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Incendie du Cocoanut Grove, il y a 80 ans
Le 28 novembre 1942, un incendie embrase en quelques minutes le Cocoanut Grove, un établissement branché de Boston où se presse, ce soir-là, plus de 1 000 personnes. Le sinistre fait 492 morts et des centaines de blessés. L’enquête mettra en lumière de nombreuses entorses à la sécurité.
Le Cocoanut Grove, un établissement branché de Boston (États-Unis), est plein ce samedi soir. Plus de 1 000 personnes se pressent dans ses différentes salles : restaurant, bars, salles de danse et de spectacle. Au moins 400 de plus que l’effectif maximum autorisé, selon la NFPA (National Fire Protection Association) qui a effectué de nombreuses recherches sur ce sinistre.
La propagation express de l’incendie
Vers 22 h 15, un incendie se déclare dans l’une des salles en sous-sol. Le feu se propage très vite au faux plafond puis atteint l’étroit escalier qui mène au rez-de-chaussée. Les flammes dévorent les matériaux de décoration très combustibles et gagnent, en à peine 4 minutes, le hall d’entrée puis les autres salles de l’établissement. Un épais nuage de fumée s’installe. L’électricité ne fonctionne plus. La chaleur est intense. Selon le rapport du service d’incendie de Boston, en seulement cinq minutes les lieux deviennent « un enfer ».
Des personnes parviennent à franchir la porte tambour de l’entrée, jusqu’à ce que celle-ci se bloque, « piégeant tout le monde derrière », indique le NFPA Journal. Les autres issues sont le plus souvent verrouillées ou impraticables en cas de panique (elles s’ouvrent vers l’intérieur). Certaines personnes arrivent à s’échapper par une fenêtre du sous-sol.
À leur arrivée, les pompiers sont confrontés à des amas de corps bloquant les entrées. Ils parviennent cependant à éteindre le feu en à peine une heure.
La rapidité avec laquelle l’incendie s’est développé, associée au nombre bien trop important de personnes dans les lieux et à la problématique des issues non propices à l’évacuation ont conduit à un bilan dramatique : 492 morts et des centaines de blessés ; 200 personnes ont péri à quelques mètres du tambour d’entrée.
De nombreuses entorses à la sécurité
À l’origine, le bâtiment était un garage. Il a ensuite été transformé pour accueillir une entreprise de distribution de films avant de devenir le Cocoanut Grove. Le rapport d’enquête révèle que l’établissement n’avait pas de licence d’exploitation conforme et que les tout récents travaux de rénovation de l’un des bars avaient été effectués sans permis de construire et par des entreprises non agréées. En outre, on apprend que certains employés étaient mineurs.
Les décors en similicuir, rotin, bambou ou satin ont constitué un matériau hautement combustible et aucun document n’attestait de leur traitement ignifuge.
Selon le rapport officiel du service d’incendie de Boston, l’origine du sinistre n’a jamais pu être déterminée.
Les enseignement tirés
Avant la tragédie, aux États-Unis, restaurants et boîtes de nuit n’étaient pas classés « lieux de rassemblement public », indique la NFPA. À la suite du drame, ils ont été reclassifiés.
Par ailleurs, plusieurs États du pays ont adopté des lois interdisant les décorations inflammables, les portes de sortie s’ouvrant vers l’intérieur et de nouvelles dispositions ont été prises quant aux portes tambour. Les panneaux d’évacuation devaient devenir visibles et facilement lisibles, même dans un environnement enfumé et sans électricité. Et bien sûr, aucune sortie de secours ne pourrait être verrouillée.
La NFPA a de son côté fait évoluer son code relatif aux issues des bâtiments (qui deviendra ensuite le Code 101 sur la sécurité des personnes) pour y inclure des exigences plus strictes concernant notamment les issues, les éclairages de secours et les capacités d’occupation.
En 1943, le propriétaire du club est reconnu coupable d’homicide involontaire et condamné à une peine de 12 à 15 ans de prison. Atteint d’un cancer, il est gracié en 1946 et meurt deux mois après sa libération.
Le Cocoanut Grove a été entièrement démoli en 1944.
Article extrait du n° 587 de Face au Risque : « Sûreté des JO 2024 : le grand saut » (novembre 2022).
Martine Porez – Journaliste
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