Accidentologie de l’activité de dépollution de véhicules hors d’usage
Après une présentation des éléments généraux relatifs à l’accidentologie du secteur des déchets (Face au Risque n° 573) puis des focus sur les activités de tris, transits et regroupements de déchets non dangereux (n° 577) et sur les installations de stockage de déchets non dangereux (n° 580), le Barpi s’intéresse ici à l’accidentologie des entreprises de dépollution de véhicules hors d’usage (VHU).
Une accidentologie en hausse
Le groupe métier « Déchets » comprend les installations ayant un des codes NAF suivants :
- Collecte et traitement des eaux usées : NAF 37 ;
- Collecte, traitement et élimination des déchets, récupération : NAF 38 ;
- Dépollution et autres services de gestion de déchets : NAF 39 ;
- Entretien et réparation de véhicules automobiles : NAF 45.2.
Il a été au premier plan de l’accidentologie durant 9 ans sur la période 2010-2020, avec un total de 2 177 événements enregistrés dans la base de données Aria (données au 5 mars 2021) du Barpi (Bureau d’analyse des risques et des pollutions industriels).
Représentant de l’ordre de 14 % de l’accidentologie des installations industrielles françaises en 2010, ce groupe métier approche les 24 % en 2020.
Une décomposition des activités contribuant à l’accidentologie du groupe métier « Déchets » pour la période 2017-2019 montre que l’activité de dépollution de véhicules hors d’usage (VHU), dont l’acteur principal dispose d’un NAF 38, contribue à hauteur de près de 12 % des événements enregistrés dans ce groupe métier.
Une analyse détaillée des 90 événements enregistrés pour cette activité entre 2017 et 2019 a été menée par le Barpi dans le cadre de la synthèse « Accidentologie du secteur des déchets sur la période 2017-2019 » publiée en mai 2021. Les principaux éléments de ce volet sont présentés ci-dessous.
L’incendie, le phénomène prépondérant
Un incendie est recensé dans 90 % des événements de l’activité de dépollution de VHU. La proportion est plus élevée que dans le groupe métier général « Déchets » pour la même période (près de 80 %), lui-même en proportion bien supérieure aux autres installations industrielles (env. 55 %).
Ces incendies se produisent majoritairement (plus de 40 % des cas) lorsque le site est en activité réduite. C’est-à-dire soit la nuit, soit pendant les jours de fermeture, tels que les dimanches.
Il est à noter que près de 14 % de ces incendies ont lieu sur des sites en situation irrégulière.
Dans 25 % des cas d’incendie enregistrés, des difficultés d’intervention des pompiers sont relevées :
- soit, dans de nombreux cas, parce que le site ne disposait ni d’une réserve incendie, ni de poteaux incendie ;
- soit à cause d’un encombrement du site.
À noter qu’un pompier a été blessé par un chien de garde au moment de l’accès au site fermé.
Près de 14 % : c’est le taux d’incendies recensés sur des sites en situation irrégulière.
Une gravité plus importante
L’activité de dépollution de VHU n’est pas prédominante en termes de nombre d’événements dans le groupe métier « Déchets ». C’est l’activité de tri, transit, regroupement de déchets non dangereux qui l’est avec près de 30 % des événements enregistrés dans ce groupe métier.
Cependant, les événements de l’activité de dépollution de VHU sont plus importants en termes de gravité. Ainsi, plus de 50 % des événements recensés pour cette activité sont des accidents, contre environ 30 % dans le groupe métier « Déchets ».
Toutefois, il est important de souligner qu’aucun événement mortel n’est recensé. En revanche près de 20 % des événements font état de blessés légers, employés ou pompiers, atteints durant l’extinction des incendies souvent de grande ampleur (brûlures, intoxications, chutes).
Dans 60 % des cas, ces incendies ont pour conséquence environnementale une atteinte de l’air. Ce qui mène, dans 20 % des cas, à une interruption de la circulation aux abord du site, et dans 10 % des cas à la mise en place d’un périmètre de sécurité.
Ces mesures s’accompagnent parfois d’un suivi de la qualité de l’air.
Toutefois, les dommages relevés restent principalement internes avec des dommages matériels et des pertes d’exploitation.
La gestion des risques : cause profonde avérée dans la majorité des incendies
- Les causes premières (avérées ou supposées) des événements de l’activité de dépollution de VHU sont connues dans 50 % des 90 événements enregistrés dans la base Aria pour cette activité. Elles sont principalement liées à des interventions humaines. Ainsi, dans plus de 50 % des cas, le départ de feu se produit dans le cadre d’une intervention sur un VHU, notamment lors d’opérations spécifiques :
- démarrage du véhicule pour son déplacement ;
- vidange du véhicule ;
- intervention à l’aide d’un chalumeau ;
- etc.
Cela montre qu’une analyse de risque et un mode opératoire adaptés aux opérations de dépollution réalisées sur les VHU permettraient d’éviter un certain nombre de départs de feu.
« Dans plus de 50 % des cas, le départ de feu se produit dans le cadre d’une intervention sur un VHU. »
Par ailleurs, la malveillance est pointée comme cause première supposée dans plus de 20 % des événements de cette activité. Ce qui est largement au-dessus du secteur des déchets (8,5 %) et très largement au-dessus du domaine général des installations classée (3 %).
Les causes profondes sont recherchées par les exploitants dans environ 30 % des événements seulement. Pourtant, l’analyse approfondie d’un événement doit permettre d’en identifier les causes profondes afin de mettre en œuvre les actions correctives adaptées et éviter qu’un événement similaire ne se produise à nouveau.
Un retour d’expérience à ne pas négliger
De manière plus large, le partage du retour d’expérience à l’échelle d’un secteur ou d’une profession doit permettre de faire diminuer l’accidentologie de ce domaine.
Par l’analyse des informations qui lui sont remontées, le Barpi participe à cette progression globale. Ainsi, au regard des éléments à sa disposition pour la réalisation de la synthèse « Accidentologie du secteur des déchets sur la période 2017-2019 » publiée en mai 2021, les points de vigilances présentés dans le tableau ci-dessous peuvent être formulés.
Accidents illustratifs
Article extrait du n° 582 de Face au Risque : « POI-PDI : être opérationnel » (mai 2022).
Aurélie Epely
Chargée de mission au Barpi (Bureau d’analyse des risques et des pollutions industriels)
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