L’ajout d’un produit antigel de type glycol dans les installations sprinkleurs
Près de 90 % des bâtiments sans maintien hors gel possèdent une installation sprinkleurs contenant un antigel de type glycol. Cependant, son utilisation dans le réseau sprinkleurs est soumis à certaines conditions.
Propriétés et avantages du glycol
Le monopropylène glycol est un composé chimique dérivé du pétrole qui possède des propriétés de transfert de chaleur. Mélangé à de l’eau dans une certaine proportion, il abaisse son niveau de congélation et augmente le niveau d’ébullition. Avec une concentration en monopropylène glycol de 38 % du volume, on obtient une protection jusqu’à -20 °C. Et en allant jusqu’à 50 % du volume, on protège du gel jusqu’à -33 °C.
Actuellement, les installations sprinkleurs utilisant du glycol sont les plus répandues. Près de 90 % des bâtiments sans maintien hors gel possèdent une installation contenant un antigel de type glycol. Le glycol n’est pas onéreux à l’installation et possède une durée de vie de dix ans.
Néanmoins, l’utilisation du glycol dans le réseau sprinkleurs est soumis à certaines conditions en termes d’installation et de maintenance.
Maintenance de l’antigel glycol
Une installation sous antigel glycol doit obligatoirement faire l’objet d’une vérification annuelle.
Le vérificateur ou le service de maintenance doit vidanger le poste et contrôler le pH du produit. Il doit aussi contrôler son point de congélation prédéterminé en fonction de la température minimale prévue de la zone. Ceci afin de vérifier si le produit dans les réseaux est toujours conforme au produit d’origine.
Le pH doit se situer entre 7,5 et 8,5 pour être conforme. En-deçà et au-dessus, un risque de corrosion et d’embouage du réseau se pose. Toutefois, les produits antigels actuels sont prévus pour éviter ces phénomènes d’embouage et de corrosion.
Préservation de l’environnement
Lorsqu’un antigel glycol doit être remplacé, l’ensemble du produit doit être récupéré dans le réseau, y compris les points bas et les points de vidange, avant de le faire détruire par une société agréée. Ce qui doit être justifié par un bon de suivi de destruction.
L’autre inconvénient du glycol est, qu’en cas de déclenchement des sprinkleurs, de grandes quantités de glycol peuvent se déverser et s’écouler dans les eaux superficielles ou vers la station d’épuration (Step). Ce qui entraîne ainsi d’importantes pollutions et des dysfonctionnements de la Step.
C’est pourquoi, il est nécessaire de prévoir l’utilisation du glycol uniquement dans les zones sensibles au gel. Avec un écoulement/évacuation de l’eau, après déclenchement, vers le réseau ou la mise en place d’une réserve de récupération des eaux d’extinction.
Liquide combustible
En outre, le glycol est un liquide combustible. En fonction de son pourcentage de mélange, il existe un risque d’inflammation lors du déclenchement de la tête de sprinkleur.
« Le glycol est combustible en fonction de sa pulvérisation, explique David Duot, responsable technique au service sprinkleurs de CNPP. Sur des installations de type ESFR (Early Suppression-Fast Response), c’est-à-dire de surpression, l’antigel glycol est interdit (il a été accepté jusqu’au référentiel APSAD R1 de 2008). Ceci en raison des fortes pressions sur les premiers sprinkleurs ouverts avec un phénomène de pulvérisation de l’eau glycolée. En fonction de l’état de division du combustible, il peut s’enflammer. »
C’est pourquoi, certains référentiels étrangers ont interdit le glycol dans les installations ESFR début 2012 et restreint l’usage de cet antigel dans des quantités limitées. La concentration du glycol ne doit pas dépasser 50 %.
Essais sur une installation sous glycol dans un entrepôt de stockage
Cependant, des essais ont été réalisés en novembre 2020 à CNPP à la demande de France Assureurs (ex-Fédération française des assurances). L’objectif était de déterminer si le glycol, contenu dans le réseau d’eau à un taux de concentration de 51 %, pouvait s’enflammer et jouer un rôle dans le développement d’un éventuel incendie.
L’essai, en situation réelle, s’est déroulé dans un entrepôt de stockage de plastiques non expansés encartonnés sur une hauteur de quatre mètres.
Une inflammation de quelques millièmes de secondes a pu être observée à l’ouverture des premières têtes de sprinkleurs en raison des fortes pressions. Cependant, les températures ainsi que la hauteur des flammes ont rapidement baissé.
L’essai a confirmé que dans certaines conditions de stockage, de hauteur et de proportion de glycol mélangé à l’eau, « ce système de protection mis en place est fiable et permet un bon contrôle du feu », selon les conclusions de France Assureurs.
Essai d’extinction sprinkleurs sur un stockage de plastique non expansé encartonné (K115 en toiture avec antigel à base de propylène glycol), réalisé le 18 novembre 2020 par CNPP pour le compte de France Assureurs.
Extrait de l’article du n° 579 de Face au Risque : « La protection hors gel des installations sprinkleurs » (février 2022).
Valérie Dobigny – Journaliste
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