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Une tribune s’effondre à Furiani, le 5 mai 1992
Le 5 mai 1992, une partie de la tribune du stade de Furiani (Haute-Corse), trop rapidement installée pour la demi-finale de la coupe de France de football, s’écroule avec 3 000 spectateurs. 18 meurent dans l’accident.
Au stade de Furiani, petite commune près de Bastia (Haute-Corse), on prépare depuis quelques jours la demi-finale de la coupe de France de football. L’affiche est belle. En effet, à 20 h 30, Bastia, équipe de division 2, va rencontrer la prestigieuse équipe de Marseille alors présidée par Bernard Tapie.
Afin d’accueillir un maximum de spectateurs – et de remplir les caisses du club en difficultés financières – les dirigeants du SCB (Sporting club de Bastia) décident de remplacer la tribune nord de 750 places par une structure métallique de 9 300 places.
Une nouvelle tribune dressée en un temps record
La démolition se fait sans permis en une nuit. Et c’est la société niçoise Sud-Tribune qui est choisie pour la construction de la nouvelle tribune. Celle-ci démarre le 28 avril. Le tout se fait à la hâte. Malgré les réserves émises par la commission de sécurité, la ligue de football de Corse transmet à la Fédération française de football (FFF) un faux avis favorable afin d’avoir son aval pour démarrer la vente des billets. Par ailleurs, la Socotec, l’agence de contrôle, donne son accord sur la conformité de l’édifice.
L’accident
Le jour du match, à 19 h, alors que la nouvelle tribune, à peine achevée, est déjà remplie de supporters, les équipes de sécurité s’inquiètent : la structure métallique, posée sur des cales en bois et des parpaings, commence à bouger. Des techniciens tentent de resserrer des boulons. Puis, le speaker du stade enjoint aux spectateurs de ne pas taper des pieds…
Mais à 20 h 23, quelques minutes avant le coup d’envoi, la partie la plus haute de la tribune s’effondre dans un fracas assourdissant. 3 000 personnes tombent de 15 m de haut dans un amas de tubes métalliques et de sièges.
A gauche, la tribune juste avant l’accident.
A droite, la tribune effondrée.
Les secours
Le Samu présent pour le match porte les premiers secours. Les joueurs et certains spectateurs leur prêtent main forte.
À 21 h, l’évacuation du stade est ordonnée.
Des hélicoptères de la sécurité civile transportent les premiers blessés vers les hôpitaux de la région qui sont rapidement saturés. Les autres victimes sont conduites à l’aéroport de Bastia pour être transférées ensuite vers le continent. Au regard du grand nombre de victimes, le plan rouge est déclenché.
Le bilan final est de 18 morts (dont 4 journalistes) et 2 357 blessés.
Les responsabilités
L’enquête, qui mobilise de nombreux gendarmes et experts, met en lumière deux aspects : l’extrême fragilité de la structure métallique et la légèreté de l’Administration et des organisateurs.
Côté tribune, l’enquête révèle une succession de manquements : fondations douteuses, absence de liens entre les structures, diagonales de maintien prévues pour consolider la structure mal installées…
Du côté de l’organisation, la lumière doit être faite lors du procès prévu début janvier 1995.
Or, le 26 décembre 1994, à quelques jours de son ouverture, le président du SCB est assassiné.
C’est ainsi que le procès se tient sous haute surveillance. Le directeur de Sud-Tribune, seul à avoir reconnu sa faute, écope de 26 mois de prison ferme pour homicides et blessures involontaires. Il ne fait pas appel de la décision au contraire de tous les autres prévenus.
Quelques mois plus tard, en appel, leurs peines sont le plus souvent allégées. Le vice-président du SCB (instigateur du faux avis favorable) est condamné à 10 mois de prison avec sursis, le directeur de Socotec écope de 20 mois avec sursis, tout comme le directeur de cabinet du préfet. Quatre organisateurs du match et deux responsables de la FFF sont également condamnés à des peines de prison avec sursis.
Une nouvelle réglementation
Dès le 13 juillet 1992, la loi n° 92-652 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives est promulguée. Elle modifie les règles d’homologation des enceintes destinées à recevoir des manifestations ouvertes au public. Ceci concerne les équipements en plein air de plus de 3 000 spectateurs et les équipements couverts de plus de 500 spectateurs. Ainsi, la loi permet de s’assurer que toutes les dispositions nécessaires en matière de solidité des ouvrages, de sécurité des personnes et d’intervention des secours ont été prises avant l’ouverture au public. Sont concernées aussi bien les nouvelles enceintes que les existantes ou celles faisant l’objet de modifications.
Article extrait du n° 582 de Face au Risque : « POI-PDI : être opérationnel » (mai 2022).
Martine Porez – Journaliste
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