Les événements industriels de l’année 2021 : rien n’est jamais acquis
Le Barpi, Bureau d’analyse des risques et pollutions industriels, qui fête ses 30 ans cette année, analyse les événements survenus en 2021 dans les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE).
Les informations relatées dans cet article sont issues de la base de données Aria (analyse, recherche et information sur les accidents) du ministère chargé de l’environnement, accessible gratuitement ici. Elle dénombre, au 31 décembre 2021, plus de 57 000 événements français et étrangers. L’inventaire est disponible ici.
Une certaine continuité
L’année 2021 est dans la continuité de l’année 2020 en termes d’accidentologie. Cela se traduit dans les chiffres.
Concernant les établissements Seveso, l’année 2021 enregistre une baisse significative des événements et une stabilité des accidents.
Concernant les établissements non Seveso, le Barpi constate une hausse notable des accidents et une légère augmentation des événements par rapport à 2020.
Le nombre d’accidents majeurs est dans la fourchette haute de l’épure statistique de ces dernières années (moyenne 4,9 / écart-type : 2,8).
Les secteurs d’activités en cause
Les trois principaux contributeurs n’ont pas changé par rapport à l’année précédente sauf l’agroalimentaire (+ 22 %) qui ressort devant la chimie-pharmacie.
Une hausse notable des événements du secteur de la métallurgie est observée (+ 29 %), tirée par l’activité du traitement de surface.
Les phénomènes dangereux
Les incendies représentent plus des trois quarts des phénomènes dans les secteurs des déchets, de la construction mécanique ou du travail du bois (lire la fiche Aria n° 57301 «Incendie dans une usine de fabrication de bois de chauffage»).
Les rejets de matières dangereuses représentent plus des trois quarts des phénomènes des secteurs des déchets, du commerce, de la chimie, des produits minéraux, du raffinage, du papier/carton et de la logistique.
Des conséquences humaines en hausse mais loin des niveaux pré-Covid
Six salariés ont malheureusement perdu la vie en 2021.
Le nombre de blessés « internes » a augmenté mais reste la 2e année la plus faible depuis 11 ans. Les blessés recensés chez les sauveteurs ou les riverains sont en baisse.
Le nombre de blessés graves est en baisse également, passant de 14 à 12, la moyenne des 11 dernières années étant de 20 (lire la fiche Aria n° 56969 « Incendie de bacs de stockage d’acides »).
Des accidents avec conséquences environnementales en hausse
64 % des accidents ont eu des conséquences sur l’environnement en 2021, dont environ 50 % sur l’eau et 50 % sur l’air. 4 % ont eu des effets sur la faune ou la flore sauvage (lire la fiche Aria n° 57129 « Pollution d’un ruisseau par une installation agricole » – photo ci-contre).
Des conséquences économiques et sociales importantes
72 % des accidents ont pour conséquences des pertes matérielles ou de production. Le Barpi a connaissance des montants pour environ 16 % des accidents (contre 13 % en 2020).
On peut noter que, dans environ 20 % des accidents (contre 16 % en 2020), les employés sont mis au chômage technique, une partie de l’outil de production étant inutilisable (lire la fiche Aria n° 57167 « Incendie dans une pisciculture »).
Prendre en compte le retour d’expérience pour ne pas revivre les mêmes événements
Le Barpi a constaté que 5 % des événements ont déjà eu lieu dans une même entreprise avec les mêmes causes. On retrouve cette récurrence dans le secteur du traitement de surface et dans d’autres secteurs. Il est de la plus haute importance que les enseignements des événements soient tirés, afin de prévenir leur récurrence (lire la fiche Aria n° 55910 « Incendie dans un centre VHU »).
Il est important d’analyser les événements en intégrant le contexte de sa survenue : temporalité, conditions de production, activité de l’installation (arrêt, redémarrage, normal…), organisation des équipes…
L’analyse doit commencer par intégrer les perturbations – ou causes premières.
Cette analyse ne serait pas complète sans l’identification des causes profondes ou causes racines qui sont à l’origine de ces perturbations.
Cette dernière analyse doit être abordée sous l’angle des facteurs organisationnels et humains, à l’origine à 98 % des perturbations. Le taux de connaissance des causes profondes reste stable à un niveau bas de 33 %.
Enfin, une attention particulière doit aussi être portée à la gestion de l’intervention, dont la qualité et la rapidité permet de limiter les conséquences.
Article extrait du n° 586 de Face au Risque : « La réglementation incendie en reconstruction » (octobre 2022).
Vincent Perche
Responsable de la cellule chimie, informatique et équipements sous pression du Barpi (Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions Industriels)
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