Quelles dispositions face au risque foudre ?
La moyenne annuelle d’impacts de foudre est approximativement de 525 000 en France selon les relevés de Météorage. Le tout pour plus d’un million d’éclairs annuel en moyenne. Si chaque impact ne cause pas inéluctablement un dégât majeur, le risque de subir des dégradations ou de voir se développer un incendie existe néanmoins. Il reste toutefois possible d’anticiper et de réduire le risque foudre par le biais de moyens de prévention.
La foudre, un élément techniquement détectable
Juin 2022 est le mois ayant enregistré le plus d’impacts de foudre en France depuis 1989 et le début des relevés des éclairs nuage-sol par Météorage. 206 257 impacts de foudre au sol ont ainsi été enregistrés durant ces 30 jours par cet organisme spécialisé dans la détection de foudre, dont 140 000 entre le 18 et le 23 juin.
Aussi nombreux soient-ils, il est techniquement possible de détecter les décharges électriques liées à la foudre, comme Face au Risque l’avait rappelé dans son n° 514 (juin-juillet 2015). Cela par le biais de plusieurs matériels tels que :
- le moulin à champ, qui mesure le champ électrostatique au-dessus de lui et signale la présence d’un nuage électriquement chargé traduisant l’imminence de la foudre ;
- les antennes directionnelles, dont « les détecteurs de foudre les plus sophistiqués comportent une antenne à plateau horizontal et deux antennes en boucle placées orthogonalement (à 90 degrés l’une de l’autre) dans la verticale » ;
- le satellite, avec lequel « la détection de la foudre s’effectue en balayant la zone de vision pour la détection des flashs lumineux produits par les orages ».
Le cas des ICPE soumises à autorisation
Au-delà de la détection de la foudre, faut-il encore pouvoir être en mesure de s’en protéger… Dans sa dernière version du 10 novembre 2022, l’arrêté du 4 octobre 2010 donne les lignes directrices de la protection au risque foudre concernant les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) soumises à autorisation.
Ces ICPE doivent procéder à une analyse du risque foudre (ARF, basée sur la norme NF EN 62305-2), mais également à une étude technique des dispositifs de protection ainsi qu’à une vérification périodique. Pour faire face à ce risque, il est notamment exigé de ces ICPE :
- l’installation de protections. Celles-ci feront l’objet d’une vérification complète au plus tard six mois après leur installation, puis tous les 2 ans, par un organisme compétent différent de l’installateur d’origine ;
- la vérification visuelle annuelle par un organisme compétent et réalisée conformément aux normes NF EN 62305-3, NF EN 62305-4 ou NF C 17-102 ;
- l’enregistrement des agressions de la foudre sur le site. Le cas échéant, une vérification visuelle des dispositifs de protection doit être réalisée par un organisme compétent, dans un délai d’un mois maximum après un impact de foudre. Et en cas de nécessité, une remise en état dont la réalisation doit avoir lieu dans un délai maximum d’un mois après la vérification.
Dans l’article « Attention aux coups de foudre », publié dans le n° 530 de Face au Risque (février 2017), il était précisé que « l’analyse du risque foudre tient compte du nombre de personnes présentes dans le bâtiment, des matériaux stockés, de la configuration du bâtiment ainsi que de la densité de foudroiement de la région ». Il n’existe donc pas une ARF pouvant être appliquée à l’ensemble des ICPE.
Des réglementations pour les IGH, ERP et INB
À noter que les ERP (établissements recevant du public) et les IGH (immeubles de grande hauteur) sont aussi concernés par certains points réglementaires tels que la vérification périodique des installations de protection (paratonnerres, parafoudres…) ou la vérification après la réalisation de travaux sur ces installations ou après un impact de foudre constaté.
L’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques) précise que les installations nucléaires de base (INB) font par ailleurs l’objet d’une réglementation concernant le risque foudre.
La norme NF C15-100
La norme NF C15-100, dont la dernière version compilée date de juin 2015, fixe les règles de conception, de réalisation et d’entretien des installations électriques en basse tension (inférieures ou égales à 1 000 volts en courant alternatif).
Elle « impose un parafoudre dans les cas suivants : bâtiment équipé d’un paratonnerre, présence de lignes aériennes et niveau de foudroiement supérieur à 2,5. (…) Quatre niveaux sont définis : les installations présentant un risque explosion, celles présentant un risque économique, les établissements recevant du public et l’habitat et le petit tertiaire », précisions-nous dans le n° 530 de Face au Risque.
« Les équipements les plus couramment utilisés pour faire face au risque foudre sont les paratonnerres et les parafoudres. »
Paratonnerre et parafoudre
Les équipements les plus couramment utilisés pour faire face au risque foudre sont les paratonnerres et les parafoudres.
Les premiers s’installent sur le toit du bâtiment et protègent contre les risques directs de la foudre, les seconds s’installent dans le tableau électrique en complément du paratonnerre et protègent contre les risques indirects comme les surtensions.
Fortement recommandée, l’installation d’un parafoudre est en outre obligatoire dans
Le paratonnerre, installé sur le toit d’un bâtiment, capte la décharge électrique de la foudre et la dirige vers le sol via des conducteurs de descente.
les départements français exposés à une densité de foudroiement importante. S’agissant de la France métropolitaine, ces derniers sont en grande partie concentrés dans le sud et l’est de l’Hexagone. Trois types de parafoudres sont recensés, ainsi que le rappelle Promotelec, association réunissant les acteurs de la filière électricité, du bâtiment et les associations de consommateurs :
- les parafoudres de type 1 : « Ils sont installés en tête de l’installation dans le tableau électrique lorsque le risque de foudroiement est très important. Ils possèdent une très forte capacité d’écoulement et sont obligatoires lorsque le bâtiment est équipé d’un paratonnerre. La valeur minimale de limp (courant de choc) doit être de 12,5 kA (kiloampère) ».
- les parafoudres de type 2 : « Ils sont installés en tête de l’installation et protègent l’ensemble de l’installation en absence de paratonnerre. La valeur minimale de limp doit être de 5 kA ».
- et les parafoudres de type 3 : « Ils sont installés en complément des parafoudres de type 2 à proximité des équipements sensibles ».
Un label pour les équipements contre la foudre
Précisons enfin que le label Qualifoudre permet d’assurer la qualité des équipements contre la foudre.
« Le label Qualifoudre est une garantie de qualité des services fournis pour la protection et la prévention contre la foudre (…) qui répond aux exigences réglementaires de l’arrêté du 4 octobre 2010. Il identifie les sociétés compétentes dans le domaine de la foudre. Il est attribué depuis 2004 aux fabricants, aux bureaux d’études, aux installateurs et aux vérificateurs d’installations de protection », indique l’Ineris, qui a développé cette certification Qualifoudre.
Article extrait du n° 590 de Face au Risque : « Contrôle d’accès, mener son projet » (mars 2023).
Eitel Mabouong – Journaliste
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