EPI. Les gants de protection contre le risque chimique
Qu’il s’agisse de gants, de chaussures ou de lunettes, le choix d’un équipement de protection individuelle (EPI) adapté est primordial. L’environnement de travail est l’une des données incontournables lors du processus de décision. Focus sur le cas des gants de protection contre le risque chimique.
Identifier les risques
Comme pour tout EPI, il est en premier lieu nécessaire d’identifier les risques auxquels les travailleurs sont exposés. Dans le cas des gants, les besoins de protection ne sont pas les mêmes en fonction des risques. Il faut retenir qu’il n’existe pas de gant qui assure une protection contre tous les risques.
Protéger d’un risque de coupure nécessite en effet une gamme de gants qui diffère d’une nécessité de protéger d’un risque de brûlure. S’agissant de protection contre le risque chimique, il est là encore nécessaire d’effectuer une sélection bien précise. Cela en raison du fait qu’il existe différents types de risques chimiques.
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) les répertorie dans sa « Fiche pratique de sécurité ED 112 », datant de janvier 2020.
Des matières en adéquation avec les produits chimiques
Dans cette fiche ED 112, l’INRS liste plusieurs familles de produits chimiques tels que les acides carboxyliques, les aldéhydes, les alcools primaires, les hydrocarbures aliphatiques, les hydrocarbures chlorés, les hydrocarbures aromatiques ou encore les solutions aqueuses.
Pour répondre à ces problématiques, il existe sur le marché des gants de différentes matières. Concernant les gants réutilisables, l’INRS répertorie huit matières, classables en quatre catégories :
- les gants en caoutchouc naturel (latex naturel) ou synthétique (nitrile, butyle, néoprène) ;
- les gants en polymère synthétique : PVA (polymère synthétique à base d’alcool vinylique), PVC (polymère synthétique à base de chlorure de vinyle) ;
- les gants en matériaux fluorés ;
- les gants en matériaux multi-couches.
Ces matières ont toutes des forces et des faiblesses face à la multitude de risques chimiques (liquides, solides, gazeux…) auxquels les utilisateurs peuvent être confrontés. Comme il était mentionné dans l’article intitulé « Bien choisir ses gants de protection », publié dans le n° 515 de Face au Risque (septembre 2015), « aucun gant ne peut résister indéfiniment à un produit, ni résister à tous les produits ».
Près de sept ans plus tard – et malgré un passage technologique de l’iPhone 6s à l’iPhone 13 – cela reste vrai. D’où la nécessité de choisir des gants en adéquation avec des risques chimiques spécifiques.
Une norme générale à tous les gants professionnels
Qu’importe l’usage du gant de protection, la norme NF EN ISO 21420 s’applique dans tous les cas de figure. Cette norme, entrée en vigueur en mars 2020, remplace la norme EN 420 (de janvier 2010).
Selon l’Association française de normalisation (Afnor), la norme NF EN ISO 21420 « définit les exigences générales et les procédures d’essai concernant l’ergonomie et la construction du gant, la résistance des matériaux constitutifs à la pénétration de l’eau, l’innocuité, le confort et l’efficacité, le marquage et l’information fournie par le fabricant applicables à tous les gants de protection ».
Le choix des gants de protection est conditionné par le type de produits chimiques auxquels les travailleurs sont exposés. Il est possible de voir des gants différents sur un même lieu si les postes de travail le nécessitent.
Des normes spécifiques aux risques chimiques et micro-organismes
À cette première norme commune à tous les gants de protection professionnels, viennent s’ajouter les spécificités liées aux risques chimiques. Celles-ci sont contenues dans les normes NF EN ISO-374, NF EN ISO 16523-1+A1 et NF EN ISO 16523-2+A1.
La norme NF EN ISO 374 « Gants de protection contre les produits chimiques dangereux et les micro-organismes » se décompose en quatre grandes parties :
- NF EN ISO 374-1. « Partie 1 : elle spécifie les exigences relatives aux gants de protection servant à protéger l’utilisateur contre les produits chimiques dangereux et définit les termes à utiliser » ;
- NF EN ISO 374-2. « Partie 2 : elle spécifie une méthode d’essai pour la détermination de la résistance à la pénétration des gants de protection contre les produits chimiques et/ou micro-organismes dangereux » ;
- NF EN ISO 374-4. « Partie 4 : elle spécifie la méthode d’essai pour la détermination de la résistance des matériaux des gants de protection à la dégradation par contact continu avec des produits chimiques dangereux » ;
- NF EN ISO 374-5. « Partie 5 : elle spécifie une méthode d’essai permettant de déterminer la résistance à la pénétration des gants qui protègent contre les micro-organismes ».
Lors de la précédente décennie, la norme NF EN ISO 374-3 a été remplacée par la norme NF EN 16523-1 qui, depuis, a été elle-même remplacée par la norme NF EN 16523-1+A1, relative à la « détermination de la résistance des matériaux à la perméation par des produits chimiques ».
Afnor précise que cette norme « spécifie une méthode d’essai pour la détermination de la résistance des matériaux utilisés dans la confection de vêtements de protection, gants et chaussures à la perméation par des produits chimiques liquides potentiellement dangereux, dans des conditions de contact continu. La méthode d’essai s’applique à l’évaluation de la protection contre les produits chimiques liquides qui ne peuvent être collectés qu’au moyen d’un milieu collecteur liquide ou gazeux. Cette méthode d’essai n’est pas applicable à l’évaluation de mélanges de produits chimiques, à l’exception des solutions aqueuses ».
Enfin, la norme NF EN 16523-2+A1 « s’applique à l’évaluation de la protection contre les produits chimiques gazeux qui ne peuvent être collectés qu’au moyen d’un milieu collecteur liquide ou gazeux, mais n’est pas adaptée à l’évaluation de mélanges de produits chimiques gazeux. Cette méthode d’essai décrit les modifications à apporter à la NF EN 16523-1, nécessaires à la réalisation des essais impliquant des produits chimiques gazeux qui peuvent être collectés au moyen d’un milieu collecteur liquide ou gazeux ».
Quelques recommandations
Outre l’aspect normatif, il ne faut pas oublier le plus important : l’utilisateur final. C’est pour cela que le confort du gant sur la main doit également être pris en compte (dextérité, taille…).
Dans sa fiche pratique ED 112, l’INRS n’oublie pas de rappeler que l’employeur doit conserver et fournir les informations liées à la fiche de poste afin que les risques chimiques encourus soient répertoriés.
Sur les gants en eux-mêmes, une des règles de base est également l’inspection de l’équipement avant chaque usage dans le but d’en vérifier l’usure. Si une quelconque détérioration est décelée (changement de couleur, craquelures, odeurs, prolifération bactérienne, étanchéité défaillante…), aucun risque ne doit être pris. Les gants doivent alors immédiatement être jetés et remplacés. Inéluctablement, un gant abîmé ne dispose plus des mêmes capacités de résistance aux substances chimiques que lorsqu’il se trouve dans un état optimal.
Il est par ailleurs recommandé d’être vigilant sur l’hygiène lorsque les gants sont portés. Ce qui signifie qu’il est hors de question de se toucher une partie du corps, de manger, boire ou fumer dans ces moments précis… tout simplement pour éviter une éventuelle transmission d’une substance chimique du gant sur l’organisme.
Le lavage des gants et des mains après usage n’est pas à oublier, tout comme le fait que chaque paire de gants est à usage personnel pour éviter « la transmission d’infection ».
Enfin, échanger avec l’utilisateur final sur le choix des gants est essentiel afin qu’il se sente à l’aise, mais aussi qu’il puisse prévenir en aval sur une éventuelle nécessité de changement dans le choix de ses équipements.
Article extrait du n° 581 de Face au Risque : « Notre-Dame sous les deux de la rampe » (avril 2022).
Eitel Mabouong – Journaliste
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