L’incendie du tunnel du Saint-Gothard, il y a 20 ans
Le tunnel routier du Saint-Gothard en Suisse a été le théâtre d’un grave incendie le 24 octobre 2001. Retour sur cet accident qui a fait 11 morts.
Deux camions entrent en collision
Le tunnel routier du Saint-Gothard, dans les Alpes suisses, est un tube à double sens de 16,9 km de long, en service depuis 1980.
Il est 9 h 30 ce mercredi 24 octobre 2001 lorsqu’un camion se met à zigzaguer à environ 1 km de la sortie sud. Il heurte la paroi du tunnel puis entre en collision avec un autre camion chargé de pneus qui arrive en sens inverse. Les deux véhicules prennent feu et un énorme nuage de fumée se développe, réduisant rapidement la visibilité.
Puis, du carburant enflammé s’écoule. Il embrasera cinq autres camions.
Les caméras de surveillance et une alarme alerte le PC de sécurité côté sud. La ventilation est activée au maximum de sa capacité et les entrées du tunnel sont stoppées.
Les secours stoppés par le brasier
Très rapidement, les pompiers internes arrivent en 5 minutes, aidés bientôt par les premiers secours extérieurs.
Du côté de l’entrée sud, « l’intervention rapide et massive des secours dans le sens du tirage » peut s’effectuer, relate René Dosne dans Face au Risque n° 379. Mais côté nord, les pompiers sont stoppés à 1,5 km du brasier.
Des véhicules sont abandonnés par leurs occupants qui se sauvent par le tunnel de secours via des sas présents tous les 250 m. Ils sont pris en charge par le Poste médical avancé et, pour certains, transférés vers les hôpitaux. D’autres, par manque de temps ou se croyant à l’abri dans leur voiture, n’auront pas cette chance et périront dans leur véhicule ou « à quelques mètres d’un sas de secours », poursuit René Dosne.
Dans le tunnel, la chaleur est si intense au niveau de l’incendie que la voute s’écroule sur 150 m environ, stoppant la progression des pompiers.
Les issues de l’actuel tunnel de Saint Gothard – Photo prise en mai 2013.
Un lourd bilan suite à l’incendie du tunnel du Saint-Gothard
Ce n’est que vers midi le lendemain que le feu est quasiment éteint.
Le vendredi, la voûte est étayée et le décompte des victimes effectué : onze morts, dont le chauffeur du camion à l’origine du drame, et une trentaine de blessés. La plupart des victimes ont été intoxiquées par les fumées.
Deux mois de travaux de remise en état
Durant deux mois, le tunnel est fermé à la circulation pour travaux. Les mesures de sécurité sont renforcées : vidéosurveillance, éclairage, ventilation, signalisation… En outre, un système de comptage limite le trafic à 1 000 véhicules par heure.
Le coût des réparations s’élève à 14 M de francs suisses (12,9 M€).
À noter que ce terrible incendie intervient un an et demi après celui, non moins terrible, du tunnel du Mont Blanc (24 mars 1999). Il avait tué 39 personnes (lire Face au Risque n° 550, mars 2019).
Le centre de contrôle du portail nord du tunnel du Saint-Gothard – Photo prise en 2014.
Un tout nouveau tunnel en construction
Mais le danger présenté par le caractère bidirectionnel de ce tunnel reste entier. En outre, des travaux importants d’assainissement doivent être effectués. Ainsi, le creusement d’un second tunnel est envisagé. Ce projet est approuvé par le Conseil fédéral (organe exécutif de la Suisse) en 2012, puis par les électeurs suisses en 2016.
En construction depuis 2020, ce n’est qu’après la mise en service de ce nouveau tube, prévue en 2029, que la réfection de l’actuel tunnel sera entamée. La nouvelle galerie sera quasiment parallèle à la première et distante de celle-ci d’environ 70 mètres.
L’ensemble comprendra donc à terme deux tubes, chacun ayant son propre sens de circulation et sa bande d’arrêt d’urgence. Entre les deux tubes, une galerie de service, disposant de son propre système de ventilation, servira également d’issue de secours avec 68 liaisons piétonnières. Une surpression de cette galerie par rapport aux deux tubes routiers est prévue pour éviter toute intrusion de fumée ou de gaz.
L’éclairage des entrées, des voies de circulation, des issues de secours sera renforcé et un système de guidage optique des voies d’évacuation mis en place.
La limite actuelle de 1 000 voitures et maximum 150 camions par heure et par sens restera en vigueur lorsque les deux tubes seront opérationnels, conformément à la loi fédérale sur le transit routier dans cette région alpine.
Le coût des travaux est estimé à 2,14 milliards de francs suisses (1,97 Mds €).
L’impact sur l’environnement
Le creusement du nouveau tunnel génèrera 7,4 millions de tonnes de matériaux d’excavation. L’Office fédéral des routes (Ofrou), qui gère le projet, assure que ces matériaux seront réutilisés « autant que possible » : nouveaux matériaux de construction, remodelage du terrain, couverture de l’autoroute, renaturation du lac d’Uri…
L’organisme estime que seulement 200 000 tonnes non réutilisables iront en décharge.
Article extrait du n° 576 de Face au Risque : « Sûreté des chantiers » (octobre 2021).
Martine Porez – Journaliste
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