Travailler dans le froid : risques, prévention et vêtements de protection

13 décembre 20227 min

Alors que les gestes barrières sont désormais ancrés dans notre quotidien, les réflexes permettant aux travailleurs de se protéger du froid doivent eux aussi être intégrés. Quels sont ces réflexes indispensables ? Quels sont les risques liés au travail dans le froid ? Comment s’équiper efficacement ? Éléments de réponse.

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Froid intérieur ou extérieur

S’il est important de se protéger des vagues de chaleurs en été, il reste indispensable d’en faire de même s’agissant du froid. D’autant plus que travailler dans le froid n’est pas forcément lié à une saison en particulier.

Exemple avec le travail à l’intérieur d’une chambre froide ou d’un entrepôt frigorifique : qu’importe la saison ou le climat extérieur, les températures au sein de ces lieux sont constamment négatives.

En période hivernale, une adaptation reste toutefois nécessaire pour d’autres métiers. Comme dans le BTP, où les travailleurs doivent s’acclimater au gré des saisons en raison des missions effectuées en extérieur.

Travail dans le froid, quels sont les risques ?

Qu’il s’agisse de travail dans le froid en intérieur ou en extérieur, les risques sont assez semblables.

Parmi les principaux, on peut citer :

  • les accidents (glissades, chutes de plain-pied, contacts avec des surfaces métalliques…) ;
  • la perte de dextérité (en raison du port de gants ou de vêtement de protection contre le froid) ;
  • les difficultés à se déplacer ;
  • les engourdissements et engelures ;

À ces risques purement physiques, peuvent s’ajouter d’autres complications majeures impliquant notamment les voies respiratoires :

  • pénibilité et fatigue accrues (en raison d’une dépense énergétique plus importante) ;
  • déclenchement ou aggravation de symptômes et maladies respiratoires (qui seront plus prononcés en cas d’altitude) ;
  • hypothermie.

Dans le n° 529 de Face au Risque (janvier 2017), un focus était notamment fait sur les symptômes de l’hypothermie. Elle se produit lorsque la température du corps descend en dessous des 35 °C. L’hypothermie se détecte à travers des frissons, une peau froide, un manque d’énergie, une désorientation ou encore une perte de conscience momentanée pour un individu qui en est victime. Cela peut même aller jusqu’au coma, voire la mort dans les cas les plus extrêmes.

Travail dans le froid, les bons réflexes à adopter

En dépit de risques nombreux et variés, des moyens de prévention existent. L’analyse des risques et la liste des moyens de prévention varient en fonction des postes de travail. Comme évoqué dans l’article « Travailler dans le froid », disponible sur faceaurisque.com, il s’agit notamment :

  • d’évaluer les risques et vérifier qu’ils ont été répertoriés dans le document unique d’évaluation des risques ;
  • distinguer les situations de travail en extérieur du travail en ambiance froide ;
  • suivre l’évolution des conditions climatiques ;
  • organiser mieux les tâches et les roulements pour éviter les expositions trop longues ;
  • éviter les situations de travail isolé, les activités physiques intenses, les horaires les plus froids de la journée ;
  • informer et former les salariés aux risques ;
  • prévoir des tenues de travail adaptées en privilégiant l’empilage de couche ;
  • prévoir des équipements de protection individuelle (EPI) adaptés au froid : gants, bottes, casques… ;
  • prévoir des pauses régulières avec des boissons chaudes.

À noter que plus la température est basse, moins le temps d’exposition au froid doit être conséquent pour les travailleurs.

L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) rappelle ainsi, dans un document intitulé «Travail au froid » daté de 2022, que la peau peut geler dans un délai de 10 à 30 minutes pour des températures comprises entre – 25 °C et – 40 °C. Le délai est de moins de 10 minutes pour des températures qui varient entre – 40 et – 55 °C… Et de moins de 2 minutes pour des températures inférieures à – 55 °C.

La réglementation des EPI contre le froid

Les EPI constituent le principal moyen de protection contre le froid pour les travailleurs exposés. Plusieurs normes régissent les vêtements de protection contre le froid.

Cette norme définit les exigences générales des vêtements de protection (septembre 2013 et amendement 1 de septembre 2021).

Sur son site internet, Afnor (l’Agence française de normalisation) précise que cette norme « est destinée à être utilisée uniquement en association avec d’autres normes contenant les exigences relatives à des performances de protection spécifiques et n’est pas destinée à être appliquée seule ».

Dans ce cas précis, les normes ci-dessous la complètent afin de garantir une protection des vêtements contre le froid.

« Habillement de protection – Ensembles vestimentaires et vêtements de protection contre les environnements frais » (novembre 2017).

Cette norme spécifie des exigences et des méthodes d’essai relatives aux performances des vêtements pour la protection contre les effets d’environnements frais à des températures supérieures à – 5 °C.

Ces effets comprennent les basses températures de l’air, mais aussi l’humidité et la vitesse de l’air.

« Habillement de protection – Ensembles vestimentaires et vêtements de protection contre le froid ».

Comme la norme NF EN 14058, la version en vigueur est celle de novembre 2017. Elle concerne les vêtements de protection, les ensembles vestimentaires et les articles d’habillement de protection contre le froid. Elle s’applique à des températures inférieures à – 5 °C.

« Gants de protection contre le froid » (juin 2006).

Afnor rappelle que cette norme « fixe les caractéristiques des gants de protection contre le froid convectif et le froid par contact jusqu’à – 50 °C ».

EPI contre le froid, une efficacité par couches

Trois critères sont pris en compte pour établir les performances d’un vêtement de protection contre le froid :

  • la résistance thermique ;
  • la résistance évaporative ;
  • et la perméabilité à l’air.

Pour une résistance thermique optimale contre le froid, trois couches de vêtements s’avèrent nécessaires.

La première couche, près du corps, est composée par les sous-vêtements.

« Son rôle est d’évacuer, de drainer la transpiration tout en gardant de préférence le corps sec. C’est-à-dire en ne retenant pas l’humidité. Elle doit évidemment être changée fréquemment pour des questions d’hygiène. On préférera une matière synthétique, aux capacités d’absorption de la transpiration par capillarité », précisait-on dans le n° 529 de Face au Risque.

Elle a pour but d’isoler les sous-vêtements de la couche extérieure, à travers un rembourrage qui va également retenir l’air.

« Les trois couches d’air entre chaque épaisseur et la peau jouent un rôle d’isolant. Il est ainsi préférable d’éviter de porter des vêtements serrés pour bénéficier d’une meilleure isolation thermique. »

Il s’agit de la couche directement exposée au froid. Elle doit être de préférence à maillage fin, de type coupe-vent. Son rôle est d’arrêter les gouttes d’eau sans toutefois empêcher la transpiration d’être évacuée.

« Elle ne doit pas être trop fine ni trop épaisse au sens où elle doit laisser une bonne liberté de mouvements sans toutefois transmettre une quantité de froid trop importante par conduction. »

Des extrémités à ne pas oublier

Enfin, les extrémités du corps ne doivent pas être oubliées. Le visage, le cou et la tête sont les parties du corps les plus sensibles aux changements de températures et peuvent représenter jusqu’à 40 % des pertes de chaleurs.

Leur protection requiert ainsi une attention particulière. Les gants complètent la panoplie. Ils visent quant à eux à assurer la protection des doigts, fortement exposés aux engelures, et à éviter une perte de dextérité due au froid.


Article extrait du n° 587 de Face au Risque : « Sûreté des JO 2024 : le grand saut » (novembre 2022).

Eitel Mabouong – Journaliste

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