Notre-Dame brûle : « La sécurité a été déterminante dans nos choix de tournage »
Pour le film « Notre-Dame brûle », le parti pris du réalisateur a été de rapprocher au maximum le tournage des scènes de feu des conditions réelles. Cela n’a pas été sans des contraintes de sécurité évidentes. Jean-Yves Asselin, le producteur exécutif du film, nous explique la démarche suivie pour reconstituer les scènes clés et limiter le risque incendie.
Quelle problématique de sécurité incendie s’est présentée sur le tournage de « Notre-Dame brûle » ?
Jean-Yves Asselin. Nous avions beaucoup de séquences d’incendie dont le metteur en scène souhaitait qu’elles puissent être tournées de manière la plus réaliste possible. C’est-à-dire au contact du feu, sans avoir recours systématiquement aux effets spéciaux numériques. Cela n’était pas sans poser des impératifs de sécurité évidents et prioritaires, et des contraintes techniques.
Ce fut le cas notamment pour la construction du décor, au niveau du choix des matériaux qui devaient tenir au feu suffisamment longtemps pour répondre à nos spécifications de tournage. Car nous avions prévu de faire plusieurs prises par plan.
Comment avez-vous procédé pour préserver les décors des flammes, entre chaque prise ?
J.-Y. A. Le département décoration a mobilisé plusieurs centaines de techniciens. Dessinateurs, constructeurs, menuisiers, peintres, sculpteurs, soudeurs se sont succédé pendant 5 mois environ. Les décors devaient pour la plupart résister au feu. Les matériaux ont été choisis en conséquence, puis longuement travaillés pour leur donner la patine du temps. Il fallait qu’ils ressemblent le plus précisément possible aux éléments d’architecture de Notre-Dame.
Les décors qui n’étaient pas au contact du feu pouvaient être réalisés dans des matériaux plus « traditionnels » au cinéma. Certaines sculptures étaient en polystyrène, par exemple.
Quelles sont les séquences clés du film ayant nécessité la reconstitution en grandeur réelle de scènes de feu ?
J.-Y. A. Parmi les séquences importantes, trois lieux principaux ont été construits en studio. La nef de la cathédrale, touchée par la chute de la flèche, a été faite aux studios de Paris à Saint-Denis. La séquence finale, au cours de laquelle l’héroïsme des pompiers permet de maîtriser l’incendie, a nécessité la reconstitution du beffroi. Cette séquence a été tournée également aux studios de Paris.
Enfin, nous avons la séquence reproduisant l’intervention du premier groupe de pompiers au niveau de la charpente. Celle-ci a nécessité de reconstituer le transept nord. Nous avons décidé de construire ce décor en extérieur sur ce que nous appelons un backlot. C’est sur un ancien parking des studios de Bry-sur-Marne que cela a pu se faire.
Comment avez-vous intégré les contraintes de sécurité au sein du tournage ?
J.-Y. A. En matière de sécurité, les obligations ont été déterminantes dans nos choix et nos options de tournage. Et nous avons dû composer et nous adapter aux conditions de chaleurs, de fumées et de ventilation nécessaires… Elles ont conditionné notamment notre planning de tournage. Toutes ces données nous ont été fournies par une étude que nous avions commandée auprès de CNPP dont l’expérience, la réputation et les compétences en matière de risques incendie étaient un gage de sécurité.
Sur la base de leur rapport et de leurs recommandations, un protocole a été établi, appliqué et suivi précisément pour le bon déroulement des opérations.
En plus de cela, nous avions mis en place un service de sécurité incendie en permanence avec nous sur le tournage, composé de pompiers professionnels et d’engins-pompes prêts à intervenir à tout instant. Nous avions un coordinateur de sécurité, ainsi que des conseillers de la BSPP. Nous avions également largement informé nos personnels des mesures de sécurité à prendre, à respecter, à appliquer et à faire respecter.
Article extrait du n° 581 de Face au Risque : « Notre-Dame sous les deux de la rampe » (avril 2022).
Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef
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