POI et PDI : les points communs

27 avril 20225 min

Si le plan d’opération interne (POI) et le plan de défense incendie (PDI) ne concernent pas le même périmètre et ne se basent pas sur les mêmes scénarios, ils répondent à la même logique : anticiper et faciliter la gestion de crise. Voici les principaux points communs.

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Deux plans d’urgence

Schéma
d’alerte

Synergie avec
les secours publics
et autorités

Scénario
de risque

Plans
et schémas

Anticipation
pollution

Le premier point commun entre le POI et le PDI est que « ce sont des plans qui préparent la réponse de l’exploitant en cas de situation d’urgence, explique Jérôme Richard, manager conseil et formation incendie à CNPP. Ce dernier doit prévoir des scénarios incendie de référence et préciser l’enchaînement des actions depuis la détection jusqu’à l’intervention avec la mise en œuvre des moyens fixes, en passant par l’alarme, l’évacuation, l’intervention éventuelle d’équipes internes, l’accueil des secours. »

On retrouve, dans les deux cas :

  • Le schéma d’alerte. « Le début du schéma d’alerte sera le même. Dans le cas du POI, il y aura une information assez rapide de l’autorité préfectorale, de l’inspection des ICPE, des riverains…, ce qui n’est pas forcément prévu dans le PDI de manière aussi fluide », remarque Jérôme Richard.
  • La synergie de l’exploitant avec les secours publics et les autorités.
  • La notion de scénario de risque, même si seul le PDI aborde des scénarios de référence réglementaire alors que le POI s’appuiera sur une ou des études de dangers.
  • Des plans et schémas, simples, lisibles, également à disposition des autorités et secours publics.
  • L’anticipation de la pollution. À faire dans le cas du POI et dans les PDI des entrepôts soumis à autorisation notamment en raison du sujet des fumées.

Des attentes communes vis-à-vis de l’industriel

Outre que l’on attend de l’exploitant, dans le cadre du POI ou du PDI, qu’il mette en œuvre des moyens pour atténuer, voire maîtriser, le sinistre, qu’il assure la mise en sécurité des personnes et qu’il coordonne les intervenants (le POI ira plus loin la plupart du temps avec un poste de commandement exploitant ou cellule de crise, contrairement au PDI), il doit aussi faire preuve d’efficacité pour :

  • La gestion de ses moyens, avec un bon dimensionnement (l’industriel doit avoir en amont prévu les ressources en eau et en émulseur pour lutter contre le sinistre) et la mise à disposition de moyens spécifiques si besoin.
  • L’expertise industrielle. L’industriel doit prévoir la possibilité de couper les énergies et les fluides, la mise en sécurité des procédés industriels, les personnels techniques (ingénieurs, techniciens, prestataires…) pour le faire… Il doit aussi être en mesure de donner un état des stocks des matières ou substances en train de brûler ou menacées par l’incendie (cette attente a été accentuée et formalisée par la réglementation post-Lubrizol). « C’est sur son expertise que l’industriel a le moins le droit à l’erreur, prévient Jérôme Richard. Il n’y a que lui qui connaît très bien le site, il ne doit pas y avoir de carences. »

« C’est sur son expertise que l’industriel a le moins le droit à l’erreur. Il ne doit pas y avoir de carences. »

Jérôme Richard, manager conseil et formation incendie à CNPP.

  • La responsabilité environnementale. Dans le cas du POI et du PDI, on cherche à diminuer le plus possible les effets d’un sinistre. Il faut anticiper les conséquences sanitaires et environnementales. C’est là qu’interviennent les premiers prélèvements environnementaux (post-Lubrizol), qui seront envoyés en laboratoire pour identifier des substances qui pourraient être dangereuses pour la santé ou l’environnement et que l’on retrouverait notamment dans les fumées d’incendie.
  • Le devoir d’information. Dans les deux cas, l’industriel doit définir au moins un interlocuteur compétent et disponible pour répondre aux questions des autorités (Sdis, préfecture, mairie…).
  • La réactivité. « On ne peut pas tout prévoir mais il faut que l’industriel soit capable d’engager des dépenses et moyens à la demande si nécessaire, souligne Jérôme Richard. Par exemple si les sapeurs-pompiers nécessitent un moyen de levage ou de pompage pour récupérer des produits qui se sont déversés. »

Des leviers de performance communs

Les mêmes conseils sont valables pour que POI et PDI soit efficaces et opérationnels :

  • Des fiches simples et lisibles. « Plus on met de contenu, plus le lecteur sera victime de l’effet tunnel. Soit il n’aura pas le temps de lire la fiche, soit il va s’intéresser à quelques termes et n’aura pas de vision globale », avertit Jérôme Richard.
  • La cohérence, entre les moyens techniques et humains, les ressources nécessaires et l’intervention des services d’incendie et de secours (voir schéma ci-dessous). « Si on prévoit des moyens d’intervention mobiles, comme la mise en place de lances incendie, il faut prévoir le personnel pour ça », illustre Jérôme Richard.
  • Une bonne gestion de la sous-traitance. Un exploitant peut faire appel à des sous-traitants ou prestataires pour lutter contre l’incendie (appel à des émulseurs dans le cadre des moyens complémentaires ou convention d’entraide), à une entreprise privée de sécurité pour le gardiennage (l’agent de sécurité est alors un maillon important, c’est lui qui, souvent, donne l’alerte), à une entreprise de maintenance… « Quand on élabore les plans d’urgence, il faut aussi s’interroger sur les modalités contractuelles avec ces sous-traitants », conseille Jérôme Richard.
  • Un bon équilibre entre plan et exercices et formation. Un très bon plan ne sert à rien s’il n’y a pas d’appropriation par les équipes.

Article extrait du n° 582 de Face au Risque : « POI-PDI : être opérationnel » (mai 2022).

Gaëlle Carcaly – Journaliste

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