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Effondrement du Rana Plaza, il y a 10 ans
Le 24 avril 2013, dans les faubourgs de Dacca au Bangladesh, un immeuble s’écroule sur près de 4 000 personnes qui y travaillaient dans des ateliers de confection. Cette catastrophe met en lumière la responsabilité sociale des entreprises occidentales donneuses d’ordres envers leurs fournisseurs et sous-traitants.
À Savar, un faubourg de Dacca, la capitale du Bangladesh, des fissures inquiétantes apparaissent durant la nuit sur un immeuble de neuf étages, le Rana Plaza. Celui-ci accueille notamment cinq ateliers de confection textile. À leur arrivée le matin du mercredi 24 avril 2013, les travailleurs refusent d’entrer dans le bâtiment. Toutefois, devant les menaces de licenciement proférées, ils n’ont d’autre choix que de prendre leur poste. Mais vers 9 h, l’immeuble s’effondre en quelques instants.
Au fur et à mesure que les jours passent, le nombre de victimes s’alourdit, essentiellement des femmes. Finalement 1 134 morts et environ 2 500 blessés, dont certains grièvement, sont recensés.
Environ 3 900 personnes travaillaient au Rana Plaza ce matin-là. C’est la pire catastrophe industrielle du Bangladesh.
Violation des règles de construction
Le Rana Plaza était à l’origine conçu pour accueillir des bureaux et non des entreprises textiles. En outre, des étages supplémentaires ont été construits sans autorisation légale.
Selon les enquêteurs, l’immeuble se serait effondré à cause du poids de ces nouveaux étages et des vibrations des générateurs électriques utilisés pour les ateliers textiles.
Le propriétaire en fuite
Devant l’ampleur de la catastrophe, le propriétaire de l’immeuble, Mohammad Sohel Rana, tente de fuir en Inde. Il est rattrapé par la police 4 jours plus tard, le 28 avril. Il est depuis en prison.
En 2016, 41 personnes étaient inculpées de meurtre pour avoir validé la construction de l’immeuble et obligé les ouvriers à travailler malgré l’apparition d’inquiétantes fissures la veille du sinistre. Mais le procès a plusieurs fois été interrompu pour diverses raisons de procédure, parfois obscures… Il a finalement repris début 2022.
Les survivants de la tragédie
En avril 2019, l’association Action Aid Bangladesh révélait que plus de la moitié des survivants étaient toujours sans emploi « en raison des blessures physiques et de l’impact psychologique de la catastrophe ».
Deux ans plus tard, en avril 2021, elle affirmait que la santé physique de 14 % des rescapés s’aggravait.
Les sociétés donneuses d’ordres
Les conditions de travail et les normes de sécurité ont rapidement été dénoncées par les ONG et par les ouvriers eux-mêmes. En effet, au Bangladesh, des milliers de travailleurs pauvres s’entassent pour des salaires dérisoires dans des ateliers vétustes pour répondre aux commandes de grandes marques occidentales. Le secteur du textile représente 80 % des exportations du pays.
Au Rana Plaza, l’Italien Benetton et l’Irlandais Primark faisaient partie de ces donneurs d’ordres. Des étiquettes de vêtements des marques Tex (Carrefour), In Extenso (Auchan), Camaïeu ou H&M ont également été retrouvées dans les décombres. Certaines marques ont accusé leurs fournisseurs d’avoir, à leur insu, sous-traité leurs commandes à ces ateliers.
Ce drame fut le début d’une prise de conscience de la responsabilité sociale des entreprises occidentales.
Le devoir de vigilance
Le 27 mars 2017, la France adopte la loi sur le devoir de vigilance pour les grandes entreprises. Celles-ci doivent publier un plan de vigilance destiné à prévenir les risques en matière d’environnement, de droits humains et de corruption, tant sur leurs activités propres que sur celles de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs, en France comme à l’étranger.
Le 24 février 2022, cette loi a fait l’objet d’une évaluation par deux députés. Ils proposent dix recommandations pour « préparer la révision de la loi française » et pour « nourrir le débat » sur la future directive européenne. En effet, la Commission européenne a publié un projet de directive sur ce sujet le 23 février 2022.
Par ailleurs, un traité est en cours de négociation à l’ONU.
Article extrait du n° 591 de Face au Risque : « Analyser les risques » (avril 2023).
Martine Porez – Journaliste
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