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Prise d’otages à la maternelle de Neuilly, il y a 30 ans
Le jeudi 13 mai 1993, un homme casqué, armé et portant une ceinture d’explosifs fait irruption à l’école maternelle Commandant-Charcot de Neuilly-sur-Seine et prend une classe en otage. Il se fait appeler HB pour Human Bomb. Le dénouement ne se fera que 2 jours après, à l’issue de l’assaut lancé par le Raid.
À l’école maternelle Commandant-Charcot de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), 21 élèves de 3 à 4 ans sont en classe avec leur institutrice. Il est 9 h 30 quand un homme casqué, armé et portant une ceinture d’explosifs fait irruption dans la classe. Il charge l’institutrice de prévenir la directrice et lui remet une lettre contenant ses exigences à communiquer aux autorités : une rançon de 100 MF en petites coupures ainsi qu’une voiture. La lettre est signée « HB », pour Human Bomb.
Dans la classe, l’homme place des explosifs à différents endroits.
Les négociations avec la police
Le Raid arrive sur place. Des équipes sont postées dans et autour de l’école. Dans la matinée, l’homme réclame un poste de radio. C’est le chef du Raid qui lui apporte. Il en profite pour étudier subrepticement les explosifs. HB demande ensuite la présence d’une pédiatre pour aider à s’occuper des enfants. Tout comme l’institutrice, le forcené l’autorise à entrer et sortir de la classe. C’est ainsi que les policiers sont régulièrement mis au courant de la situation. À chaque vœu exaucé, un enfant est libéré. L’institutrice, qui n’a de cesse de rassurer ses élèves, propose à HB de relâcher en priorité les plus nerveux.
Les négociations se poursuivent et les policiers parviennent à gagner du temps en acceptant les demandes du forcené en échange de la libération d’enfants. Ils ont pu introduire des micros dans la classe et suivent ainsi ce qui s’y passe.
Nicolas Sarkozy, maire de Neuilly et ministre du Budget, entre alors en scène car HB veut parler à une personnalité. Le jeune édile sait qu’il se fera ainsi « un nom aux yeux des Français », souligne FranceInfo.
Plus tard, c’est au tour d’un journaliste de TF1 d’accéder aux desiderata du preneur d’otages : relayer l’affaire au JT de 20 heures. Dans la nuit du 13 au 14 mai, HB exige que N. Sarkozy lui apporte une partie de la rançon. En échange, deux nouveaux enfants sont libérés. Il reste encore 7 otages : 6 filles et leur institutrice.
La situation se tend
Le vendredi 14 matin, les journalistes sont très nombreux devant l’école. L’affaire fait le tour du monde.
Dans la journée, le contact est interrompu à plusieurs reprises entre les négociateurs et HB. Il réclame les 40 millions de francs manquant lors de la première livraison effectuée par le maire de Neuilly qui, finalement, les lui apporte. Mais, curieusement, cette rançon n’intéresse plus HB qui semble davantage préoccupé par sa sécurité. « À l’issue d’entretiens répétés durant la journée du vendredi, le procureur de la République se porte garant de sa sécurité en essayant, jusqu’à 1 h 30 dans la nuit, d’arracher sa reddition », écrit Le Monde.
La tension est à son comble. Samedi au petit matin, le Raid décide de mettre un somnifère dans le café de HB. L’homme est endormi. Il est 7 h 25. Les policiers lancent l’assaut. Trois coups de feu sont tirés, l’homme est abattu. Les otages sont libérées.
Après l’assaut, la police découvre que Human Bomb est un informaticien de 41 ans au chômage, dépressif, ayant un casier judiciaire vide.
La sûreté dans les écoles
Ce n’est qu’en 2002, après l’explosion d’AZF, qu’une circulaire du ministre de l’Éducation nationale impose aux chefs d’établissements scolaires d’élaborer un plan particulier de mise en sûreté (PPMS) face aux risques majeurs. Elle stipule que le plan constitue « la meilleure réponse permettant de faire face à la gravité d’une situation d’accident majeur en attendant l’arrivée des secours ». Il s’agissait surtout de risques d’origine naturelle et technologique.
En 2015, avec la menace terroriste que connaît la France, la circulaire n° 2015‑205 du 25 novembre 2015 ajoute le risque attentat-intrusion aux risques majeurs. Puis, avec l’instruction interministérielle du 12 avril 2017, apparaît le PPMS « Attentat- Intrusion » qui distingue les risques naturels et industriels des risques attentat-intrusion, ce qui implique d’élaborer deux documents distincts. Ce second PPMS fixe un exercice par an qui doit permettre d’acquérir des réflexes et d’éviter la panique en cas d’intrusion ou d’attentat.
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Notre article “Intrusions armées en milieu scolaire ou professionnel“.
Article extrait du n° 592 de Face au Risque : « Qui sont les chargés de sécurité ? » (mai 2023).
Martine Porez – Journaliste
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