat très simple : lorsque l’on faisait le bilan des besoins et de l’offre existante, nous étions très pauvres sur des métiers émergents et spécialisés.
Nous avons deux types de métiers : des métiers techniques et des métiers de services. Du côté des techniciens et des ingénieurs, la formation initiale est assez cadrée, mais le lien avec la sécurité est insuffisant. Et du côté des métiers de services, la situation est encore plus déséquilibrée. L’autre observation est que le nombre d’opérateurs dans la surveillance électronique représente entre 3 000 et 5 000 personnes. Depuis 2015, nous avons dû former 500 à 600 personnes. Les volumes annuels n’étant pas très importants, se pose un problème de rentabilité pour les organismes de formation.
Le dernier aspect est réglementaire, puisqu’il faut une caution de moralité et détenir la carte professionnelle délivrée par le Cnaps pour exercer. La meilleure solution pour valoriser le métier et correspondre aux besoins des entreprises était donc de créer notre propre organisme de formation. D’où la création d’une filiale de formation à la sécurité électronique au sein de GPMSE.
Comment fonctionne GPMSE Formation ?
P. L. Nous avons mis en place un comité pédagogique, constitué d’experts. Il est chargé d’établir les programmes de formation, dans l’objectif de certifier les diplômes délivrés : le certificat de qualification professionnelle d’opérateur de télésurveillance, et celui de vidéoprotection. Nous avons déposé en ce sens des formations diplômantes au registre de certification professionnelle de France compétences. Et nous construisons aussi, au fur et à mesure de l’évolution des besoins, d’autres formations.
Nous proposons donc deux catégories de formations : des formations qualifiantes, et des formations continues. Ces dernières répondent à des problématiques d’actualité, comme le RGPD, l’IA, la cybersécurité… Parallèlement, nous accueillons des entreprises innovantes au sein de GPMSE, qui disposent souvent de personnes ayant des compétences de haut niveau qui peuvent dispenser des formations.
Nous avons une dizaine de formateurs qui agissent sur la France et les territoires d’Outre-mer. Afin de limiter les coûts et avoir une formation plus opérationnelle, ce sont souvent les formateurs qui se déplacent dans les entreprises. À côté de cela, nous avons développé la formation à distance, avec de l’autoapprentissage sur une plateforme de tests, et du téléapprentissage avec un formateur à distance.
À l’image de la surveillance humaine, la sécurité électronique est-elle confrontée à une pénurie de main-d’œuvre ?
P. L. Oui, nous avons les mêmes préoccupations. Nous sommes d’ailleurs en train de monter une plateforme de recrutement en ligne, basée sur les compétences. L’accès sera libre, sans condition de diplôme.
Après une présentation de nos métiers en vidéo, le candidat devra faire un parcours sous forme de tests, établis par des professionnels. Cela permettra d’effectuer un pré-tri parmi les candidats. La fin du parcours consistera dans un circuit de formation débouchant sur un poste en entreprise. La consultation de cette base sera réservée aux adhérents de GPMSE.
Quelle est votre réaction à la parution de l’ordonnance du 16 mai relative aux activités privées de sécurité ?
P. L. L’ordonnance du 16 mai relative à la formation au activités privées de sécurité est le fruit d’une concertation active entre l’état , les organisations syndicales et les organisations professionnelles. Même si nous n’avons pas eu gain de cause sur tous les sujets proposés, des avancées très positives sont à noter et permettront de faire prendre un tournant à la formation. Le contenu est essentiellement tourné vers la surveillance humaine et le gardiennage. L’application des mesures est prévue pour le début d’année 2025. Les grandes lignes sont :
- Réduction des certifications obligatoires en matière de formation à 1 seule (Qualiopi)
- Examen théorique commun à tous les candidats organisé par un système tiers à l’organisme de formation
- Refonte des mise à niveaux des compétences
- Etablissement d’un cadre de la formation à distance
- Définition du statut des jurys
- Contrôle de la moralité des formateurs au travers de la délivrance d’une carte professionnelle
Il est regrettable qu’il n’y ait pas d’avancées significatives sur l’apprentissage et les contrats de professionnalisation. Les bases sont posées. Un gros travail collectif reste à faire afin de préciser les grandes lignes de ces orientations.
Article extrait du n° 593 de Face au Risque : « Évacuation et mise à l’abri » (juin 2023).
Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef
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