Avis d’expert : “Une harmonisation des pratiques”
Jean Gaiao, gérant du bureau d’études MJ2L, notamment spécialisé en sécurité incendie, mandataire de sécurité et responsable unique de sécurité, nous donne son avis sur le système de dérogations actuel et sur ce que va changer la loi Essoc.
La réglementation incendie
en reconstruction
“Actuellement, des dérogations existent et c’est une bonne chose. Ce serait compliqué de se conformer aux textes actuels dans le cadre de réhabilitations. Le sujet du désenfumage revient souvent car les gaines et sections de gaines ne peuvent pas être augmentées. On va par exemple déroger à des vitesses de passage d’air ou des débits et ajouter de la détection incendie dans certains volumes en mesures compensatoires. Ou renforcer les moyens d’extinction…
Ce système de dérogations fonctionne plutôt bien car on connaît la façon de procéder. Mais l’avis dépend beaucoup du service instructeur et de l’analyse du pompier. On n’est pas à l’abri que l’un soit plus exigeant qu’un autre, n’ait pas la même approche ou vision.
Jean Gaiao
Gérant du bureau d’études MJ2L, notamment spécialisé en sécurité incendie, référent en matière de sécurité incendie (mandataire de sécurité, responsable unique de sécurité).
Une approche plus technique
La loi Essoc propose à mon sens une approche plus technique et apportera, je l’espère, une harmonisation des pratiques. On démontrera techniquement qu’on atteint les objectifs. Ce sera certainement sujet à moins de discussions, moins subjectif. Le fait de définir une démarche précise va donner une meilleure visibilité aux maîtres d’ouvrage. C’est d’ailleurs une demande de leur part sur les gros dossiers. On aura des éléments techniques plus concrets. Il y a un réel besoin.
L’inquiétude que l’on peut avoir concerne le coût des différents intervenants.
Un réel choix stratégique
Par ailleurs, on peut espérer que les maîtres d’ouvrage se sentent davantage impliqués. La dérogation compense un manque. Il n’y a pas trop de latitude sur la réponse à apporter. Avec les SEE, le maître d’ouvrage, le donneur d’ordres va devoir se positionner, se prononcer sur un réel choix stratégique, peut-être davantage qu’actuellement avec la pratique des dérogations. Voilà comment faire autrement et innover. On a souvent entendu des architectes dire que la sécurité incendie ne permettait pas d’innover comme ils l’auraient souhaité. C’est positif en termes d’innovation.
L’inquiétude que l’on peut avoir concerne le coût des différents intervenants : pourra-t-il être absorbé par le maître d’ouvrage ?
Article extrait du n° 586 de Face au Risque : « La réglementation incendie en reconstruction » (octobre 2022).
Gaëlle Carcaly – Journaliste
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