Gesip, expert en sécurité industrielle
Vouée à la sécurité des sites industriels et logistiques depuis 1953, l’association Gesip œuvre dans le domaine de la maîtrise des risques toxiques, incendie, explosion et gestion de crise. Ses activités sont réparties en six pôles : formation, tests et certification, publication de guides techniques, groupes de travail, audit et conseil, services sur mesure. Nous avons interrogé son président, Cyril de Coatpont, à l’occasion de la visite du plateau technique de Vernon (Eure).
Pouvez-vous nous présenter Gesip ?
Cyril de Coatpont. Nous regroupons 60 adhérents, dont certains sont des syndicats qui fédèrent eux-mêmes plusieurs membres. Historiquement, nos adhérents font partie du secteur du raffinage et de la chimie. Cela s’est étendu au fil du temps, compte tenu de nos compétences, notamment au secteur de l’aviation, du gaz, de l’alcool, de la chimie, du stockage et distribution, des pipelines ainsi que les nouvelles énergies.
Notre activité est centrée principalement sur les formations. Depuis le Covid, nous les réalisons de plus en plus en mode hybride. Une partie se fait à distance pour les aspects théoriques, avec des modules e-learning et des classes virtuelles en visioconférence. Concernant la partie intervention, cela se déroule en grandeur réelle sur nos deux plateaux techniques, situés à Vernon (Eure) et Roussillon (Rhône), mais également chez nos clients ainsi qu’à l’étranger si besoin.
Nous animons aussi différents groupes de travail. Ceux-ci concernent de nouvelles problématiques industrielles, des révisions, l’incorporation de nouvelles lois et décrets avec leur démultiplication au niveau des industriels. La partie « essais » est liée à notre activité de qualification des mousses et des émulseurs. C’est un domaine dans lequel l’administration nous fait confiance depuis longtemps, avec l’attribution d’un label Gesip. Nous avons investi dans une infrastructure unique au monde de 300 m² à Vernon pour faire des tests, afin de vérifier que les nouvelles mousses sans fluor arrivent à éteindre totalement des feux de grande ampleur.
Vous avez passé récemment un partenariat avec France Hydrogène. Quel en est l’objet ?
C. de C. C’est un partenariat important. L’hydrogène est un gaz que nos adhérents connaissent déjà bien. Il commence à être commercialisé. Il est donc essentiel de connaître les risques et phénomènes dangereux pour une utilisation en toute sécurité. Nous en avons l’expertise et nous allons, en partenariat avec France Hydrogène, proposer des stages spécifiques pour risques industriels et sur les grands principes d’intervention sur des feux liés à l’hydrogène.
En 2022, vous avez sorti un guide inédit relatif à l’intervention sur les systèmes de stockage d’énergie. C’est une nouvelle préoccupation ?
C. de C. En effet, nous avons publié dernièrement, en partenariat avec Saft, spécialiste des batteries de haute technologie, un guide sur les ESS (Energy Storage System). Les ESS sont de gros conteneurs concentrant des centaines de batteries qui permettent de pallier l’intermittence de l’énergie photovoltaïque ou éolienne, de lisser la production et la consommation d’énergie. Les ESS permettent et favorisent le développement des énergies vertes. Il est donc important de maîtriser la sécurité et le risque, notamment si un incendie intervient, pouvant déboucher sur un emballement de batteries. Nous avons bien travaillé sur ce point pour expliquer, notamment aux pompiers, les meilleures pratiques. Par exemple, éviter d’ouvrir le conteneur et utiliser les bouches de noyage. Des produits toxiques sont générés lors de la combustion et l’emballement des batteries, avec un risque d’explosion.
Nous avons aussi examiné quels étaient les moyens d’intervention les plus appropriés et les moyens de protection. Nous étudions avec les industriels comment maîtriser ces incendies, ce type de risque doit être introduit dans les nouvelles formations afin de préparer à ces situations d’urgences. Il reste encore de la réflexion à mener sur le sujet.
Article extrait du n° 588 de Face au Risque : « Panorama des risques 2022-2023 » (décembre 2022 – janvier 2023).
Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef
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