Foule meurtrière à Séoul
Dans la capitale sud-coréenne, 156 personnes ont perdu la vie dans un mouvement de foule lors d’une soirée pour fêter Halloween.
Le samedi 29 octobre 2022 à Itaewon, un quartier branché de Séoul (Corée du Sud), environ 100 000 personnes se rassemblent pour les fêtes d’Halloween. Depuis 3 ans, à cause de la pandémie de Covid-19, c’est la première fois que cette fête est autorisée. Aussi, les Séouliens affluent de toute la ville. La foule est compacte et se presse dans les petites rues de ce quartier cosmopolite.
La vague et son effet domino
Mais peu après 22 heures, alors que le quartier est plein à craquer, un mouvement de foule se produit dans une avenue principale bordée de ruelles en pente. Des gens tombent, en font chuter d’autres, tels des dominos. Et c’est sans doute ce qui a provoqué la bousculade géante. Ainsi, des centaines de personnes sont écrasées et étouffent, manquant d’oxygène.
Cependant, les secours arrivent tardivement, ne parvenant pas à accéder sur les lieux du drame. Ce sont d’abord les riverains et les fêtards eux-mêmes qui portent secours aux victimes comme ils le peuvent. L’évacuation des victimes est compliquée, tant il y a de monde.
Au total, 156 personnes sont mortes, en majorité des jeunes femmes, et 133 sont blessées.
Les autorités reconnaissent leurs erreurs
Au lendemain de la tragédie, Yoon Suk-yeol, le président sud-coréen, décrète un deuil national d’une semaine.
De son côté, le maire de Séoul, en pleurs, avoue se sentir « infiniment responsable de cet accident ».
Quant à la police, elle reconnaît porter une lourde responsabilité. En effet, seulement 137 agents étaient mobilisés. Et quatre heures avant le drame, elle avait reçu « une dizaine d’appels pour alerter sur la situation chaotique », rapporte FranceInfo, sans intervention de sa part.
La densité des foules
Mehdi Moussaïd, chercheur en sciences cognitives à l’institut Max Planck de Berlin, explique dans son blog que la densité d’une foule est un indicateur important pour étudier les mouvement de foule. Elle se mesure en nombre de personnes par mètre carré.
Ainsi, lorsque la densité atteint 6 personnes par mètre carré, les corps commencent à se toucher. Et ce sont ces contacts physiques qui permettent aux mouvements de se propager. La foule est alors prise de tremblements dus à des vagues de bousculades. Cela devient dangereux.
10 conseils pour survivre dans un mouvement de foule
Lorsque nous l’avions interrogé dans le cadre d’un article sur le comportement des foules face au danger (Face au Risque n° 553, juin 2019), Mehdi Moussaïd avait listé ses 10 conseils pour survivre dans un mouvement de foule. Nous les reprenons ici.
1 Ouvrir les yeux
Le premier objectif est de s’extraire de la masse. Il faut essayer d’estimer l’épicentre de la bousculade pour s’en éloigner.
2 Partir à temps
Plus on attend, plus il sera difficile de partir. Il ne faut pas hésiter à quitter la zone de congestion dès que l’on se sent mal à l’aise.
3 Rester debout
S’il est trop tard pour fuir, il faut s’adapter. Il est primordial de garder l’équilibre. Lors d’un mouvement de foule, la proximité est telle que, par effet domino, la chute d’une personne entraînerait immédiatement celle de ses voisins. Le risque est de se retrouver immobilisé au sol sous le poids des corps.
4 Économiser l’oxygène
La grande majorité des décès dans les mouvements de foule sont causés par une asphyxie. Il faut éviter de crier si ce n’est pas indispensable et contrôler sa respiration.
5 Replier les bras
Lorsque la pression devient trop intense, il est important de replier ses bras devant soi, comme un boxeur, pour protéger sa cage thoracique.
6 Se laisser porter par la vague
Le réflexe naturel quand on se fait bousculer est de résister. Dans un mouvement de foule, on ne peut pas arrêter l’onde de choc. Il faut se laisser porter par le flot en veillant à garder l’équilibre.
7 S’éloigner des parois
Le conseil précédent ne s’applique pas au voisinage d’un mur, d’un grillage ou tout autre objet solide. Les premières victimes d’une bousculade sont souvent écrasées contre une paroi. Les simulations physiques montrent que les pressions sont plus intenses près d’un obstacle solide.
8 Interpréter les signaux de densité
En l’absence de contact physique avec ses voisins, la densité se situe probablement en dessous de 3 personnes par mètre carré : le risque d’accident est faible. Si on touche involontairement un ou plusieurs voisins, la densité se situe autour de 4 ou 5 personnes par mètre carré : il n’y a pas de danger immédiat mais il serait temps de commencer à partir. Si les mouvements des bras sont entravés, il y a beaucoup trop de monde, il faut partir.
9 En cas de panique
Dans ces situations, le mouvement de foule peut être plus dangereux que la menace. Il faut essayer d’évaluer rapidement la nature du danger et s’éloigner calmement en restant le plus loin possible de la cohue.
10 Rester humain
Une foule solidaire a plus de chance de survie qu’une foule individualiste.
Martine Porez – Journaliste
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