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Interview Pierre Grard : “Ieesse, we do !”

13 septembre 2022•Bernard Jaguenaud•3 min•

Créé en 2019 juste avant l’arrivée du Covid, l’Institut européen d’études en sûreté-sécurité pour les entreprises (Ieesse) est plus qu’un think tank, un espace de réflexion. Avec son slogan « Ieesse, we do », il se veut aussi un do tank : un vecteur de changement au sein de l’écosystème de la sûreté-sécurité. Présentation avec son président et co-fondateur, Pierre Grard.

Quel est l’objet moral de l’association Ieesse ?

Pierre Grard. Au départ, avec quelques amis proches, nous sommes partis d’un constat : nulle part existe un endroit où les directeurs sûreté-sécurité des entreprises peuvent se mettre à réfléchir à des évolutions qui paraissent utiles à leur métier et à leur fonction. Nous avons donc décidé de créer cet espace de réflexion.

Dans Ieesse, le mot « institut » renvoie à la notion de formation : nous voulons développer le niveau de compétence en sûreté-sécurité des entreprises pour les tirer vers le haut, mais aussi aider l’ensemble des citoyens vers une meilleure appréhension de la notion de sûreté-sécurité en entreprise, voire au niveau de la nation.

Ieesse est aussi un do-tank, car notre objectif est de publier des documents, via notre site web, qui vont servir à faire évoluer la profession. L’idée est aussi de trouver des points d’accroche avec les directeurs sûreté-sécurité européens pour pouvoir monter des associations similaires et créer ensuite une sorte de confédération à l’échelle de l’Europe.

Quel est son mode de fonctionnement ?

P. G. Toute personne intéressée par le monde de la sûreté-sécurité peut devenir membre de Ieesse. Le cheminement est simple, remplir un dossier de demande d’adhésion avec un double parrainage et s’acquitter d’une cotisation. Nous sommes sur le point d’atteindre la centaine de membres.

Notre particularité est de fonctionner en groupes de travaux. Tous les aspects de la sûreté-sécurité sont abordés au travers de thématiques, qui sont proposées et votées par les membres. Nous avons quatre réunions par an, au cours desquelles nous faisons le point sur la vie de l’association et sur l’avancée des thématiques, avec l’intervention d’un invité sur un sujet libre.

En plus des cotisations des membres, notre financement provient du mécénat.

Enfin, nous avons aussi des partenaires. Ces derniers ne versent pas de contribution financière : ils nous aident au développement ou à la réflexion en échange de partage d’informations et de bons procédés.

Quelles sont les thématiques sur lesquelles vous réfléchissez actuellement ?

P. G. Elles sont au nombre de six :

sûreté-sécurité et business, investissement stratégique, ou comment valoriser les investissements en sûreté-sécurité à l’actif du bilan des entreprises ;

sûreté-sécurité et RSE, même combat, ou comment mieux intégrer la notion de sécurité indispensable à une responsabilité sociale et environnementale ;

intelligence artificielle (IA) et sûreté-sécurité des entreprises : peut-on vraiment parler d’IA pour les solutions présentées aujourd’hui ?

code d’éthique en sûreté-sécurité. La profession est quotidiennement confrontée à la problématique de l’éthique, et pourtant aucun code d’éthique n’existe à ce jour ;

la sécurité incendie en flex-office à l’ère du télétravail. Nous avons des espaces complétement ouverts avec des bureaux qui ne sont plus attribués. Comment repenser l’évacuation ?

surveillance humaine et continuum de sécurité. Nous avons déjà publié un premier pensum, en mai 2022, sur le sujet. Nous partons du constat que les missions des agents de sécurité aujourd’hui ne correspondent plus vraiment aux besoins des entreprises, et que les réglementations sont faites par des personnes qui ne connaissent pas le monde des entreprises. C’est une véritable réflexion sur l’ensemble de la profession de la sûreté- sécurité et notamment sur la formation des agents de sécurité.

Article extrait du n° 585 de Face au Risque : « Communication de crise » (septembre 2022).