Gestion des risques. Bilan mitigé pour la France sur l’indice de résilience FM Global 2021

23 juin 20218 min

FM Global a récemment dévoilé son « Indice de résilience 2021 ». Ce classement compare 130 pays sur leur capacité à gérer les risques auxquels ils sont exposés. Classée 19e, la France perd 5 places par rapport à la précédente édition.

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Le classement le plus bas depuis 3 ans

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Ce chiffre représente le classement de la France dans l’étude « Indice de résilience FM Global 2021 ». Cet indice s’appuie sur 3 facteurs (économique, qualité risque et supply chain), qui s’appuient pour leur part sur 4 indices.

Avec un score de 89.3 sur 100, il s’agit par ailleurs d’un des scores les plus bas pour la France sur les 5 dernières années.

Cela représente une perte de 1.4 point par rapport au classement 2020 (14e avec un score de 90.7)… 0.8 point par rapport à 2019 (14e, avec un score de 90.1) ou encore de 1.7 point par rapport à 2017 (13e avec un score de 91 sur 100).

Seul le classement 2018 (19e avec un score de 89.1) est moins bon que celui de cette année 2021.

À noter que les 8 premiers de ce classement 2021 sont des pays européens… Comme cela est finalement très souvent le cas depuis 2017.

Le Danemark (avec un score de 100 points sur 100), la Norvège (98.1) et le Luxembourg (96.7) sont sur le podium de cette édition 2021.


En progression sur le facteur économique

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Il s’agit du classement de la France (sur 130 pays) pour le facteur « économique » de cette étude « Indice de résilience FM Global 2021 ».

Ce facteur économique, qui « représente les influences politiques et macroéconomiques sur la résilience », s’obtient en combinant les scores de 4 indices :

  • La productivité, qui représente la qualité du pouvoir d’achat moyen dans chaque pays en se reposant sur le produit intérieur brut (chiffres du Fond monétaire international) ;
  • Le risque politique (en s’appuyant sur les probabilités de la Banque mondiale que le gouvernement du pays concerné soit « déstabilisé ou renversé par des moyens inconstitutionnels ou violents, y compris la violence à motivation politique et le terrorisme ») ;
  • L’intensité pétrolière, indice s’appuyant sur les chiffres de l’Agence d’information sur l’énergie et regroupant « la vulnérabilité du pays à faire face à un choc pétrolier (pénurie, perturbation, hausse des prix) ; la consommation d’essence divisée par le PIB et la dépendance au pétrole pour la productivité du pays » ;
  • Le taux d’urbanisation, basé sur « le taux de variation annuel de la population d’un pays vivant en zone urbaine » (selon les rapports des Nations Unies).

Pour la France, il s’agit de son meilleur classement depuis 2019 (28e également) sur ce facteur économique. En 2020, elle était 31e (38e en 2018 et 27e en 2017).

C’est cependant la première fois que la France obtient un score aussi élevé (69.4 sur 100) pour ce facteur. Soit un gain de 7.5 points en un an. Même avec sa 27e place en 2017, son score ne s’élevait alors qu’à 56.5.

Ce facteur économique est dominé par trois pays européens : le Luxembourg (100 points sur 100), l’Irlande (96.3) et la Suisse (95.6).


Une régression sur le facteur qualité risque

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C’est le classement occupé par la France sur le facteur qualité du risque (avec un score de 90.8 points sur 100). Soit une baisse de quatre places sur un an (et de 4.2 points).

Le facteur de qualité du risque mesure le risque relatif de propriété commerciale et industrielle à travers les pays. Il comprend trois indices provenant de FM Global (exposition aux risques naturels, qualité des risques naturels et qualité des risques d’incendie) et une quatrième comprenant le cyber-risque inhérent à un pays :

  • L’exposition aux risques naturels : calculé sur « le pourcentage de la superficie d’un pays consacré aux activités économiques qui sont exposées à au moins un aléa naturel : vent, inondation ou tremblement de terre » ;
  • La qualité des risques naturels : calculé sur « la qualité et l’application des règles du code du bâtiment d’un pays en ce qui concerne la conception de résistance aux risques naturels (80 %), combiné avec le niveau d’amélioration des risques d’aléas naturels atteint, compte tenu du risque naturel inhérent risques dans un pays (20 %) ».
  • La qualité du risque incendie : calculé sur « la qualité et l’application des règles du code du bâtiment d’un pays en ce qui concerne les types d’incendie (80%), combiné avec le niveau d’amélioration du risque incendie obtenu, compte tenu du risque incendie inhérent à un pays (20 %) ».
  • Le cyber-risque inhérent : calculé sur « la vulnérabilité face à une cyberattaque combinée avec la capacité du pays à s’en remettre ; le taux de pénétration d’internet (le pourcentage des individus qui ont accès à Internet dans un pays) et les libertés civiles ». Cet indice se base sur les rapports de l’organisation non-gouvernementale Freedom House.

Sur la qualité du risque incendie, la France se classe 16e avec un score de 88 points sur 100. Elle se maintient sur les 5 dernières éditions (variant entre la 19e et la 16e place). Les États-Unis (100 points), Singapour (99.9) et le Canada (97.5) occupent les premières places.


Le « cyber-risque inhérent » à relativiser

84

S’agissant du cyber-risque inhérent, la France ne se classe que 84e sur 130 avec un score de 55.9 points.

Si la position sur cet indice est plutôt médiocre, elle est néanmoins à relativiser : plus la population au sein d’un pays a accès à Internet, plus le nombre de connexions est élevé… Et plus la part d’exposition du pays aux cyberattaques est importante (puisque chaque connexion est une fenêtre de tir potentielle pour les cybercriminels).

Exemple rapide : si dans deux groupes de 100 individus chacun, 5 personnes ont accès à Internet dans le premier et 80 dans le second, même en étant mieux équipé pour faire face aux cybermenaces, le second groupe sera potentiellement plus exposé que le premier puisque le nombre de personnes connectées (et donc pouvant être visées par une cyberattaque) est plus important.

En terme de comparaison avec deux autres pays dont les populations ont facilement accès à Internet, les États-Unis n’apparaissent qu’à la 50e place de ce classement et le Royaume-Uni qu’au 63e rang… Ils restent tout de même bien mieux classés que la France grâce à un meilleur bilan sur les autres critères qui composent cet indice « cyber-risque inhérent.


La France se maintient sur le facteur supply chain

17

Soit la position occupée par la France sur le facteur supply chain (avec 84.8 points). Sur les 5 dernières années, la France se maintient en oscillant entre la 19e et la 17e place.

Comme les précédents, le facteur supply chain est également calculé en se basant sur 4 indices :

  • Le contrôle de la corruption : basé sur les indicateurs chiffrés de la Banque mondiale, il s’agit de « la mesure dans laquelle le pouvoir public est exercé à des fins privées, y compris les formes de corruption petites et grandes, ainsi que la capture de l’État par les élites et les intérêts privés ».
  • La qualité des infrastructures : ou « la qualité générale des infrastructures liées au transport, la téléphonie et l’énergie », basée sur des rapports du Forum économique mondial.
  • La gouvernance d’entreprise : ou « la force des normes d’audit et de comptabilité, la réglementation des conflits d’intérêts et la gouvernance actionnariale ». Le classement de cet indice se base aussi sur les rapports du Forum économique mondial.
  • Et la transparence de la supply chain du pays : ou sa « capacité à pouvoir suivre et tracer les envois tout au long de la chaîne d’approvisionnement ». Là encore FM Global s’appuie sur des indicateurs de la Banque mondiale.

Concernant la qualité des infrastructures, la France se classe en 9e position (avec 91.7 points sur 100). Un rang qui reste constant au fil des années (8e ou 9e depuis 2017) et qui souligne de manière positive le dynamisme français dans cette catégorie.

Quant à la visibilité de la supply chain, là encore la France se maintient avec une 14e place (comme depuis 2019) et un score global de 86.3 points.

À noter enfin que sur l’indice « gouvernance d’entreprise », la France n’a pas su rattraper sa chute de 2020. Elle se classe une nouvelle fois 35e, avec un score identique de 77.5 points… Elle occupait pourtant le 20e rang en 2019 (avec 80.2 points).

En résumé sur le facteur supply chain, Singapour (100 points) et Hong Kong (94.5) trustent les premières places du podium. Le Danemark (91.4 points) prend la 3e place.


Les conclusions de FM Global sur l’indice de résilience 2021 de la France

« La France perd 5 places au classement général, passant du 14e au 19e rang de l’indice 2021. Le pays conserve néanmoins d’excellents résultats qui ne peuvent que l’avantager dans la gestion de la crise sanitaire Covid-19.

Elle performe ainsi en matière de qualité des infrastructures (9e) et de transparence des chaînes d’approvisionnement, deux critères logistiques essentiels dans le contexte d’une crise dans lequel l’acheminement de biens, services et soins est devenu primordial.

Toutefois, le score global de la France est plombé par plusieurs indicateurs tels que la lutte contre la corruption (21e), la gouvernance d’entreprise (35e), l’exposition aux risques naturels (45e) et le cyber-risque inhérent (84e).

En termes de score global, la France se classe loin derrière certains de ses voisins européens tels que le Luxembourg (3e) l’Allemagne (4e) ou l’Irlande (11e) et reste également en retrait par rapport à d’autres pays ne faisant pas ou plus partie de l’Union européenne, à l’instar de la Suisse (5e) et le Royaume-Uni (10e). Les pays du sud de l’Europe tels que l’Espagne (21e) et le Portugal (27e) restent cependant derrière la France. »

En savoir plus

« L’indice de résilience FM Global 2021 » est disponible dans sa version intégrale en cliquant sur ce lien.

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Eitel Mabouong – Journaliste

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