Interview. Forum Sécurité des Procédés 2023
Le “Forum Sécurité des Procédés 2023” se tient le jeudi 15 juin à Lyon du côté du Château de Monchat. En marge de ce rendez-vous, Joseph-Marc François, directeur général de Dekra Process Safety France (organisateur de l’événement), a accepté de répondre à nos questions.
Face au Risque. Quelle est la thématique du “Forum Sécurité des Procédés 2023” ?
Joseph-Marc François. Nous souhaitons que ce rendez-vous permette aux professionnels de la sécurité des procédés d’avoir de nouvelles réflexions sur la sécurité des procédés en place sur leur site. Nous estimons qu’il est important que les gens se rencontrent et puissent discuter.
En effet, chez Dekra Process Safety, nous avons fait de l’échange de bonnes pratiques et des retours d’expérience une véritable culture d’entreprise. Chaque mission de conseil que nous menons est riche d’enseignements. C’est pourquoi nous avons à cœur de donner la parole à nos clients et nous sommes persuadés que le partage de ces connaissances en dehors de notre cercle de consultants apportera matière à réflexion auprès des participants.
Il y aura aussi un éclairage sur des nouveautés car la sécurité des procédés évolue. Outre le côté « nouvelles technologies » avec les datas ou la réalité virtuelle, les développements récents dans le domaine des batteries ainsi que les nouvelles applications de l’hydrogène nos obligent à nous adapter. Dans le domaine de la chimie, on voit arriver de nouvelles molécules ou de nouvelles voies d’accès pour lesquelles des questions pointues de sécurité des procédés se posent.
Le cas de l’hydrogène est significatif : nous connaissons depuis longtemps ses propriétés et les problèmes que posent ce gaz en matières de sécurité. Cependant, les entreprises qui utilisent ou qui développent des nouvelles applications impliquant de l’hydrogène ne disposent pas forcément des outils, voire de la culture, nécessaires à une maitrise efficace des risques.
En tant qu’experts, nous devons donc comprendre ces nouvelles technologies pour pouvoir proposer des outils pertinents. A ce titre, nous établissons des partenariats, comme par exemple avec la société Hynology qui conçoit, développe et produit les composants essentiels au fonctionnement des piles à combustible et d’électrolyseurs.
Nous conclurons notre forum avec une table-ronde dont l’objectif sera de de faire le point avec des spécialistes sur les nouvelles technologies et comment nous voyons l’avenir entre le développement durable, la transition énergétique et les enjeux que cela implique sur la sécurité des procédés.
Pourquoi la création du “Forum Sécurité des Procédés” ? Quand cette idée a-t-elle été envisagée ?
J-M F. En 2013, un club de sécurité des procédés a vu le jour en s’appuyant sur la base de nos clients. Des réunions sur des thématiques précises (barrières de sécurité, inertage, sécurité instrumentale, électrostatique…) étaient ainsi organisées par ces entreprises. Le concept a assez bien pris, avec une moyenne de trois réunions par an. Ce qui est intéressant, c’est qu’il s’agissait véritablement de personnes de terrain, qui avaient les mains dans le cambouis et avec qui nous étions continuellement en relation. Depuis lors, la formule s’est même expatriée : nous avons créé un club Wallon, en partenariat avec essenscia, la fédération belge de l’industrie chimique.
En France, nous avons senti un peu moins d’engouement pour les déplacements après le Covid et la formule du Club s’est un peu étiolée. Nous nous sommes donc demandés si, au lieu de trois réunions, nous ne nous concentrerions pas ces échanges sur une seule journée.
L’idée est que les participants ressortent de cette journée avec des outils supplémentaires pour mettre en place des actions liées à la sécurité des procédés.
Joseph-Marc François
Directeur général de Dekra Process Safety France
Nous souhaitons, avec notre Forum, atteindre des personnes proches du terrain. On peut par exemple avoir des thématiques permettant de réfléchir sur l’apport du monde académique sur la sécurité des procédés. Les différentes présentations seront justement assez liées au quotidien des personnes en charge de la sécurité des procédés en entreprise.
Cet événement va permettre aux participants de rencontrer de nombreux experts en sécurité de procédés. L’idée, c’est que les participants ressortent de cette journée en ayant des outils supplémentaires dans leurs bagages pour pouvoir développer ou mettre en place certaines actions liées à la sécurité des procédés.
Enfin 2023 est finalement la bonne année pour lancer ce forum car il s’agit également des 20 ans de Dekra Process Safety France (ex-Chilworth). Cela va être une journée assez riche.
Pourquoi faire de cette journée un événement exclusivement francophone ? Pour quelles raisons avoir choisi Lyon comme lieu de rendez-vous ?
J-M F. Lorsque nous parlons avec des clients, nous voyons que beaucoup de gens en France ne sont pas forcément à l’aise avec l’anglais. Autant le responsable sécurité d’un groupe de dimension internationale va être à l’aise en anglais, autant la personne qui travaille dans son usine ne le sera pas forcément… alors que ce sont ces personnes que nous voulons atteindre.
Si nous étions partis sur des présentations en anglais, il y aurait eu moins de personnes proches du terrain et nous aurions été moins terre à terre dans notre approche qui se veut pragmatique. Ce qui n’était pas notre intention initiale. Par ailleurs, nous souhaitions un rendez-vous spécifiquement francophone car le marché des rendez-vous anglophones en Europe est déjà bien rempli.
Nous avons un système de compagnonnage entre les consultants seniors et les personnes un peu plus novices.
Joseph-Marc François
Directeur général de Dekra Process Safety France
Le choix de Lyon comme lieu de notre journée, n’est pas anodin : cette ville reste une place extrêmement importante pour l’industrie chimique française. En plus des industries, plusieurs écoles de chimie sont implantées à Lyon : il y a une très grande culture de l’industrie chimique. avec le fameux « couloir de la chimie » qui est en pleine évolution. Nous souhaitions aussi un endroit assez facile d’accès.
Notons enfin que Lyon est une très belle ville à visiter, où la gastronomie est de renommée internationale. C’est un excellent endroit pour celles et ceux qui souhaitent prolonger la journée par un peu de tourisme !
De manière globale, qui sont les personnes qui se chargent de la sécurité des procédés dans les organisations ?
J-M F. C’est assez varié. Les industries de procédés de taille importante comptent dans leurs effectifs des ingénieurs sécurité des procédés. Sur des sites ou organisations de moindre importance, les aspects sécurité des procédés sont en général suivis par les responsables Hygiène Sécurité Environnement. Très souvent ces personnes-là ont un bagage léger en sécurité des procédés, dans le sens où c’est une discipline très technique demandant des connaissances variées.
Par exemple, il faut comprendre dans quelles conditions une explosion peut se produire, quels peuvent être ses impacts et donc avoir un minimum de notions de thermodynamique pour comprendre les phénomènes… Nous les aidons dans ce domaine-là.
Comme nous sommes assez peu à avoir ce niveau d’expertise, nous avons un système de compagnonnage entre les consultants seniors expérimentés et les personnes un peu plus novices qui nous rejoignent. Ce système permet de les faire monter en compétences et parer à cette carence sur le marché.
Eitel Mabouong – Journaliste
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