Caméras en zone Atex, focus sur une transition technologique
En raison de leurs spécificités, les zones Atex (atmosphère explosive) font l’objet d’une attention particulière. Les caméras destinées à ces zones, actuellement en pleine mutation technologique, ont elles aussi des caractéristiques bien précises.
Qu’est-ce qu’une zone Atex ?
Dans notre numéro 560, intitulé « Atex : éviter l’explosion » daté de mars 2020 et dédié aux atmosphères explosives, Jacques Chaineaux – spécialiste de la question – était interrogé. Ingénieur chimiste de formation, il définissait une zone Atex comme étant « le mélange avec l’air, dans certaines proportions, d’un produit inflammable ou combustible, qui peut être un gaz, une vapeur, un liquide dispersé sous forme d’aérosol ou un produit pulvérulent (une poudre fine en suspension dans l’air) ».
Au sein d’un environnement aussi sensible, les traditionnelles missions de sûreté doivent pouvoir être assurées, avec au premier chef la vidéosurveillance. Encore faut-il faire en sorte que l’intégration de matériels et d’équipements dans cette zone ne devienne pas un potentiel élément déclencheur d’une inflammation de l’atmosphère explosive.
« Tout équipement, électrique ou non, ajouté dans une zone Atex ne doit pas entraîner d’étincelle ou de surface chaude. Le risque d’inflammation doit être pris en compte en amont », nous précise ainsi Frédéric Noël, responsable formations risques d’explosion et consultant expert atmosphères explosives chez CNPP.
Quel rôle pour les caméras en zone Atex ?
Il est possible de définir deux grands types de missions pour les caméras en zone Atex :
une première concernant la vidéosurveillance (intrusion, respect des procédures…) et une seconde pour assurer les contrôles de température, repérer une éventuelle fuite de gaz ou encore gérer les opérations de maintenance des machines.
Les solutions présentes sur le marché diffèrent en fonction des usages souhaités par l’utilisateur final.
Si des caméras classiques sont utilisées pour gérer la vidéosurveillance, la seconde catégorie nécessite l’usage de caméras thermiques et thermographiques, possédant les options nécessaires à la réalisation de ces contrôles.
Déjà concepteur de caméras destinées aux atmosphères explosives, Axis se lance sur le marché des caissons de protection pour caméras Atex. (Crédit photo : Axis).
Des prérequis indispensables
Quel que soit le choix de la caméra utilisée, des critères fondamentaux entourent la mise en service du matériel en zone Atex. « Les caméras non certifiées selon la directive correspondante ne peuvent pas être installées en zone d’atmosphère explosive », confie Frédéric Noël.
Du côté des fabricants, l’application de cette consigne est respectée. « On respecte les normes Atex dans le monde ainsi que celles propres à chaque pays », nous confirme en ce sens Frédéric Brodard, key account manager chez HIKVision. Le fabricant a d’ailleurs une gamme de caméras spécifiquement dédiée au marché Atex.
Ces produits sont spécialement conçus pour résister aux conditions propres des atmosphères explosives : matières anticorrosion, vitres blindées capables de résister à des températures extrêmes.
Les caissons de protection
Parmi les éléments permettant cette résistance, on retrouve notamment les caissons de protection. Ces caissons, qui doivent aussi être certifiés pour usage en zone Atex, jouent en quelque sorte le rôle d’enveloppe dans laquelle se glisse la caméra. Le but étant d’éviter qu’une inflammation interne, liée aux composants électroniques, ne se propage à l’atmosphère explosive entourant le caisson.
Concepteur de caméras destinées aux secteurs «infrastructures, marine, oil and gas », Videotec a très rapidement fait de la fabrication des caissons de protection l’une de ses spécialités.
Au point de devenir un acteur incontournable sur ce marché, en étant capable de proposer des produits avec lave-glaces et essuie-glaces.
Et actuellement, c’est Axis qui vient par ailleurs se positionner sur ce marché des fabricants de caissons.
Reconnu pour son savoir-faire en matière de conception de caméras, Axis franchit le pas et entend également présenter une offre couplant caméra et caisson de protection pour les zones Atex.
Transition technologique en cours
Les dernières avancées technologiques ne manquent pas s’agissant des caméras conçues pour les zones classées atmosphères explosives. L’une des principales concerne une transition des modèles analogiques vers les caméras IP (intégrant le protocole Internet).
« Nous arrivons à un moment de rupture, lance Pascal Lesourd, ingénieur avant-vente pour Axis. Beaucoup de caméras fonctionnent encore en analogique. Le parc analogique est vieillissant sur les sites Atex. Il y a une nécessité de renouvellement. »
Ce constat trouve écho du côté de Videotec par la voix de Guy Roussel, sales manager France-Afrique du Nord et de l’Ouest. « Le renouvellement intervient en moyenne tous les quatre à cinq ans. Il y a un renouvellement important de parcs en France, notamment sur des sites Seveso. Ce renouvellement inclut un passage au numérique », relève l’intéressé.
Les possibilités du numérique
Ce passage des parcs au numérique s’accompagne notamment d’une possibilité d’intégrer des caméras intelligentes en zones Atex. Diverses options peuvent en outre s’ajouter pour améliorer la sécurité sur ces sites sensibles telles que :
- l’analyse des températures en temps réel et à distance ;
- l’incorporation de différents seuils d’alarme pour le contrôle des températures (aussi bien dans l’atmosphère que des machines) ;
- la détection du port des équipements de protection individuelle pour le personnel entrant dans ces zones ;
- la détection d’intrusion.
Et bien sûr, s’assurer que les procédures nécessaires sur ces sites sont bien respectées.
Avec le passage aux caméras IP, il devient alors possible d’incorporer ces applications au fil du temps sans avoir l’obligation de constamment changer de caméra afin de profiter de ces nouvelles options technologiques.
Une coopération technologique Axis – Araani
D’autres possibilités vont également être ajoutées par le biais du numérique. Axis nous a en ce sens confié qu’une caméra tourelle serait prochainement mise sur le marché de l’Atex. Celle-ci inclura la détection vidéo de fumée.
Une avancée permise par une coopération technologique avec l’entreprise belge Araani, dont le détecteur de fumée par analyse vidéo « SmokeCatcher » a reçu la certification CNPP Certified en France (en mars 2019) ou encore la certification Bosec en Belgique (juin 2019).
Au-delà de l’Hexagone, cette bataille entre fabricants de caméras Atex se poursuivra inéluctablement sur le plan international.
Article extrait du n° 586 de Face au Risque : « La réglementation incendie en reconstruction » (octobre 2022).
Eitel Mabouong – Journaliste
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