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Explosion à l’usine Nitrochimie, il y a 20 ans
Le 27 mars 2003, une terrible explosion retentit à l’usine chimique de Billy-Berclau (Pas-de- Calais) et tue quatre salariés. Retour sur ce sinistre.
Il est 6h26 ce jeudi 27 mars 2003 lorsqu’une violente déflagration se produit à l’usine Nitrochimie de Billy-Berclau (Pas-de- Calais), établissement classé Seveso seuil haut spécialisé dans la production d’explosifs. C’est dans l’atelier n° 50 d’encartouchage de dynamite que se produit l’explosion à la suite de laquelle un incendie se déclare et une épaisse fumée noire se dégage.
La trentaine de salariés alors présents, sur les près de 90 que compte l’entreprise, sont évacués. Le POI (plan d’opération interne) est déclenché et le site est mis en sécurité car de nombreuses substances dangereuses s’y trouvent : nitroglycérine, pâte dynamite, nitrate-fuel (composé de nitrate d’ammonium et de fuel)… Un périmètre de sécurité est établi.
Les sapeurs-pompiers maîtrisent rapidement l’incendie, toutefois les trois salariés présents dans l’atelier et un quatrième se trouvant à proximité sont retrouvés morts. Neuf autres personnes sont blessées.
L’atelier est totalement détruit, des débris de la machine d’encartouchage sont éparpillés dans un rayon de 600 m.
Les autres ateliers de l’usine sont sérieusement impactés. La déflagration ayant été ressentie jusqu’à plusieurs kilomètres, de nombreuses vitres d’habitations et de commerces sont soufflées.
Les causes de l’accident
Plusieurs enquêtes sont diligentées et des rapports établis pour comprendre les circonstances qui ont conduit à l’accident. Des anomalies dans la production des pâtes dynamites sont relevées, tout comme des dysfonctionnements dans l’organisation du travail et dans la formation du personnel.
Compte tenu de la nature de la production de l’usine, l’obligation d’une formation pratique de sécurité doit être complétée par une formation au moins trimestrielle du personnel affecté aux opérations pyrotechniques. Ce qui n’était pas le cas selon le rapport de l’Inspection générale de l’environnement, du Conseil général des Mines et de l’Inspection générale des affaires sociales rendu en mars 2004.
De son côté, l’Ineris a mis en avant une mauvaise gestion des risques et de la sécurité dans son rapport d’août 2003.
Les risques technologiques
L’accident survient en plein débat du projet de loi relatif à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages proposé par Roselyne Bachelot, alors ministre du Développement durable.
Ce projet tire les leçons de l’explosion, le 21 septembre 2001, de l’usine AZF à Toulouse. la loi est promulguée le 30 juillet 2003. Parmi ses priorités, elle fait évoluer de façon importante la réglementation relative aux sites à risques, et notamment aux sites pyrotechniques, elle revoit la méthodologie d’élaboration des études de dangers des sites industriels ainsi que l’urbanisme existant autour des sites à haut risque.
Fermeture progressive de l’usine
En décembre 2003, Nitrochimie arrête la production de dynamite, estimant que les conditions en matière de sécurité pyrotechnique ne sont plus réunies en France pour le redémarrage de sa fabrication. Fin décembre 2006, l’entreprise cesse ses activités de fabrication de nitrate-fuel et enfin, en mars 2007, celles de stockage d’explosifs.
Le 18 juin 2010, Nitrochimie est condamnée à 100 000 € d’amende pour « manquements graves aux obligations de sécurité », par le tribunal de grande instance de Béthune.
Le 14 juin 2018, le site de 75 ha de l’entreprise est cédé à un Établissement public foncier qui, après travaux de démolition et de dépollution, cédera le terrain à la communauté d’agglomération de Béthune-Bruay qui souhaite préserver un caractère naturel au site, tout en y créant des activités de loisirs et de mémoire.
En savoir plus
Consultez la fiche Aria n° 24361 du Barpi.
Article extrait du n° 590 de Face au Risque : « Contrôle d’accès, mener son projet » (mars 2023).
Martine Porez – Journaliste
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