Les nouvelles technologies au service des sapeurs-pompiers de Seine-Maritime
Pour assurer la défense contre les risques industriels, le Sdis76 s’est équipé ces dernières années de matériels innovants permettant de reporter images et données instantanément au poste de commandement des sapeurs-pompiers et dans les cellules de crises des exploitants.
C’est lors d’une matinale destinée à l’innovation, le 27 avril 2023, que le Sdis76 (Service départemental d’incendie et de secours de Seine-Maritime) a présenté aux industriels présents ses équipements en matière de risque NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique) et ses drones.
Le matériel contre le risque NRBC
Les autorités sont aujourd’hui très sensibles à la toxicité des fumées. L’incendie de Lubrizol le 26 septembre 2019 à Rouen a en ce sens marqué les esprits. À chaque sinistre industriel ou agricole, les préfets veulent savoir si la fumée est toxique ou non pour les populations. C’est pourquoi le Sdis76 a développé ses moyens en matière de risque NRBC.
Il possède plusieurs véhicules NRBC répartis dans ses trois groupements et a formé des agents spécialisés dans ce domaine de compétence.
En cas de besoin, ils doivent intervenir sur un sinistre en moins de 30 minutes, nous apprend-on au Sdis76.
Parmi ses matériels de détection, le Sdis76 possède des analyseurs de particules pour des détections rapides réalisées sur un cycle d’une minute. Ces appareils mesurent la concentration des particules dans l’air (poussière, suie et autres aérosols).
En fonction des concentrations trouvées, la préfecture prendra ou non la décision de confiner la population ou de limiter les activités physiques.
Le Sdis76 s’est également équipé de matériels de détection plus performants. Chacun de ses véhicules NRBC possède une balise multigaz G7 Exo capable de détecter à distance jusqu’à 5 gaz simultanément. Et grâce à différentes cartouches à insérer dans la balise, celle-ci peut analyser de nombreux produits. L’analyse de données se fait en temps réel et en continu et est transmise à distance via un portail informatique. Ainsi l’intervention est sécurisée et le personnel n’est pas exposé au risque NRBC.
Ces balises sont dotées d’une batterie de 100 jours, ce qui évite les recharges permanentes, et sont géolocalisables.
Le Sdis76 dispose également de ce type de balise en modèle portable (G7c).
Par ailleurs, les sapeurs-pompiers de Seine-Maritime possèdent trois spectromètres : deux chimiques (au Havre et à Rouen) et un pour la radioactivité mis à la disposition du Sdis par le CEA. Ces appareils permettent d’identifier aussi bien des produits solides que liquides.
Les pompiers spécialisés dans ce type de risque précisent que les spectromètres sont peu utilisés en cas de sinistre industriel car, en principe, les entreprises connaissent la nature des produits qu’elles ont en stock.
Les drones, l’une des technologies du Sdis76
C’est en 2017 que le Sdis76 s’est doté de son premier drone. « C’était un drone grand public. Il était juste capable de faire de l’image », indique le lieutenant spécialiste. Actuellement, les sapeurs-pompiers de Seine-Maritime en possèdent quatre, plus performants, dont deux acquis en 2022. Selon leur taille, leur prix varie de 7 000 € pour les deux plus légers à 25 000 € pour le plus lourd. Ils sont basés dans les centres de Rouen, Yvetot, Le Havre et Neufchatel.
Le parc de ces machines devrait encore s’accroître, tout comme le nombre de télépilotes qui sont une vingtaine aujourd’hui. L’objectif est d’en compter 70 en 2027 à raison d’une dizaine formée chaque année. Pour acquérir les bases du pilotage, ils bénéficient d’une formation de deux semaines, nous précisent-ils : la première pour être télépilote professionnel et la seconde pour devenir télépilote de la Sécurité civile.
Lors de la matinale, deux d’entre eux ont effectué des démonstrations d’utilisation de deux de leurs drones :
- retransmission d’images en direct;
- calculs de zones;
- largage de matériel;
- détection de points chauds…
Les drones sont capables d’embarquer plusieurs caméras (jusqu’à 3 pour le plus performant).
« Les drones servent aussi à l’observation de points à distance pour se prémunir de tout accident. Lors d’une situation dangereuse, avant d’envoyer quelqu’un sur place, on analyse la zone avec le drone pour établir une situation et prendre les précautions qui s’imposent », explique le lieutenant.
Le drone peut effectuer la cartographie d’une zone. Grâce à une caméra thermique, il est capable de rechercher des victimes ou d’isoler les points chauds et il permet d’observer l’évolution de la situation.
En matière d’incendie, ces outils aériens sont déployés sur différents théâtres d’opérations mais essentiellement lors de feux industriels ou d’espaces naturels.
La technologie permet également de modéliser en amont un bâtiment en trois dimensions. Le Sdis76 peut d’ailleurs effectuer en 3D les plans de bâtiments industriels jugés sensibles pour l’établissement des plans Étaré (établissement répertorié).
Le drone le plus lourd peut être équipé d’un crochet de largage et transporter jusqu’à 4 charges (2,7 kg au total). Le largage de ces charges peut se faire indépendamment les unes des autres.
Grâce à l’intelligence artificielle, il est également possible de détecter des silhouettes et de les suivre. Ainsi, lorsque des sapeurs-pompiers sont envoyés sur une situation dangereuse éloignée, le drone peut les suivre en permanence.
Ces machines aériennes offrent ainsi une variété de possibilités qui aident les soldats du feu dans leurs multiples interventions.
Et pour développer encore son équipement, le Sdis76 envisage d’acquérir un robot pompier. La démonstration d’un tel appareil a été effectuée lors de la matinale. (Lire sur ce sujet l’article : « Un robot pompier pour le Sdis76 ? »)
Martine Porez – Journaliste
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